On ne dissout pas un soulèvement. 40 voix pour les Soulèvements de la Terre – Collectif – Editions du Seuil, 9 juin 2023 – 192 pages
On ne dissout pas un dérèglement planétaire. On n’efface pas par décret les constats scientifiques ni le refus d’un capitalisme radicalisé fonçant dans le mur. Loin des procès en « écoterrorisme », ce qui se joue autour des mouvements comme les Soulèvements de la Terre n’est rien d’autre que la bataille de ce siècle.
Quelques semaines après la mobilisation contre les mégabassines à Sainte-Soline, dans un moment de crise sociale, politique et écologique, et dans un contexte de très probable dissolution du mouvement, il y a une urgence à rapidement verser au débat public un livre qui sort des polémiques médiatiques, écrit par une pluralité d’auteures soulignant la pertinence des enjeux – cruciaux pour notre avenir à toutes et tous – qui mobilisent Les soulèvements de la Terre.
Un livre qui aide chacun à cerner la force, les analyses de ce nouveau mouvement. L’ouvrage cartographiera du même coup un certain nombre de perspectives, concepts et enjeux désormais indispensables pour comprendre notre situation terrestre.
Collectif d’auteurs :
Geneviève Azam, Jérôme Baschet, Aurélien Berlan, Blue Monk, Christophe Bonneuil, Isabelle Cambourakis, Confédération paysanne, Alain Damasio, Des cantinières et cantiniers de l’Ouest, Philippe Descola, Virginie Despentes, Alix F., Malcom Ferdinand, David Gé Bartoli, Sophie Gosselin, Florence Habets, Lea Hobson, Celia Izoard, François Jarrige, Léna Lazare, Julien Le Guet, Cy Lecerf Maulpoix, Martine Luterre, Marcelle et Marcel, Virginie Maris, Tanguy Martin, Gaïa Marx, Baptiste Morizot, Naturalistes des Terres, Kassim Niamanouch, Lotta Nouqui, Alessandro Pignocchi, Geneviève Pruvost, Kristin Ross, Scientifiques en rébellion, Isabelle Stengers, Françoise Vergès, Eduardo Viveiros de Castro, Terra Zassoulitch et des dizaines d’organisations internationales.
Entendu sur France Culture :
La radicalité : le seul mode d’action politique à la hauteur des enjeux ?
Selon Léna Lazare, “la radicalité peut être utilisée de manière extrêmement péjorative, mais c’est revenir aux racines du problème. L’écologie est dans toutes les bouches, on ne sait plus exactement de quoi parlent les gens quand ils parlent d’écologie. Quand j’ai commencé à me revendiquer de l’écologie radicale, explique-t-elle, c’était justement pour dire que je n’étais pas du bord de l’écologie libérale. On a accusé les Soulèvements de la Terre d’éco-terrorisme. Mais cette écologie se base justement sur les travaux scientifiques, que ce soit en sciences humaines et sociales, ou en sciences dures, et elle est juste à la hauteur des enjeux. Si l’on ne suit pas cette vision de l’écologie, on continue à aller droit dans le mur.”
L’inertie des institutions à l’épreuve de l’urgence climatique
Léna Lazare « »estime que “ce n’est pas la voie politique institutionnelle qui va nous permettre de gagner. Les grandes victoires s’obtiennent sur le terrain par les mouvements sociaux”.
Lucile Schmid ajoute que “la question de l’urgence modifie évidemment la relation à l’action. Elle modifie également la relation aux institutions et la responsabilité des institutions. » L’essayiste considère que “la question paradigmatique c’est pourquoi les institutions sont inertes ? Chaque jour, on fait des annonces, on fait des lois. Mais ni la loi ni les annonces ne modifient le système économique et social. Il faut changer à la fois l’économie, avoir de la justice sociale, et créer les conditions pour que le respect de la nature soit inscrit dans notre loi.”
Jean-Baptiste Fressoz rappelle que “l’État s’est construit comme un État développementaliste depuis longtemps, surtout dans les domaines agricoles. Il est normal que l’on désigne à un moment l’État comme ennemi sur ce genre de luttes. Un énorme changement de cap est nécessaire.”
Les droits d’auteur de ce livre sont versés aux Soulèvements de la Terre.