Voilà plus d’un an et demi que les ODD (Objectifs de Développement Durable) de l’ONU ont été adoptés pour répondre aux enjeux environnementaux, sociaux et économiques dans le monde entier. Une initiative ambitieuse qui nécessite la mobilisation de tous les acteurs pour sa mise œuvre et qui ouvre des perspectives pour sortir d’un monde en crise. Et pourtant en France, le sujet ne semble pas être une priorité nationale pour le gouvernement… Heureusement, certains acteurs ont commencé à se mobiliser !
Les Objectifs de développement durables ont un cadre international unique d’action pour construire un monde en paix et soutenable. Adoptés en septembre 2015 par l’Assemblée des Nations Unies, ces 17 objectifs mondiaux constituent un langage universel et une véritable feuille de route pour tous les Etats et les acteurs qui les composent. Déclinés en 169 cibles pour la période 2016-2030, leur suivi à l’échelle mondiale s’appuie sur une liste de 244 indicateurs, dans le but d’agir pour le bien commun. Ils couvrent l’ensemble des enjeux sociaux, environnementaux et économiques, à la fois dans les pays développés et en voie de développement.
Eliminer l’extrême pauvreté et la faim, assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, parvenir à l’égalité des sexes, promouvoir le plein emploi productif et un travail décent pour tous… font partie des priorités sociales. Cet Agenda 2030 est ambitieux et nécessite de mobiliser toutes les parties prenantes, aussi bien les Etats, que les collectivités, les entreprises ou les associations. En ce début de XXIème siècle, les inégalités n’ont jamais été aussi importantes dans le monde, entre les différentes zones géographiques, les catégories sociales, les genres, l’âge, dans le monde professionnel ou éducatif, etc. Issues de traitements inéquitables ou disproportionnés, elles cachent de multiples causes qu’il faut identifier et combattre. L’Agenda 2030 appelle également à développer la recherche, à soutenir le développement économique via les TPE/PME, à repenser les villes ou encore à transformer les modèles économiques et industriels.
Les enjeux humains, sociaux et économiques ne sont pas les seules priorités adoptées. Les ODD visent également à la préservation de l’environnement, avec la lutte contre le changement climatique et contre l’érosion de la biodiversité, notion encore souvent mal comprise, qui intègre l’ensemble des organismes vivants (animaux, végétaux, champignons, bactéries, etc.) et leurs interactions.
Rappelons que l’on ne peut vivre sans la biodiversité : l’ensemble de ce que nous mangeons provient de la biodiversité ; les écosystèmes nous fournissent en eau et air, en matières premières, régulent les maladies ou sont même sources d’inspiration et de loisirs ! Cependant, on observe un rapide appauvrissement et des extinctions d’espèces en masse depuis plusieurs décennies. Ainsi, des objectifs et cibles adoptées visent à diminuer les émissions de gaz à effet de serre, à développer les énergies renouvelables, à préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, de conserver et exploiter de manière durable les océans, à stopper les pollutions et réduire fortement la production de déchets.
L’action sur ces enjeux ne sera efficace que si chaque pays s’investit, à son niveau. Et la mobilisation des acteurs locaux, économique et de la société civile sera également gage de réussite. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les enjeux et priorités d’un siècle ont été définis et même partagés mondialement. Le chemin vers le développement durable est balisé et les ODD ont réussi le difficile exercice de la transversalité, donnant un cap clair pour l’ensemble des nations. Ils ont même le bon goût de ne pas être « une couche supplémentaire » mais au contraire de reprendre les cadre existants (convention biodiversité et climat, convention de l’OIT etc.) et de les mettre en cohérence !
Et pourtant… Les ODD n’ont suscité que peu d’enthousiasme au sein du gouvernement français. Plus d’un an et demi après leur adoption, la déclinaison française des priorités, la stratégie d’action et de moyens manquent toujours pour embarquer la société vers un avenir désirable et soutenable.
On ne peut pas non plus dire que les ODD aient été au cœur de la – très particulière – campagne présidentielle que nous venons de vivre. Le portage politique avait été questionné par un avis du CESE en 2016 et proposait que les ODD soient portés par le Premier Ministre plutôt que par la Ministre de l’Environnement, pour davantage de transversalité.
Cela étant, le Ministère de l’Environnement a mené des premières actions de mobilisation et a publié mi-2016 un premier document synthétique identifiant quelques politiques publiques contribuant aux ODD. De son côté, l’Insee (l’Institut national de la statistique et des études économiques) a publié le 24 mars 2017, 110 indicateurs pour le suivi des ODD au niveau national.
La Plateforme Nationale RSE, instance multi-acteur de dialogue et de proposition hébergée à France Stratégie, a également engagé des réflexions sur les ODD.
De leur côté, certaines entreprises, conscientes de l’importance de cet agenda, ont commencé à se mobiliser. En 2016, l’étude publiée par B&L évolution, société de conseil spécialisée en développement durable, montre que déjà 11 entreprises du CAC40 ont pris des engagements ou réalisé des projets pour la mise en œuvre des ODD.
Les TPE/PME ne sont pas en reste : une dizaine d’entreprises du Pays Voironnais (proche de Grenoble), de 5 à 500 employés ont mis en avant leurs actions concrètes pour l’Agenda 2030 au travers de leur stratégie RSE.
En effet, les ODD donnent la direction à suivre pour contribuer concrètement aux priorités du développement durable. La démarche RSE d’une entreprise peut donc être amenée à être mise à jour, pour intégrer – ou mieux intégrer – dans les processus de management ces nouvelles dimensions. Les ODD sont également source d’innovation responsable car une entreprise peut développer – ou faire évoluer – des produits et services qui répondent directement ou indirectement aux Objectifs. Enfin, une entreprise peut contribuer au travers d’une politique de mécénat et la création de partenariat. C’est un beau sujet pour renouveler son dialogue avec ses parties prenantes et son analyse de matérialité, c’est-à-dire l’analyse des enjeux de développement durable majeurs pour l’entreprise.
Un nouveau président vient d’être élu, nous verrons si l’Agenda 2030 fait partie des priorités du prochain gouvernement !
Sylvain Boucherand, PDG de B&L évolution
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