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La chambre des mémoires à-venir : sous la dalle de Paris La Défense

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Du 16 septembre au 1er octobre 2023, Paris accueille la première mondiale de La Chambre des mémoires à-venir. Deux partenaires, Mondes nouveaux et Paris La Défense, sont réunis pour offrir au public une expérience inédite : la découverte d’un monde complexe où l’on est invité à se perdre ou se trouver, pour une durée de 30 minutes, dans les sous-sols interdits de Paris La Défense.

La chambre des mémoires à-venir est conçue par l’architecte François Roche qui réunit avec New-Territories une équipe pluridisciplinaire et internationale : le philosophe Emanuele Coccia (France) & l’artiste Mika Tamori (Japon/Thaïlande), l’artiste-réalisateur Chris Delaporte (France), l’artiste-chercheur Damien Sorrentino (France) et l’actrice Laura Benson (Royaume-Uni/France).

Signalant le retour de New-Territories_S/her en Europe, en France, à Paris, La Chambre des mémoires à-venir est l’une des ultimes occasions de plonger, sous la dalle de Paris La Défense, dans ces lieux prohibés, programmés pour être re-structurés.

L’expérience d’un rétrofutur archéologique

La Chambre des mémoires à-venir est immersive & performative — philosophique et technologique, scientifique et psychologique, cinématographique et théâtrale — vivante, visuelle et architecturale.

La Chambre des mémoires à-venir s’éprouve, se vit, se joue, se ressent, se construit et se déconstruit. C’est cette métamorphose qui est proposée à Paris, dans les espaces intermédiaires / interstitiels sous la dalle de Paris La Défense.

Le temps unique de l’événement, ces sous-sols interdits s’ouvrent, pour devenir l’antre où surprendre les bribes d’une conversation, d’une dispute, d’une controverse polyphonique et caverneuse mise en mots et en scène entre un philosophe et un architecte qui confient à des entités paréidoliques et cosmiques ce qui se chuchote concernant le devenir du monde dans un ailleurs temporel.

Un rétrofutur archéologique qui nous regarde nous débattre dans le fatras de l’ici-et-maintenant.

François Roche, La Chambre des mémoires à-venir / New-Territories © New-Territories

« Ici, demain, déjà là-bas »

Les mots d’Emanuele Coccia, les avatars holo-cosmosgraphiques développés avec la collaboration de Chris Delaporte invoquent des glitches cérébraux paréidoliques, les gribouillages live invisibles de Mika Tamori se révèlent par intermittences, comme des spasmes.

« Il nous semble plausible de conjuguer un récit au futur antérieur, au sens littéral, de regarder un demain, un demain juste devant nous (celui qui nous effraie et que nous ne cessons de caresser) où l’espèce (la nôtre et toutes celles sur cette planète) aura muté, à la fois humaine et technoïde, végétale et cérébrale, chrysalide et chimère darwinienne. Des créatures post-pariétales se donnent le droit de spéculer sur l’hypothèse d’une nouvelle branche de l’évolution. Puis une remontée à la surface, dans la psyché d’une ”blue pill” » New-Territories_S/he

Pour Emanuele Coccia, « Déjouer la relation avec un passé individuel ou collectif [···] Supprimer l’illusion de nécessité qui nous lie à un passé d’espèce biologique. Pouvoir faire (re)vivre un site comme une chambre d’enfance encore enceinte de futurs qui n’ont pas (encore) décliné dans le présent. Pouvoir briser l’évidence avec laquelle nous considérons notre nature d’Homo sapiens comme un trait nécessaire. [···] Une expérience qui libère la vie de toute espèce de l’histoire et l’invite à un exercice d’imagination dans lequel tout doit encore arriver. »

Scénario (par Emanuele Coccia et Francois Roche)

Deux fragments s’entrelacent à distance, pour une même intention. Cette bipolarité est le nœud de notre candidature…

