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Coronavirus : les animaux sauvages en danger ?

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Ce 5 avril, le département américain de l’agriculture annonce qu’un tigre du Zoo du Bronx à New York a été trouvé testé positif au COVID-19, ainsi que six autres tigres et lions, présentant des symptômes compatibles avec la maladie. Cette détection du nouveau coronavirus chez un animal sauvage est une première puisqu’il constitue le premier cas connu de transmission de la maladie d’un humain à un animal.

Après avoir développé une toux sèche fin mars, Nadia, tigre malaisien âgé de quatre ans, a été testé au COVID-19 le 2 avril, a expliqué le chef vétérinaire du zoo, Paul Calle, à National Geographic. La sœur de Nadia, Azul, deux tigres de Sibérie et trois lions africains souffrent également de toux et de perte d’appétit, bien qu’ils n’aient pas encore été testés. Le zoo a placé les sept félins sous soins vétérinaires et attendent qu’ils se rétablissent.
Selon Paul Calle, bien que la Wildlife Conservation Society, l’organisation à but non lucratif qui gère le zoo du Bronx, ait prévenu par voie de communiqué de presse, on ne sait pas comment la maladie a pu progresser chez ces animaux.

Une contamination due à un soigneur asymptomatique ?

Le coronavirus responsable du COVID-19, apparu en décembre en Chine, serait d’origine animale et se serait ensuite transmis aux humains. Une poignée d’animaux ont été testés positifs à Hong Kong pour le SRAS-CoV-2, le virus qui cause le COVID-19, dont un chien à Hong Kong, et un chat domestique en Belgique. Le cas de Nadia semble toutefois unique car elle a été contaminée par un employé du zoo ne présentant pas de symptômes, selon Paul Calle. L’établissement ignore quel est l’employé à l’origine de cette contamination.

« C’est la première fois, à notre connaissance, qu’un animal (sauvage) est malade à cause du COVID-19 et ce, à partir d’une contamination humaine« , a déclaré Paul Calle. Le tigre Nadia a probablement contracté le coronavirus à partir d’un gardien de zoo asymptomatique. « C’est la seule chose qui ait un sens« , dit Paul Calle. D’autant que les quatre zoo de New York sont fermés aux visiteurs depuis le 16 mars. Si c’est le cas, le soigneur aurait été en contact avec plusieurs autres félins.

Lorsque Nadia a commencé à présenter des symptômes, l’équipe vétérinaire a effectué un certain nombre de tests de diagnostic et de tests sanguins. « Compte-tenu de ce qui se passe à New York, nous avons bien sûr effectué les tests COVID« , explique Paul Calle. L’équipe a prélevé des échantillons au zoo, après avoir mis Nadia sous sédatif. Ils ont envoyé les échantillons à tester au laboratoire de diagnostic de l’État de New York à l’université de Cornell et au laboratoire de diagnostic vétérinaire du Collège de médecine vétérinaire de l’université de l’Illinois.

« Nous avons testé le félin en prenant toutes les précautions et nous nous assurerons que toute connaissance acquise sur le Covid-19 contribuera à la compréhension de ce nouveau coronavirus dans le monde, ajoute le communiqué envoyé à l’Agence France-Presse. Bien que leur appétit ait diminué, les félins du zoo du Bronx se portent bien grâce aux soins vétérinaires et se montrent vifs, alertes et interactifs avec leurs gardiens. »

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« On ne sait pas comment cette maladie va se développer chez les grands félins car les différentes espèces peuvent réagir différemment aux nouvelles infections, mais nous allons continuer à les surveiller de près et à anticiper un rétablissement complet », explique encore l’institution new-yorkaise.

Selon l’USDA et les Centers for Disease Control and Prevention, il n’existe actuellement aucune preuve que des animaux sauvages en captivité puissent transmettre le coronavirus à l’homme, car même s’il existe bien des « coronavirus félins », qui peuvent infecter exclusivement les félins, le coronavirus SARS-CoV-2 n’en fait pas partie et ce dernier est essentiellement adapté aux cellules humaines.

Les animaux sauvages en danger ?

