Le groupe allemand Bayer va supprimer la marque Monsanto dès qu’il aura finalisé le rachat du géant américain des OGM et des pesticides, faisant ainsi disparaître un nom synonyme pour ses détracteurs des dérives de l’agrochimie.
« Bayer demeurera le nom de l’entreprise. Monsanto, en tant que nom d’entreprise, ne sera pas maintenu », a annoncé lundi le spécialiste allemand de la pharmacie et de l’agrochimie, qui compte boucler l’opération ce jeudi.
Le futur ensemble a beau conserver ses produits phare, dont l’herbicide au glyphosate commercialisé sous la marque « Round Up », il se déleste avec « Monsanto » d’un terme qui cristallise depuis des décennies les protestations des défenseurs de l’environnement. Bayer met en revanche en avant l’attachement des agriculteurs et professionnels aux marques comme Dekalb (semences de maïs, colza), Seminis (semences potagères) ou De Ruiter (semences potagères), qui ne seront donc pas rebaptisées.
Agriculture intensive
Par ce toilettage a minima, le groupe allemand s’efforce de prendre ses distances avec l’image sulfureuse de sa cible, honnie des organisations paysannes comme des écologistes. Monsanto a aussi été mêlée à une litanie de procédures judiciaires autour de scandales sanitaires et de nuisances à l’environnement.
Mais sur le fond, Bayer prend le plus grand pari de son histoire en avalant le groupe de Saint-Louis pour près de 63 milliards de dollars, un montant sans précédent pour une acquisition d’un groupe allemand à l’étranger – dans le but de faire grossir sa branche agrochimie, second pilier du groupe après la pharmacie. En annonçant ce mariage géant en mai 2016, Bayer tablait sur la nécessité d’une agriculture plus intensive, puisque la planète devrait compter près de dix milliards d’habitants en 2050 sans que les terres arables ne puissent être étendues dans les mêmes proportions.
Glyphosate menacé
Avec cette fusion, Bayer va mettre la main sur le glyphosate, herbicide controversé dont le caractère cancérogène fait l’objet d’études contradictoires. Le gouvernement français s’est récemment engagé à cesser d’utiliser cette substance d’ici 2021, sans pour autant inscrire l’interdiction dans la loi.
« Nous allons écouter ceux qui nous critiquent et travailler ensemble », mais « le progrès ne doit pas être stoppé en raison d’un renforcement des fronts idéologiques », a déclaré lundi Werner Baumann, PDG de Bayer.