Emanuele Coccia : Cela se produit parfois lorsque nous revoyons après des années la pièce où nous jouions quand nous étions enfants. Nous ne sommes pas seulement accablés par une série de souvenirs doux-amers. C’est avant tout la nostalgie d’un temps qui n’est ni passé ni futur et qui n’a jamais vraiment pu décliner dans le présent. Chaque objet, du lit aux vieux jouets enfermés dans une malle, des posters accrochés aux murs aux livres que nous avons lus et jamais rouverts, semble chargé d’une série de futurs imaginaires que nous avons parfois cultivés, parfois juste entrevus et jamais réalisés. Notre position ainsi que celle de la pièce qui nous accueille est donc doublement paradoxale. C’est comme si la continuité temporelle avait été rompue. La multiplication des futurs fait de nous l’une des alternatives possibles auxquelles cette pièce aurait pu donner naissance. Mais l’inverse est également vrai : cette pièce n’est plus le passé exclusif qui a conduit à ce que nous sommes. C’est une mère partagée avec des frères infinis. Même le passé prend le caractère d’une alternative, et le lien d’intimité immédiate que nous ressentons devant une photo d’enfance semble s’effilocher. Pendant un instant, nous sommes un futur alternatif face à un passé alternatif.

L’art et l’architecture du futur devraient tenter de reproduire cette double rupture dans l’automatisme de reconnaissance qui lie passé et futur dans une relation exclusive devant les monuments historiques. Plutôt que de les inscrire dans une logique patrimoniale qui renforce l’illusion identitaire, elle doit chercher à libérer le passé, le présent et le futur de toute possibilité de raconter une histoire unique qui reproduit la certitude douloureuse et futile d’appartenir aux vaincus ou aux vainqueurs. Le passé ne devient inclusif que lorsqu’il devient une possibilité alternative. L’entretien des monuments devrait devenir une sorte de futurisme archéologique.

Pour les sites préhistoriques, les enjeux sont doublés. Il ne s’agit pas seulement de déjouer la relation avec un passé individuel ou collectif. Il s’agit de supprimer l’illusion de nécessité qui nous lie à un passé d’espèce biologique. Pouvoir faire revivre un site préhistorique comme une chambre d’enfance encore enceinte de futurs qui n’ont pas (encore) décliné dans le présent, c’est pouvoir briser l’évidence avec laquelle nous considérons notre nature d’Homo sapiens comme un trait nécessaire. Face à ces artefacts dans lesquels la culture de notre espèce ne se distingue pas de celle de n’importe quelle autre espèce, il est possible d’évoquer une expérience qui libère la vie de toute espèce de l’histoire et l’invite à un exercice d’imagination dans lequel tout doit encore arriver.

Francois Roche_S/he :  Nous vous proposons d’investir une zone du temps, un futur archéologique, sur les lieux mêmes où les indices de ces temporalités agissent comme autant de points aveugles, perçus ‘’ni d’où l’on vient, ni de là où l’on va’’. Et c’est ce paradoxe qu’il nous intéresse de rendre visible, via l’une des grottes de la vallée de la Vézère.

Il nous semble plausible de conjuguer un récit au futur antérieur, au sens littéral, de regarder un demain, un demain juste devant nous (celui qui nous effraie et que nous ne cessons de caresser) où l’espèce (la nôtre et toutes celles sur cette planète) aura mutée, à la fois humaine et technoïde, végétale et cérébrale, en coexistence, codépendance, où le singulier et la multitude ne sont pas déclarés antagonistes…de conjuguer, donc, un récit au futur antérieur afin de regarder ‘’ce demain déjà aujourd’hui’’, ‘’Tomorrow now in English’’, d’un point de vue spéculatif…retro-archéologique ; l’Après-Demain sur les traces d’un demain, dans une cavité (pré)historique, là même où la distance aux temps, inversés et différés, nourrit sa légitimité projective (la Vallée de l’art pariétal).

Il s’agit de mettre en place un (des) dispositif(s) propre à disséquer ce que nous percevons déjà comme l’aube d’un passage, d’un « chemin aux sentiers qui bifurquent » ou notre transformation, hybridation, créolisation deviennent ontologiques, où l’être et la machine (de celle dite ‘Célibataire’, ‘désirable’ jusqu’aux AI), où l’animisme et le vitalisme, où la flèche du temps et son immobilité, constituent et alimentent les pulsions de vie _ Eros et Thanatos en frère siamois, réconciliés.

