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La Colombie accueille la COP16 : la dernière chance pour la biodiversité ?

La Colombie accueille la COP16 : la dernière chance pour la biodiversité ?

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Alors que la destruction de la nature s’accélère et que les promesses tardent à se concrétiser, la COP16 sur la biodiversité s’ouvre à Cali, en Colombie. Entre défis sécuritaires et attentes écologiques, 196 pays se retrouvent pour transformer les engagements pris en 2022 en actions concrètes. Cette édition s’annonce décisive : protéger 30 % des terres et mers d’ici 2030, restaurer les écosystèmes dégradés et mobiliser des milliards de dollars pour sauver la nature. Le monde attend des actes.

La 16e Conférence des Parties sur la biodiversité (COP16), organisée par les Nations unies, s’ouvre cette semaine à Cali, en Colombie, avec un message clair : il est temps de passer de la parole aux actes. Lors de la cérémonie d’ouverture, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lancé un appel urgent aux 196 délégués présents : « Nous ne sommes pas sur la bonne voie« . Il a rappelé que la destruction continue de la nature contribue à aggraver les conflits, la faim, les maladies et la pauvreté, tout en sapant les efforts mondiaux pour le développement durable.

Des objectifs ambitieux, mais encore flous

La COP16 est le premier grand rendez-vous depuis l’adoption du Cadre mondial pour la biodiversité obtenue lors de la COP15 à Montréal en 2022. Ce cadre a fixé des objectifs ambitieux à atteindre d’ici 2030, notamment la protection de 30 % des terres et des mers, la restauration de 30 % des écosystèmes dégradés, la réduction de moitié de l’usage des pesticides ou la mobilisation de 200 milliards de dollars par an pour la nature. Toutefois, la mise en application de cet accord traîne. À Cali, les négociateurs devront démontrer que des mécanismes concrets sont en place pour assurer la réalisation de ces objectifs. À ce jour, seuls 31 pays, dont la France, ont présenté leur stratégie nationale de préservation de la biodiversité, une réponse jugée insuffisante face à l’urgence écologique​.

Swann Bommier, responsable du plaidoyer pour l’association Bloom, qui milite pour la protection des océans, déplore que les engagements de 2022 manquent de précision. « Il est facile de s’engager à protéger 30 % des aires maritimes si l’on ne précise pas ce qu’elles représentent« , explique-t-il, en insistant sur l’importance de traduire ces objectifs vagues en mesures concrètes.

Le rôle crucial des pays « mégadivers » comme la Colombie

« Mégadivers » désigne les pays qui abritent l’écrasante majorité de la biodiversité de la planète. Dix-sept États, dont l’Indonésie, la Chine, l’Australie, Madagascar ou encore le Brésil, en font partie.

La Colombie, pays hôte de cette COP16, joue un rôle central dans cette lutte pour la biodiversité. En tant que quatrième pays le plus riche en biodiversité et abritant des écosystèmes critiques, la Colombie a une responsabilité particulière. Le président Gustavo Petro a placé la transition écologique au cœur de son programme politique, faisant de la Colombie le premier pays d’Amérique latine à adhérer au traité de non-prolifération des combustibles fossiles lors de la COP28 à Dubaï. Cette initiative s’inscrit dans une volonté plus large de s’affirmer comme un leader mondial en matière de protection de l’environnement.

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Cependant, la Colombie est aussi l’un des pays les plus dangereux pour les défenseurs de l’environnement. En 2023, 79 militants ont été assassinés, un chiffre alarmant qui témoigne des tensions internes et du contexte sécuritaire délicat dans lequel se tient cette COP16. La ville de Cali est sous haute surveillance, avec 11 000 policiers et soldats mobilisés pour assurer la sécurité des négociateurs et des 140 ministres attendus.

Biopiraterie et peuples autochtones au cœur des débats

Parmi les sujets centraux de cette COP16 figure également la question de la « biopiraterie » – l’exploitation économique des ressources naturelles sans partage équitable des bénéfices avec les populations locales. Antonio Guterres a dénoncé cette pratique, soulignant l’importance d’un partage juste des bénéfices pour les pays en développement qui sont souvent les premiers pillés​. « Les pays en développement sont pillés« , a-t-il pointé, souhaitant que « ceux qui tirent profit de la nature doivent contribuer à sa protection et à sa restauration« .

Les peuples autochtones, souvent en première ligne de la protection de la biodiversité, ont également une place particulière dans cette édition. Leur savoir traditionnel est reconnu comme un atout essentiel pour la préservation des écosystèmes, et plusieurs délégations ont insisté sur la nécessité de placer leurs pratiques au cœur des politiques de biodiversité.

Dans une diatribe contre les « énergies fossiles de la mort », le président colombien Gustavo Petro a fustigé « le CO2 que les méga-riches rejettent faisant payer une prime de risque » aux pays dont les forêts l’absorbent. « Il s’agit d’une véritable contradiction morale et mortelle, ce sont les prédateurs les plus riches qui doivent être taxés pour éliminer le carbone de la production et de la consommation« , a-t-il dit, appelant au développement d’énergies propres.

Sa ministre de l’Environnement, Susana Muhamad, présidente de cette COP16 dont le slogan est « Paix avec la nature », a expliqué que cette paix « implique un changement conceptuel de valeurs ». « La nature n’est pas une ressource. La nature est la fibre de la vie qui nous rend également possibles« . Selon elle, cette COP16 n’est « pas seulement affaire de mise en œuvre de mécanismes » de régulation mais « essentiellement de repenser notre mode de vie, de repenser le modèle de développement, de recomposer, de redécouvrir comment nous vivons ensemble dans la diversité, dans un système qui ne fasse pas de la nature une victime du développement ».

Passer des mots aux actions

Le principal défi de cette COP16 sera de prouver que les engagements pris lors des précédentes conférences peuvent se concrétiser. « C’est le moment pour nous tous de passer de la parole aux actes« , a résumé Gilles Bertrand, ambassadeur de l’Union européenne en Colombie. Les mécanismes de financement, notamment les 200 milliards de dollars par an nécessaires pour la mise en œuvre des politiques de biodiversité, seront l’un des principaux points de discussion​.

Le sommet de Cali représente donc une étape cruciale avant la COP29 sur le climat, prévue dans trois semaines en Azerbaïdjan. Les yeux du monde sont tournés vers la Colombie, qui doit montrer que la mobilisation internationale pour la biodiversité peut se transformer en actions concrètes pour sauver la nature.

Avec AFP

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