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Quand l’art pousse le marché en vous rendant visible l’invisible

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« Le plus pêché du monde moderne c’est le refus de l’invisible » disait déjà Julien Green. Rien d’anodin dans cette phrase qui résonne fortement aujourd’hui avec le retour à la quête de sens, le besoin de ralentir pour mieux faire, créer … le détachement inexorable et salutaire envers une société de sur-consommation obsolète et totalement inadaptée à notre changement d’époque et ses valeurs modernes.

Photo : Le saut dans le vide (The leap into the void) 5 rue Gentil-Bernard / Fontenay aux Rose, 1960 – Oct. 23, Paris

Rien d’étonnant d’ailleurs que l’art – et je vous rappelle que l’art est un miroir de notre époque – cherche désormais à rendre visible l’invisible ! Une façon loin de la starisation de l’art de lutter à sa manière contre les excès du marché. Chemin faisant, l’art pousse à nouveau le social au cul dirais-je et c’est tant mieux. Les performances d’artistes dans le monde entier incarnent de plus en plus un néo militantisme dans tous les domaines défaillants de notre économie et société. Les Pussy Riot russes condamnées à deux ans de prisons en Russie s’inscrivent dans ce mouvement !

Sur cette ligne clairvoyante de l’invisible et des empêcheurs de tourner en rond, je vous invite à lire l’article de ce week end de Madame Figaro sur les artistes sans œuvres dont voici un extrait. Quand l’art se réveille et lutte contre l’entropie, j’aime. Sans doute devenons « faire notre saut dans le vide » comme le fit Klein dès 1960 !  © Extrait de l’article du Figaro Madame « Artistes sans œuvre » par Patricia Boyer de Latour.

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Jean-Yves Jouannais, Tino Sehgal, Claude Rutault, Bertrand Lavier, Michel Blazy : les expériences artistiques immatérielles ou éphémères de cinq artistes contemporains

L’art contemporain se porte bien : les prix explosent. Une œuvre est-elle forcément un objet de valeur mercantile ? Entre provocation et humour, ils sont quelques-uns à répondre par des expériences artistiques immatérielles ou éphémères. Une autre façon de percevoir le monde, qui n’est pas vide de sens.

Du vent ? Oui, du vent. C’est ce que l’artiste Ryan Gander, qui entend « rendre l’invisible visible », propose dans le cadre de la treizième édition de la dOCUMENTA de Kassel. Un vent froid et fort qui dérange et balaie tout sur son passage. Comme s’il fallait purifier l’air qui souffle sur l’art contemporain ? Entre sidération et perplexité, les spectateurs ont tout le loisir de se poser des questions. Qu’est-ce qui fait œuvre ? Quel est le statut de l’artiste dans une société d’hyperconsommation ?

Ryan Gander n’est pas le seul à vouloir décoiffer la tribu arty. À Londres s’est tenue récemment une exposition à la Hayward Gallery où il n’y avait rien à voir. Invisible: Art About The Unseen 1957-2012. Avec des œuvres de Maurizio Cattelan exposant un certificat de vol d’une de ses œuvres invisibles et de Gianni Motti présentant des dessins « à l’encre magique » disparus aussitôt que réalisés.

Reste que devant la multiplication des foires d’art contemporain, le turn-over des artistes émergents, l’engouement des collectionneurs qui en veulent toujours plus et la starisation du milieu, la question du vide – à vendre ou non – et de l’attitude de l’artiste face au marché de l’art est plus que jamais d’actualité. Et là, on ne rit plus.

Rien, c’est déjà beaucoup

« Alors que le marché de l’art est plus fort que jamais, que les prix n’ont jamais été si hauts, l’art vivant, éphémère, tient de plus en plus de place dans la création contemporaine, constate Bernard Blistène, directeur du Nouveau Festival, au Centre Pompidou. Il s’agit de lutter contre l’emprise du marché qui réduirait l’art à une stricte valeur d’échange. L’art ne se résume pas à des objets, il est là pour questionner le monde. Et c’est à partir de ces expériences radicales que cela est possible. »

À Paris donc, avec Bernard Blistène et son Nouveau Festival, à New York avec Roselee Goldberg et son Performa, à Londres, cet été, avec des performances qui mêlent chorégraphie, rhétorique et « situations » à interpréter dans le cas de Tino Sehgal, sous la houlette de Chris Dercon et de ses Tanks de la Tate Modern.

« Ne travaillez jamais » !

La célèbre formule de Guy Debord pourrait s’appliquer à tous ces francs-tireurs de l’art qui, par leurs attitudes, questionnent les formes artistiques autant que la société où chacun est sommé d’être productif. Ils ne se regroupent pas. Leurs pratiques sont disparates et tous entendent nous faire réfléchir à la nature de l’art aujourd’hui. Mais quel lien entre Bertrand Lavier, Claude Rutault et Michel Blazy ?

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Le premier suggère en superposant des objets du quotidien, le deuxième les efface, le troisième observe la mutation que le temps opère sur ses compositions périssables. C’est un état d’esprit. Aux « salariés surmenés du vide » dénoncés par Debord, ils opposent leurs positions de « viveurs d’instants », selon la formule de Jean-Yves Jouannais. Faux paresseux, vrais empêcheurs de créer en rond, ces nouveaux dandys réinventent une autre manière d’être et de voir le monde. Vive l’expérience, assez de produits ! À bas le rendement, salut à l’artiste ! Libre à chacun de prendre le temps de sentir ce qu’ils cherchent à nous dire chacun à leur façon.

dOCUMENTA, à Kassel, en Allemagne, jusqu’au 16 septembre. http://d13.documenta.de

The Unilever Series: Tino Sehgal 2012, Tate Modern, Bankside, Londres, jusqu’au 28 octobre. www.tate.org.uk

Article complet Figaro Madame : http://madame.lefigaro.fr/art-de-vivre/artistes-sans-oeuvre-260812-274056

Article Maryline Passini /  blog Proâme

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