Vous pouvez vous douter qu’il ne s’agit pas de l’une des variations évolutionnistes de l’Homo Sapiens, mais bien d’une nouvelle branche, née de la « domestication de l’être », croisement d’artifices technologiques, de fragilités humaines, de nature vulnérable, au temps de l’anthropocène. Ni anticipation, ni prospective, mais un point spéculatif, tendre, timide, littéraire et cognitif. Une zone immersive de contact médiumnique, « pour faire voir non l’invisible, mais faire voir combien est invisible, l’invisibilité du visible… » où se dénouent les formes et les enjeux de l’espace dont celui du vivre ensemble, où la fiction est nue, sans vérité ni théâtre…comme un murmure qui vient du dehors.

Ce dehors temporel sera notre trou de souris, celui de la serrure, a posteriori, voyeur de notre métamorphose en devenir, et, non sans contradiction, à même de l’influencer rétrospectivement. Dans cette hétérotopie du temps et de l’espace, dans les fissures de la grotte, les fictions autoréalisatrices se faufileront, re-nouant notre relation à l’ici et maintenant. De celle de Platon…

Les dispositifs seront critiques, résistant à leurs propres fantasmes projectifs, jamais techno-fétichistes, mais flirtant avec l’alchimie, la ‘pataphysique… Dans un premier temps via cette équipe Bicéphale avant de s’ouvrir à d’autres … La grotte sera choisie parmi celles préexistantes (sans occupation préalable) ou, pourquoi pas excavée, si cela est envisageable (selon accès, superficie, morphologie, adéquation au scenario).

Les procédés de ‘’mise en contact’’ seront suggestifs (pareidolie, logique floue, images neuronales, dualité onde-corpuscule, holographies chimériques), littéraire (mode catatonique, binaire, phono-idéographique…et chuchotements polyphoniques d’une tour de Babel). Une re-scénarisation d’une partie des dispositifs, pourrait être ritualisée, à échelonnages séquentiels et avec des collaborations ouvertes…c’est la nature de cet « open source », d’offrir les traces d’un souvenir du futur…elles-mêmes en devenir…

”la Chambre des Mèmoires à-Venir” – (En 2023 _ Son adaptation dans les sous-sols de La Défense) – Quadrilogue au présent – Où sommes-nous ?

Emanuele Coccia : Mais surtout dans quelle étrange période de temps nous nous trouvons ? N’est-ce pas la question que nous nous posons chaque matin, dès que nous nous réveillons ? Cette question n’a rien de psychologique. Elle n’exprime pas un malaise éphémère. Si nous la posons, c’est parce que la vie qui nous anime, ne coïncide jamais parfaitement avec le temps qui l’entoure. Tout réveil est la coïncidence de la projection en avant d’une vie très ancienne et du souvenir d’un futur dont nous ne savons presque rien. Tout réveil est le collapse du futur dans un passé arbitraire.

Toute vie a cette structure temporelle paradoxale. Nous avons tous et toutes hérité d’une vie plus ancienne, qui a le même âge que la Terre, et même au-delà. Toute naissance donne à chaque vie une seule et même vie. C’est la même vie que LUCA (Last Common Unique Ancestor), le premier ancêtre commun, qui dans le temps a seulement changé ses vêtements. C’est la même vie de la matière qui est aussi dans le corps de tout objet autour de nous. Nous sommes faites de la même chair de Gaïa, qui est là depuis toujours, avant même que la vie commence. De ce point de vue, la vie est toujours retour d’une préhistoire immémoriale. C’est pour cela qu’elle a toujours du mal à s’articuler dans le présent. D’autre part, cette vie préhistorique est capable de traverser n’importe quelle époque, de dire « moi » à tout moment. Elle n’est pas seulement préhistorique, elle est aussi, par le même geste et le même souffle, post-historique. Toujours au-delà et en deçà d’elle-même. Car elle a déjà commencé demain.