Quels seraient donc les animaux pouvant être des hôtes actuels et futurs de SARS-CoV-2 ? Dans une étude du 19 mars 2020 publiée par la revue Microbes and Infections, on peut lire que parmi les espèces potentielles, on retrouve des mammifères et des oiseaux : pangolins, félins, vaches, buffles, chèvres, moutons, pigeons. Une autre étude, parue le 3 février 2020 dans Nature, évoque les chauves-souris, les civettes, les souris et les cochons.

Pour Paul Calle, cette situation est une première, et de nombreuses questions restent aujourd’hui sans réponse. En particulier sur une contamination inter-espèce : nos ADN diffèrent suffisamment pour qu’il n’y ait a priori aucun soupçon de contamination.

Autre question, celle de savoir si les tigres et les lions sont plus sensibles au coronavirus que les autres animaux. En effet, aucun des autres grands félins du zoo, notamment les léopards des neiges, les guépards, un léopard nuageux, un léopard de l’Amour et un puma, ne présentent de symptômes apparents.

Pour Paul Calle, il est essentiel que l’équipe du zoo du Bronx partage largement les informations de diagnostic avec la communauté scientifique : « Je soupçonne qu’il y ait d’autres cas, et maintenant que nous partageons ces informations, j’ai l’intuition que d’autres cas semblables vont se présenter« .

John Goodrich, scientifique en chef et directeur du programme sur les tigres de Panthera, une organisation mondiale de conservation des grands félins, s’inquiète des populations de tigres sauvages : « Les grands félins comme les tigres et les lions sont déjà confrontés à une litanie de menaces pour leur survie dans la nature. Si COVID-19 se répand dans les populations de grands félins sauvages et devient une cause importante de mortalité, le virus pourrait devenir une préoccupation très sérieuse pour l’avenir de ces espèces« .

Le risque pour les grands singes

L’Homme partage 95 % d’ADN en commun avec les chimpanzés, les orangs-outans, et les gorilles. Si le COVID-19 peut nous atteindre, il peut donc également mettre en danger toute la famille des hominidés. Ce fut déjà le cas en 2016 où une transmission du coronavirus humain (HCoV) OC43 aux chimpanzés sauvages vivant dans le parc national de Taï, en Côte d’Ivoire, « une légère épidémie respiratoire a été observée dans la communauté des chimpanzés de l’Est » entre fin décembre 2016 et début janvier 2017.

Les grands singes pouvant facilement attraper des maladies respiratoires chez l’homme, les gardiens de zoo de tout le pays font donc des efforts supplémentaires pour protéger les grands singes dont ils ont la charge, les experts scientifiques ayant confirmé qu’ils peuvent être particulièrement sensibles aux coronavirus.
Aussi, ce 24 mars, des scientifiques membres du Great Ape Health Consortium ont publié un courrier dans Nature : « COVID-19 : protéger les grands singes lors des pandémies humaines », demandant que toutes les activités touristiques et toutes les activités scientifiques impliquant des grands singes soient temporairement stoppées à travers le monde :

« Le SRAS-CoV-2, le coronavirus responsable de l’actuelle pandémie de COVID-19, est également une menace pour nos plus proches parents vivants, les grands singes. En tant qu’experts de premier plan dans le domaine de la conservation et de la santé de ces animaux, nous demandons instamment aux gouvernements, aux praticiens de la conservation, aux chercheurs, aux professionnels du tourisme et aux organismes de financement de réduire le risque d’introduction du virus dans ces singes menacés. Ils peuvent le faire en appliquant les lignes directrices de l’Union internationale pour la conservation de la nature sur les meilleures pratiques de suivi sanitaire et de contrôle des maladies dans les populations de grands singes.

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On ignore si la morbidité et la mortalité associées au SRAS-CoV-2 chez l’homme sont similaires chez les grands singes. Cependant, la transmission de pathogènes humains, même bénins, aux grands singes peut entraîner des conséquences modérées à graves.

Dans la situation actuelle, nous recommandons de suspendre le tourisme de vision des grands singes et de réduire la recherche sur le terrain, sous réserve d’évaluations des risques afin de maximiser les résultats en matière de conservation (par exemple, le braconnage pourrait augmenter avec moins de personnes à proximité). Ces efforts devraient inclure des moyens de compenser les pertes de revenus du tourisme, tout en prenant soin de ne pas interférer avec le travail visant à sauver des vies humaines. »

 

 

 

 

Photo d’en-tête : ©WWF, January 2019

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