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Psychoarchitecture à La cité des sciences et de l’industrie

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Si tous les enfants pouvaient redessiner leur maison avant d’en intégrer toutes les contraintes, quelle forme aurait le monde ? Carte blanche artistique est offerte à Christophe Berdaguer et Marie Péjus sous le conseil artistique de Gaël Charbau, conseiller artistique pour Universcience, pour présenter « Psychoarchitecture », une installation au sein de l’exposition « Maison imprimée : l’habitat du futur ? ».  

Christophe Berdaguer (né en 1968) et Marie Péjus (née en 1969) vivent et travaillent à Marseille. Ils réalisent en duo depuis les années 90 une œuvre plastique qui explore les rapports psychologiques et physiques entre l’être humain, l’architecture et l’environnement. Utilisant des médiums variés (vidéo, installation, sculpture), ils proposent une relecture du monde dans sa relation à l’homme au filtre de savoirs scientifiques comme la psychiatrie, la chimie ou la sociologie. Une œuvre qui, tout en revendiquant ouvertement ses références aux avant-gardes utopistes et aux expériences d’architecture radicale des années 1970, se joue des classements et des catégories.

Portrait du duo d’artistes Copyright DR

Maison imprimée : l’habitat du futur ?

Les toutes premières maisons imprimées en 3D sont sorties de terre il y a cinq ans à peine, mais les projets se multiplient déjà un peu partout dans le monde : Chine, Russie, États-Unis, Émirats arabes unis, Pays-Bas, France… Il faut dire que cette nouvelle technique de construction basée sur la fabrication additive (empilement successif de couches de matériaux comme le béton) cumule les avantages et permet d’édifier des bâtiments en un temps record et à moindre coût, tout en offrant une grande liberté de conception aux architectes. À tel point que certains y voient le futur procédé de référence dans la construction, voire l’une des solutions les plus prometteuses pour résoudre la crise du logement qui menace.

L’exposition « Maison imprimée : l’habitat du futur ? », commence le 15 septembre 2020 à la Cité des sciences et de l’industrie.

Psychoarchitecture, 2006-2020 – Frittage de poudre, dimension variable

Depuis 2006, le duo Christophe Berdaguer et Marie Péjus poursuit, en parallèle de leurs autres travaux, la série « Psychoarchitecture ». Il s’agit de maisons dessinées par des enfants lors de tests psychologiques, que les artistes retranscrivent en trois dimensions selon un procédé par frittage laser et qui sont présentées à l’occasion de l’exposition « Maison imprimée : l’habitat du futur ? ».

Les « sculptures » de résine ainsi produites, d’un blanc immaculé, « prennent des aspects anthropomorphiques et forment autant de fantômes, de rêves ou de cauchemars d’architecture psychotique » selon les mots des artistes. Projections mentales et images intérieures se mêlent à cette image rudimentaire de la maison que la culture a forgée en nous, et qui devrait, selon toute vraisemblance, être composée de fenêtres bien droites, d’au moins une porte et d’un toit. Dans leur série, l’édifice s’ébranle, le rectangle se ramolli, les toits s’empilent, les lignes se liquéfient. Comme autant d’autoportraits d’anonymes, chaque « maison » est le manifeste de ses propres défaillances, la signature d’un trauma supposé, la marque d’une différence, d’un symptôme. Mais par ce passage de l’image rapidement dessinée au volume soigneusement reproduit, Berdaguer et Péjus font glisser l’anormal vers le singulier, le désordonné vers le poétique, l’inquiétant vers le désirable.

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Psychoarchitecture – Copyright DR

On se surprend à imaginer ces maisons en vrai, à leur trouver une place dans nos paysages urbains ultra standardisés, et on sourit à leurs fragilités. Elles nous permettent de regarder autrement les « monstres » de l’architecture, comme Gaudí, Horta, Frank Gerhy ou Santiago Calatrava avec un nouveau prisme de liberté.

Psychoarchitecture – Copyright A. Alquier

 « La notion de traduction, d’interprétation est une notion qui traverse tout notre travail. Dans Les Psychoarchitectures, nous partons de dessins provenant d’ouvrages médicaux portants sur un test psychologique : le test de la maison (il existe un test similaire avec les dessins d’arbres) – il s’agit la plupart du temps de dessins d’enfants qui sont analysés, décryptés selon une grille de lecture très précise dans laquelle chaque détail est pris en compte , la présence d’une cheminée , la façon dont les portes et fenêtres sont dessinées etc., l’interprétation , le diagnostic n’est à aucun moment donné dans les œuvres que nous produisons mais ils nous servent à penser la traduction, le passage du dessin à la 3ème dimension, la mise en volume exacerbe à la fois le dessin mais aussi son interprétation psychique.

La technique, les modes de fabrication sont étroitement liées à l’idée qui les génère. Pour Les Psychoarchitectures, il était important pour nous que les traumas, psychoses et autres névroses se matérialisent sans l’intermédiaire de la main humaine. Il y a une réflexion de Joseph Beuys à propos de l’aquarelle qui parle de cela, il dit que l’aquarelle permet un chemin quasi direct entre le cerveau et la feuille de papier, l’idée, l’image s’imprime à travers le liquide instantanément …

L’impression 3D permet en quelque sorte cela, ce sont des formes ectoplasmiques … Nous travaillons depuis plus de quinze ans avec l’impression 3D pour cette série et pour certains autres projets. Au début de ce travail, l’utilisation de cette technique concernait essentiellement l’univers du prototypage dans le monde de l’industrie ; il s’est depuis démocratisé à travers les imprimantes 3D domestiques. Reste que la technique du frittage de poudre que vous voyez à l’écran reste une technique encore complexe et nécessite des machines demandant un investissement lourd.

Le frittage de poudre permet d’obtenir une matière blanche proche de la craie ou du plâtre et permet d’obtenir des objets avec énormément de détails et surtout elle construit la forme par addition, cristallisation de matière ; la forme se construit de « presque rien » et grandit – en Science on parle de bottom up – cela permet par exemple de concevoir un objet construit à l’intérieur d’un autre objet … impossible par une fabrication humaine … un peu comme un cerveau caché qui grandirait dans une maison ou inversement, la psyché en mode poupée russe …   

Psychoarchitecture – Copyright DR

La technique de l’impression 3D commence à être utilisée à échelle 1, la robotisation de la construction produit pour l’instant des maisons  « tristes », formatées , cet aspect technophile et standardisé n’est absolument pas dans nos préoccupations, au contraire c’est du côté de l’architecture vernaculaire, de l’auto construction que nous nous sentons proches à travers ces maisons , la maison comme reflet de nos singularités … plus proche de la endless houses de Kiesler que de la machine à habiter de Le Corbusier …

Nous avons montré il y a quelques années Les Psychoarchitectures à Moscou et à la fin de l’exposition nous avons découvert que les visiteurs avaient délicatement déposés des pièces de monnaies à l’intérieur des maisons, pour faire un vœu ou une offrande ? Comme si elles pouvaient conjurer le sort… Les Psychoarchitectures sont des singularités, des « folies « (nous sommes à la Villette) partagées et partageables … ».

Christophe Berdaguer et Marie Péjus

Exposition « Psychoarchitecture » à partir du 15 septembre 2020, dans l’espace Science actualités, au cœur de l’exposition « Maison imprimée : l’habitat du futur ? » Cité des sciences et de l’industrie – Paris 19e

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