Être dans le temps signifie toujours se trouver dans ce vertige chronologique. Et c’est précisément à cause de cela que le premier être vivant en nous est capable de vivre maintenant : il est à la fois préhistoire et hyper-futur. Nous sommes porteurs d’une vie qui est déjà projetée dans un futur absolu, au-delà de nous. La vie est cette coïncidence entre la préhistoire et le futurisme. La vie condense et défait toute chronologie, réunit la technologie et la géologie. Elle le fait en donnant à cette vie deux fonctions-faces.

Ce sont deux créatures et deux aspects de la vie qui se rencontrent. Petrophytis et Petrogaia. Nous savons très peu de choses sur l’une ou l’autre. La première est une créature qui mélange dans son corps le monde minéral et celui végétal. Elle inverse le dynamisme entre le sol et la plante : elle est une plante qui devient sol en permanence et qui, à partir de ce sol, redevient plante. Elle est l’acte même par lequel l’énergie solaire anime le squelette minéral de la terre. Et à l’inverse, le moment où la pierre s’empare à nouveau du soleil pour le capturer et le faire taire. Elle est très vieille et androgyne. Elle couve en son sein plusieurs personnalités et plusieurs voix sortent d’elle. Parfois ces voix disent la même chose, parfois elles se chevauchent et on ne comprend pas vraiment ce qu’elle dit.

La deuxième Photogaia, est une sorte de soleil pétrifié : une pierre qui n’est rien d’autre que de l’énergie absolue. Son corps est un hybride entre une planète et une étoile. Son corps ressemble à une micro-puce géante de forme plus ou moins circulaire. C’est l’équivalent du cerveau de la Terre. Elle est la plus sage des trois voix. C’est elle qui est finalement capable de démasquer le public.

Ces deux créatures atterrissent dans notre temps par erreur. Elles ne savent pas vraiment où elles sont. C’est Petrophytis qui arrive en premier et se demande : « Où sommes-nous ? » Elle constate avoir été catapultée en arrière, et elle reconnait le XXIe siècle. Photogaia arrive plus tard, elle se dit dégoûtée par l’endroit sale et moche… par l’idée de la ville… par les êtres humains. Elle sait que les êtres humains ont disparu. Et c’est ici que commence la réflexion des deux. Penser l’humain du point de vue de cette vie à la fois préhistorique et futuriste, signifie se défaire de toutes les oppositions. Et surtout, penser en dehors de toute idée d’évolution. Celle-ci est capable de penser la vie uniquement comme une succession de formes qui se succèdent et se remplacent : dans ce paradigme l’erreur doit toujours être écartée. Les deux créatures incarnent au contraire une idée d’engendrement où la vie n’est donnée que parce que l’erreur ne peut pas être écartée. Au contraire, c’est l’erreur qui génère toutes les formes. À l’inverse toute forme est une erreur.

L’ être humain aussi est une anomalie, comme toutes les autres formes. Chaque espèce est un glitch, une anomalie, l’histoire est un glitch, un pépin. Un accident. Pour se libérer de la prison de l’identité, il faut se penser du point de vue de la métamorphose. Et ne pas avoir peur de la transformation.

