Le dernier rapport de l’Insee sur la démographie française pourrait être qualifié d’historique. Il traduit les dégâts de la pandémie de coronavirus dans la structure de la population : chute de l’espérance de vie, du nombre de naissances, de mariages, augmentation de la mortalité à des niveaux jamais vus en temps de paix. Avec le Covid, la population française change dans des proportions qui ne sont pas marginales : elle perd ce qui faisait sa force, une démographie dynamique.
La population française n’a cessé de croître depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce dynamisme en faisait une spécificité et une force dans le concert des nations développées. Pourtant, l’épidémie de Covid marque un coup d’arrêt brutal. Le solde naturel, c’est-à-dire l’accroissement de la population française, sans compter l’immigration, s’est établi, en 2020, à son niveau le plus faible depuis 1946. La France comptait 67,4 millions d’habitants au 1er janvier 2021 soit une hausse annuelle de 0.25%. En 2019, ce score était de 0.34%
Le dernier bilan démographique annuel publié par l’Insee ce 19 janvier est marqué par la chute de plusieurs indicateurs. Un effondrement directement lié à la crise sanitaire.
Augmentation de la mortalité / baisse de l’espérance de vie
Selon les chiffres publiés par l’Insee, 658 000 personnes ont perdu la vie (+7,3%) en 2020. Cette mortalité est sans doute sous-estimée : les dernières données de l’Insee font désormais état de 667 000 décès, soit un bond de 9% par rapport à l’année précédente.
Du fait de l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges de forte mortalité, le nombre de décès a tendance à augmenter ces dernières années (+ 0,7 % par an en moyenne entre 2004 et 2014, puis + 1,9 % entre 2014 et 2019), mais l’augmentation en 2020 est sans commune mesure. L’épidémie de Covid-19 a eu un impact fort sur la mortalité lors de la première vague, entre mars et mai, puis lors de la deuxième vague, à partir d’octobre. Le nombre de décès associés à la première vague de l’épidémie est évalué entre 25 000 et 30 000, malgré le confinement et les consignes sanitaires. En comparaison, la grippe de l’hiver 2019-2020 a entraîné environ 4 000 décès, après 10 000 décès pour la grippe de l’hiver précédent.
Mécaniquement, cette hausse de la mortalité a un impact sur l’espérance de vie des Français. Celle des hommes a reculé de 6 mois et n’est plus que de 72 ans tandis que celle des femmes a baissé d’environ 5 mois pour s’établir à 85,2 ans. Ce recul de l’espérance de vie est le plus fort enregistré depuis les années 1960 ; il est deux fois plus important que celui qui avait été enregistré en 2015, année où l’épidémie de grippe avait été particulièrement violente. L’impact du Covid joue indéniablement sur cette baisse de l’espérance de vie : en effet, la hausse de la mortalité concerne essentiellement les plus de 65 ans, les autres classes d’âge n’enregistrant qu’une faible augmentation de la mortalité. Pour les classes 25-49 ans, l’Insee a même enregistré une baisse de la mortalité de 6 % due essentiellement aux confinements qui ont réduit la mobilité et donc les accidents de la route.
Comparée à nos voisins européens, la hausse de la mortalité n’est pas la plus forte en France. « L’excédent de mortalité, toutes causes confondues, lors de la première vague de la pandémie (en mars et avril 2020) par rapport à la moyenne 2016-2019 est plus élevé en Espagne (70 %), en Italie (47 %), au Royaume- Uni et en Belgique (43 %) qu’en France (28 %) », note l’Insee.
Moins de bébés / moins de mariages
Les naissances restent plus nombreuses que les décès, mais jamais l’écart n’avait été aussi faible. Selon les chiffres publiés, 740 000 bébés sont nés en 2020 en France (-1,8% par rapport à 2019). Sans que ce phénomène puisse encore être directement lié à la pandémie de Covid-19, 13.000 naissances de moins qu’en 2019 ont été déclarées et 79.000 de moins qu’en 2014.
L’indice de fécondité est tombé ainsi à 1.84 enfant par femme alors qu’il se situait autour de 2.0 enfants entre 2006 et 2014. Certes, la France est encore le plus fécond des pays européens mais sa position tend à s’éroder.
Sans que la relation soit établie avec l’épidémie de Covid, le nombre de mariages a plongé en 2020. La France n’a célébré que 148 000 mariages civils (dont 4 000 entre personnes du même sexe). « Il s’agit d’un recul historique » écrit l’Insee : 34% de moins que l’année précédente. Par ailleurs, comme chaque année, le nombre de Pacs n’est connu qu’avec un an de retard : le cru 2019 a été marqué par un recul de 7% des pactes civils de solidarité.
L’Insee rappelle que la pandémie a « empêché la tenue des célébrations ou incité à les repousser en raison de la limitation du nombre d’invités ». En avril 2020 par exemple, huit unions ont été célébrées en moyenne par jour, contre 518 en 2019.
D’habitude très bonne, l’illustration en tête de cet article est criticable. Faire une publicité directe gratuite à une entreprise et promouvoir de ce fait les laits artificiels contre l’allaitement maternel, c’est aller contre la santé et le développement du système immunologique des bebés, ainsi que la santé de la mère. C’est ainsi aller contre le sens même de l’article. Les politiques françaises de promotion de l’allaitement sont déjà bien assez débiles, et les lobbies des entreprises de succédanés bien assez forts, pour ne pas en rajouter! Pensez-y, merci.