Du 20 octobre 2024 au 2 mars 2025, alors que se déroulera la 10ème édition du Vendée Globe, le musée d’art moderne & contemporain des Sables d’Olonne (MASC) consacre une grande exposition aux œuvres récentes de l’artiste Titouan Lamazou. A travers plus de 120 œuvres inédites, Titouan Lamazou rend hommage à l’immense richesse de la biodiversité inspiré par ses séjours polynésiens. L’artiste souhaite ainsi partager sa conscience de l’infime minceur de la pellicule qui recouvre notre planète, où évolue et se développe depuis des milliards d’années cette merveilleuse biodiversité à laquelle appartient l’humanité.
Le paradis existe. Ténu, fragile, unique dans l’univers, jusqu’à preuve du contraire. Ce phénomène est né de la confrontation de
l’énergie d’une étoile, le Soleil, avec les forces telluriques de notre planète. Certains scientifiques le nomment Zone critique. C’est en résidant dans les îles polynésiennes du Pacifique que j’ai récemment pris la mesure de l’extrême minceur et de la grande vulnérabilité de ce minuscule espace habitable à la surface de la Terre qui accueille depuis des milliards d’années l’évolution du vivant auquel nous appartenons.
Inspirées de cette merveilleuse explosion de biodiversité terrestre et marine, mes peintures sont autant de visions. L’ensemble des œuvres présentées dans l’exposition et l’ouvrage forme un hommage au paradis terrestre ».
Titouan Lamazou, Tahiti 2024
Véritable œuvre de médiation d’art et de sciences, cette exposition met en lumière la beauté et la complexité interdépendante du vivant et du non-vivant composant notre paradis sur la terre, soulignant l’extrême exiguïté de notre habitat d’à peine quelques kilomètres de hauteur au regard des années-lumière qui nous séparent des premières galaxies observables.
C’est le chercheur-philosophe Bruno Latour qui a popularisé la réalité de cette infime pellicule sous le nom de Zone critique. La « Zone critique » est un concept scientifique apparu à la fin du XXe siècle aux États-Unis et repris notamment en France, par de nombreux chercheurs dans plusieurs disciplines.
Titouan Lamazou entend par cette exposition participer au rayonnement de leurs travaux et contribuer à une large prise de conscience de l’unicité et de la fragilité de notre habitat et qu’il convient impérativement de préserver.
« Il y a quelques années, un chercheur scientifique m’a entretenu de ce qui le passionnait et qui demeure gravé dans mon esprit : la conscience de l’infime minceur de la pellicule recouvrant la surface de la planète Terre, comme le vernis sur une boule de billard, où nous évoluons depuis quelques milliards d’années.
Je n’avais jamais envisagé notre réalité sous cet angle. Je considérais l’océan comme un gigantesque puits de lumière abyssal et non comme une flaque d’eau !
J’embrassais l’atmosphère comme un espace infini tutoyant les étoiles et non se réduisant à quelques petits kilomètres ! »
Titouan Lamazou
Titouan Lamazou coopère depuis plus de vingt ans avec les milieux scientifiques, caractéristique de son approche artistique. Ce compagnonnage commence en 2001 avec le paléontologue Yves Coppens et l’anthropologue militante Françoise Héritier dans la Corne de l’Afrique pour l’œuvre Femmes du Monde. Il n’a cessé depuis de développer cette coopération, au gré de ses voyages, auprès de chercheurs et chercheuses spécialistes des rivages abordés et des thématiques choisies.
Artiste engagé, Titouan Lamazou dresse un état des lieux de la planète, en peintures et photographies. Mû par une vocation précoce d’artiste – interrompue par une fulgurante carrière maritime débutée aux côtés d’Éric Tabarly et couronnée par la victoire dans le premier Vendée Globe en 1990 – Titouan se consacre à l’art en voyageur impénitent.
De paradis perdus en zones de conflit, ses périples à la rencontre du monde font l’objet de nombreuses publications et expositions.
En 2003, il est nommé Artiste de l’UNESCO pour la Paix. Tout en poursuivant son œuvre itinérante, Titouan se consacre aujourd’hui à l’accomplissement de son projet de Bateau Atelier depuis la Polynésie, son nouveau port d’attache.
« Les toiles de Titouan Lamazou expriment cette réalité, à la fois belle et fragile, sans sombrer dans la dénonciation et le catastrophisme. Il fait le choix de peindre le beau, de croire encore en la force de l’art et dans la nécessité du dialogue avec l’écologie de terrain, les sciences
et l’action collective pour transformer le Monde vers plus de soutenabilité. Du ciel à la croûte terrestre jusqu’aux profondeurs des fonds marins, des étoiles aux paillettes de plancton, les interrelations de la vie sur Terre sont finement tissées par la peinture, enchevêtrées en dentelle, mais contenues dans la dimension circonscrite des toiles, comme pour décrire cette fine pellicule : la zone critique. » déclare Camille Mazé, directrice de recherche CNRS au CEVIPOF (Sciences Po), fondatrice et coordinatrice du Réseau de recherche international APOLIMER.
L’exposition sera accompagnée du livre SOUS LES ÉTOILES à paraître chez Gallimard le 17 octobre, nourri des textes de Camille Mazé, directrice de recherche au CNRS et de la critique d’art Laetitia Chauvin.
Exposition « Titouan Lamazou. Sous les étoiles » au MASC, musée d’art moderne & contemporain des Sables d’Olonne, Abbaye Sainte-Croix, Rue de Verdun – 85100 Les Sables d’Olonne – Du 20 octobre 2024 au 2 mars 2025
www.lemasc.fr
Photo d’en-tête : Motu Hane, 2023 – Ua Huka, Îles Marquises. Huile sur toile, 190 x 140 cm