Quelques Bulles d’un Immigrant Natif

FRoche_ S/he : … la suite de 10 ans d’aventure rimbaldienne, robotique, subversive, humaine, « là où ça sent la merde »,… au creux de la pollution jouissive… « pour en finir avec le jugement des dieux, qu’ils soient divins et/ou institutionnels »… fugitif dans les slums de Bangkok comme refuge… mais Covid oblige… le diable Baudelairien qui s’arrange à nous faire croire qu’il n’existe pas… blablabla… ce n’était pas prévu… celui d’un retour en immigrant natif… dans le quartier Chinois, Paris XIII, logement HBM du Front Populaire, pas si mal… pour rêver des sous-sols résiduels et crasseux du Futurama de la modernité à la Défense, et assister à la dispute d’australopithèques rétro futuristes… plutôt que les homo sapiens, mes contemporains… donc retour sur le sol de la mère patrie en statut d’immigrant natif… nomade… apatride temporel, pour une écriture… désillusionnée, désenchantée… à l’esthétique amère… libidinale… charming distress, érotisme de la petite mort de Sabina Spielrein, mais aussi du décaméron de Boccacio… miroir de la faillite de notre écosophie trop tardive, et bien trop stérilisée, hygiénisée… privatisée, mais aussi miroir de notre propre démence, film aux trois personnages le cynique, l’idiot et le moraliste… Diogène tricéphale en introspection lacanienne… dans sa barrique grotte de chien… Pour ce film qui semble être une controverse de Valladolid 2.0… en temps inversé… 3 Jésuites avatars du futur dissertent et jugent de notre degré d’humanité… de mal en pis de la tragédie à la farce… mais c’est aussi comme un pli de l’âme… un pli topologique de notre cinéma intérieur… on se parle à soi-même… ces petits « hommes, femmes, bêtes vertes » c’est nous… de l’expression de nos passions tristes, du désir inavouable de prendre le risque d’être un humain… multiplicité des voix intérieures comme autant de psychodrames, de schizophrénies critiques… de mise en écho… de nos atermoiements… une esthétique du scepticisme… Il est temps de rencontrer des Humains Trans… mutants, qui ne soient pas Transhumanistes,… mais aussi requestionner les théories de l’évolution et son distinguo des espèces, en « archéologie retro-future-spéculative » / L’ objet esthétique est ici un sujet… qui n’est pas au dehors, en dehors… mais en soi… de donner langue à nos propres ambiguïtés… donner à voir notre manque de discernement… ces avatars cosmiques, trans… c’est « à la fois nous »… en dissonance… démultiplications schizoanalytiques et chaosmose de Guattari… la fiction comme le dévoilement des noeuds dedans – dehors, leur dépliage et contingence… écologie de l’être… héros et thanatos… écologie des limbes et des migrations des êtres, des bêtes, des plantes, des genres et des sexualités… monisme Eco-technologique… L’ infini, le proche, la pensée, le génital, l’amour… une même substance…

… la suite de « S/would rather do fiction maker » signée par S/he mon avatar trans, en 2017, mon identité-trans digitale au Frac d’Abdelkader Damani, hermaphrodite depuis 1993 n’en déplaise aux hétéros-blanc-white-gaze de l’architecture made in France…/il/elle préfère la fiction donc… La fiction de Foucault… de plier et déplier notre relation au réel… et pour cet opus, et j’avais écrit de Bangkok ce message… des propos d’un monde d’hier, de l’avant Covid… d’autant plus d’actualité dans l’après… et cela parle d’architecture, la discipline qui me sert de vecteur… et ce que je reste, un architecte malgré les apparences… trompeuses… « L’ expérimentation s’est déplacée sur un nouveau corpus d’instrumentation, fait d’outillage, de computation, de machinisme mais aussi et simultanément de fiction et lignes de subjectivité, en synchronicité avec nos symptômes ; de peur et d’échappées belles » « ici et maintenant ».

L’ occasion de « s/would rather do fiction maker », c’est de parcourir des attitudes en corrélation, en codépendances des formes qu’elles sous-tendent, au travers de leurs conflits et réciprocités. C’est découvrir un monde post digital, post humain, post activiste, post démocratique, post féministe, un monde queer… androgyne, charnel, inquiétant, désenchanté, pornographique, transitoire, transactionnel, ou les scenarios, dispositifs, malentendus, fragments psychiques et physiologiques sont les matériaux mêmes des murs et des plafonds, des caves et des greniers, schizoïdes et paranoïaques, aux creux de fictions opératoires et critiques… Les plis et replis androgynes derrière lesquels… ils/elles… se dissimulent, déclenchent confusions et réactions épidermiques, hostilités suspectes, idéalisation fantasmée, voir oubli prémédité. Mettre en lumière via des postures paradoxales, via des dispositifs contre-esthétiques, les enjeux biopolitiques, les potentiels et les désordres des technologies contemporaines, de leurs balbutiements à leur marchandisation, les suspecter de ne pas être si inoffensives, ni innocentes, hors du conformisme des discours et des esthétiques empruntés, des « déjà vu » institutionnels, via le bon goût des Bourgeois (les modalités de l’habitus de Bourdieu)… et s’avouer in fine dans l’antipathie de ceux-ci. Une pathologie des limbes, où la mystique et la quantique dansent en farandole, dans l’instabilité des particules… Vents stellaires, vents de la psyché, miroir de nous-même… On les abrite ces avatars dans nos cerveaux reptiliens… ces voix intérieures qui n’en finissent pas de nous hanter, comme à nouveau Sybil et ses 19 personnages, schizophrénie, aux bi-tri-deca polarités ; de l’organisation des plis aux multiples langages, et c’est dans cette… Zone, Tour de Babel aux espèces humaines, végétales, digitales… Asperger et Alzheimer à la fois… le droit à l’oubli… et à sa vulnérabilité…de s’enivrer des « nourritures terrestres » fussent-elles digitales, dans une érotisation de l’instant. Biologie humaine et biologie des bits, des vortex, larvaires, de-zombifiés… oui il y a quelque chose dans l’outil qui nous permettait, avec cette voix, ces voix naturelles, des profondeurs de la tombe, comme l’oeil qui regardait Caïn, dans ce film celles de Laura Benson qui est simultanément les trois personnages, aux expressions terriblement pathologiques et pathétiques… On parlait de Plotin avec Emanuele… sciences de l’inconnu et sciences de l’esprit, à la fois… le droit de sinuer dans une forêt hétérotopique, un pléonasme… non panoptique et y découvrir des substances du monisme, du partage, de la coexistence…

Et… parlons de ce film

Chris Delaporte : (accessible sur https://vimeo.com/manage/videos/778816068/e6948b390e) Peut-être est-ce aussi nécessaire de regarder comment cela est produit… ou comment mettre en image une pensée, un univers hybride, à la fois cosmique et microscopique, sorte d’univers fractal, un cerveau tricéphale, malade, issu d’une imagerie médicale, et à la fois un glitch de James Webb, infiniment et à la fois… pour une stratégie esthétique issue de particules, espèces d’unités numériques, de pixels intelligents, de pixels auxquels on donne des propriétés, et que l’on anime par des vortex, des vents solaires et des brises marines, en interaction… chaque particule devient une créature, une cellule souche, ou la particule numérique devient générative, agglomérée ou diffractée.

On ne contrôle pas vraiment ces forces et ces assemblages, et c’est ce qui est intéressant dans ce processus… d’une conversation entre vous, à une interprétation psychotique de Mika Tamori, fantomatique, et contradictoirement en mouvement. Il fallait lui donner non pas corps mais effluves, floues, indéfinies, où les patterns se jouent de la pareidolie, projection de l’inconscient et de l’impermanence des formes…

… de la Vézère aux Résidus Pompidoliens

FRoche_ S/he : Une brève histoire de datation et quelques hypothèses… sur les lieux mêmes où les indices de ces temporalités agissent comme autant de points aveugles, perçus « ni d’où l’on vient, ni de là où l’on va ». Et c’est ce paradoxe qu’il nous intéresse de rendre visible, via l’une des grottes de la vallée de la Vézère. Il nous semble plausible de conjuguer un récit au futur antérieur, au sens littéral, de regarder un demain, un demain juste devant nous (celui qui nous effraie et que nous ne cessons de caresser) où l’espèce (la nôtre et toute celle sur cette planète) aura mutée ; à la fois humaine et technoïde, végétale et cérébrale, en coexistence, codépendance, où le singulier et la multitude ne sont pas déclarés antagonistes… de conjuguer, donc, un récit au futur antérieur afin de regarder « ce demain déjà aujourd’hui », « Tomorrow now in English », d’un point de vue spéculatif… retro-archéologique ; l’Après-Demain sur les traces d’un denim, dans une cavité (pré) – post historique, là même où la distance au temps, inversé et différé, nourrit sa légitimité projective (de la Vallée de l’art pariétal au graffiti des sous-sols du « play time » pompidoliens). Il s’agit de mettre en place des dispositifs propres à disséquer ce que nous percevons déjà comme l’aube d’un passage, d’un « chemin aux sentiers qui bifurquent » où notre transformation, hybridation, créolisation devient ontologique, où l’être et la machine (de celle dite « célibataire », « Désirable » jusqu’aux AI), où l’animisme et le vitalisme, où la flèche du temps et son immobilité, constituent et alimentent les pulsions de vie. Eros et Thanatos en frères siamois, réconciliés. Vous pouvez vous douter qu’il ne s’agit pas de l’une des variations évolutionnistes de l’Homo Sapiens, mais bien d’une nouvelle branche, née de la « domestication de l’être », croisement d’artifices technologiques, de fragilités humaines, de mémoires vulnérables, au temps de l’anthropocène. Ni anticipation, ni prospective, mais un point spéculatif, tendre, timide, littéraire et cognitif. Une zone immersive de contact médiumnique, « pour faire voir non l’invisible, mais faire voir combien est invisible, l’invisibilité du visible… » où se dénouent les formes et les enjeux de l’espace, celui du vivre ensemble, où la fiction est nue, comme un murmure qui vient du dehors dedans. Ce dehors dedans temporel sera notre trou de souris, celui de la serrure, a posteriori, voyeur de notre métamorphose en devenir, et, non sans contradiction, à même de l’influencer rétrospectivement. Dans cette hétérotopie du temps et de l’espace, dans les fissures de la grotte, les fictions autoréalisatrices se faufileront, renouant notre relation à l’ici et maintenant. Les dispositifs seront critiques, résistants à leurs propres fantasmes projectifs, jamais techno-fétichistes, mais flirtant avec l’alchimie, la pataphysique… La « chambre » sera comme une « mise en contact » suggestive (pareidolie, logique floue, image neuronale, dualité onde-corpuscule, holographies chimériques), littéraire (mode catatonique, binaire, phono-idéographique… et chuchotements polyphoniques d’une tour de Babel, voix en dissonance). La Défense… le prototype échelle 1… c’est évidemment un lieu de contradiction, à la fois chantre de la modernité des structures financières… TOP-DOWN, aux mécanismes capitalistiques, mais aussi le souvenir des derniers Bidonvilles, (où j’ai vécu pendant 10 ans en Asie, avec robot 7 axes, water moniteur, transgenres et folies humaines) où, quoi qu’en disent les hygiénistes, cela sent et sentait bon « la musique de l’essaim » pour reprendre l’expression de Rimbaud sur la commune de Paris, cela sentait le BOTTOM-UP où la ville, son organisation et ses modes de fabrications ne sont (n’étaient) pas uniquement délégués à la puissance financière et politique, où les modes d’auto-organisation de la multitude étaient à la fois prohibés mais tolérés…

Equipe

New-Territories, 2023

Je suis François Roche, architecte. Depuis 1995, je suis représenté et incarné par une chimère hermaphrodite, S/he, qui assume nos postures et les crédits d’auteur. Cela fait trois décennies qu’”IL/Le” signe expositions, textes, et même certaines lectures… Caractère échappé_e des nuances du genre, fugitif_ve de l’identité, immigrant_e natif_ve, enfant illégitime de Deleuze en auditeur paresseux à Université Libre dans les bois… Bipolaire de cette créature transgenre, dont je suis le secrétaire, nous naviguons ensemble entre l’analogue et le digital, la robotique et la « bricola », nouant des rapports ambigus entre l’organique et le pixel, l’empirique et la computation, ‘’chaud et cruel’’, biopolitique. De ces limbes antagonistes s’ouvrent des niches, des fissures…pour préparer les antidotes d’un monde qui n’a de cesse de privilégier le déjà vu, la complaisance green-washing et le bégaiement de l’histoire (pour le Centre Pomidou, il s’agit de révisionisme). Par nécessité devenus nomades et de 2011 à 2021 vivant en Asie, entre Bangkok, Melbourne et Tokyo, et ex-filtrant une économie de la Columbia NYc… donc loin très loin de là… mais le Covid m’a obligé le face à face, back to Paris, en mode amnésique, en immigrant fugitif.

Je suis Emanuele Coccia, je suis maître des conférences à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris. J’ai reçu une formation agronomique avant de me consacrer aux études de philosophie à Macerata et Berlin. J’ai obtenu un doctorat en philologie et philosophie médiévale à l’université de Florence. J’ai été boursier du Max Planck Institut für Rechtsgeschichte à Francfort sur le Main et de l’Université Autonoma de Barcelone. J’ai enseigné l’histoire de la philosophie à l’Université de Fribourg-en-Brisgau en Allemagne entre 2008 et 2011. J’ai été professeur invité à l’université de Tokyo (Todai) en 2009, à l’université de Buenos Aires en 2010, à l’université Heinrich Heine de Düsseldorf en 2013, à l’université de Munich en 2020 et au IUAV de Venise en 2021. En 2015/2016 j’ai été fellow à l’Italian Academy for Advanced Studies de l’Université Columbia de New York.

Je suis Mika Tamori, une artiste née au Japon 1984. Je porte une pathologie psychique et antisociale ‘’hikikomori’’. Sorte de mise a distance des jeux et des enjeux du vivre ensemble. J’ai produit, sous forme de transe, les intentions qui forment les images des deux créatures qui devisent dans la chambre des mémoires, transformées par la suite en nuages cosmiques, pixelisés. Je refuse d’offrir ma vie, mon énergie, mes peurs aussi au patriarcat, aux institutions fussent-elles culturelles… Alors je m’invente des hypothèses de fuites, et à la première occasion de possible performance, ce que je produis quotidiennement chez moi dans mon univers psychotique et paranoïaque, je glisse dans la peau de celui qui me permet cette mise à distance… et il m’a plu de jouer ‘la servitude volontaire’, otage du regard des autres avec “Mondes Nouveaux”, ma condition de Geisha au service du mâle, Blanc Européen ou Asiatique, quelle importance. (Exposition ici et ailleurs, souvent et parfois …à la fois).

Je suis Chris Delaporte, et je débute comme ‘’Street Artist’’ dans les années 80, ou j’étais l’un des pionniers du mouvement « FBI », et dont le style influencera la scène européenne naissante. Après un court passage à l’université Paris VIII en art plastique, l’arrivée du microordinateur ouvrira les portes de ma création numérique. Dans les années 90, je serais l’un des créateurs du Jeux vidéo « Heart of Darkness » ; cela me permettra de réaliser « Kaena la Prophétie », premier long métrage européen entièrement fabriqué en images de synthèse, sorti en 2002. En 2003, je réalise deux films pour l’exposition « I’ve heard about about » à l’initiative de François Roche.

Je suis Damien Sorrentino, artiste, chercheur, enseignant, et me plaît à croiser les genres et les disciplines. Photographe de formation, c’est la partie vibratoire de la matière qui constitue mes recherches. Via une approche expérimentale de la musique et du son, je suis conduit à développer de nombreux instruments électromécaniques (Instrumentarium), y-compris des logiciels de synthèse et de spatialisation sonore pour l’installation et la performance. J’enseigne la création sonore, analogue et digital aux Beaux-Arts de Monaco depuis 2006 où je fonde en 2019 un atelier de recherche dédié aux arts numériques (Digital Lab).

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2 000 personnes exclusivement sont invitées à pénétrer dans les dédales de béton de Paris La Défense, à la fois cathédrale païenne et résidu infrastructurel des années 1960, à l’intersection de l’A14, de la ligne 1 du métro et du RER A.

Accès : Sur la dalle de La Défense : Entrée des sous-sols à 3 m du Restaurant IT – Italian Trattoria La Défense 86 Espl. du Général de Gaulle, 92400 Courbevoie (en fait juste au milieu de le Dalle Face à l’immeuble Coeur Défense _ un café Italien sur la droite permet de calmer ou de speculer sur la demi-heure, voir un peu plus….qui va suivre…)

Pour entrer dans La chambre des mémoires à-venir, chaque participant doit réserver son créneau de 30 minutes.
La descente dans les sous-sols s’effectuera par groupes de 12 personnes simultanément.
L’expérience est accompagnée par un guide dédié.
 L’expérience proposée est psychologique et intellectuelle, physiologique et spirituelle.
La chambre des mémoires à-venir est réservée aux plus de 16 ans.

Photo d’en-tête : François Roche, La Chambre des mémoires à-venir / New-Territories © New-Territories

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