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Nicolas Hulot

Nicolas Hulot part à la reconquête de la biodiversité

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Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, fait de la reconquête de la biodiversité un enjeu primordial dans l’action politique du ministère, au même titre que celui de la transition énergétique, et invite les citoyens, les organisations et les territoires à relever ce défi pour faire face au désastre écologique qui s’annonce. Il présente ce vendredi 18 mai son plan de combat pour la biodiversité.
 
Le cri de détresse de Nicolas Hulot devant les députés « La biodiversité, tout le monde s’en fiche » résonne encore. Pourtant, l’urgence est criante : destruction de milieux naturels, pollutions persistantes, surexploitation des ressources, boom des espèces invasives, climat déréglé… accélèrent toujours plus la disparition de populations animales et végétales.
 

Déclin « vertigineux »

La France possède un patrimoine très riche, avec notamment plus de 16.500 espèces endémiques (à 4/5e en outre-mer), ce qui lui confère aussi « une responsabilité internationale », note l’Observatoire national de la biodiversité (ONB). Mais les chiffres brossent un bien sombre tableau. Une étude choc a récemment montré le déclin « vertigineux » des oiseaux des campagnes : moins 60% de moineaux friquet en 10 ans, moins d’un tiers d’alouettes des champs en 15 ans… selon le CNRS et le Muséum d’Histoire naturelle.
 
En 2016, près d’un tiers des espèces évaluées dans les listes rouges nationales étaient éteintes ou menacées. Les chauves-souris par exemple, utiles insectivores et pollinisateurs, ont perdu près de la moitié de leur effectif entre 2006 et 2014. Selon l’Observatoire, seule la moitié des zones humides, 43% des eaux de surface, et 22% des milieux naturels d’intérêt européen sont en bon état.
 
Autant d’écosystèmes ou espèces qui ne peuvent plus rendre des services pourtant vitaux à l’homme, qu’il s’agisse de fournir eau, nourriture, pharmacopée… de polliniser les cultures, stabiliser les sols ou éviter les crues.
 

Béton et goudron

Pointée du doigt, l’artificialisation des sols a fait perdre depuis 2006 à l’agriculture et aux milieux naturels une surface équivalente au département de la Seine-et-Marne, en grande partie sous la forme de surfaces goudronnées, selon l’ONB. Prairies et pâturages paient le tribut le plus lourd, mais les cours d’eau sont aussi de plus en plus fragmentés par des ouvrages (15 obstacles à l’écoulement pour 100 km de cours d’eau en 2017).
 
En présentant sa vision, en juillet 2017, Nicolas Hulot l’avait affirmé : « L’objectif zéro artificialisation des terres doit demeurer (…). Ne serait-ce que pour garantir la souveraineté alimentaire ».
 
Le ministre avait annoncé « une pause » dans les grands projets d’infrastructures, pour raisons budgétaires. Depuis, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été abandonné. Mais d’autres se poursuivent. Celui du canal Seine-Nord a été relancé, et l’État vient de faire appel d’une décision de justice retoquant la zone d’aménagement d’Europacity, au grand dam des opposants à ce projet de mégacomplexe commercial au nord de Paris.
 
La France est aussi le deuxième utilisateur de produits phytosanitaires en Europe, et championne des dérogations aux interdictions. « La surveillance met en évidence la présence généralisée de pesticides dans les milieux aquatiques », avec « les teneurs les plus élevées dans les zones de grandes cultures, arboriculture et viticulture », note l’Insee dans son bilan environnement pour 2017.
 

La partie vivante de la nature

Derrière le mot obscur de « biodiversité » se cache tout simplement « la partie vivante de la nature », explique le biologiste Gilles Boeuf, ancien président du Muséum national d’histoire naturelle. Il ajoute « La biodiversité a toujours été faite d’espèces qui apparaissaient et qui disparaissaient mais le problème actuel, c’est que ça va trop vite. Il y a eu des grandes crises à certains moments avec des événements extérieurs terribles, comme d’énormes volcans. Mais aujourd’hui, c’est l’humain : c’est la première fois qu’une espèce parmi les 2 millions est responsable ».
La biodiversité est le cœur du « système Terre ». Si elle se dégrade trop, nous les humains « nous partirons avec elle » dit-il. L’économie, l’alimentation, l’agriculture, la santé, les technologies avec le biomimétisme, y sont intrinsèquement liées. Gilles Boeuf utilise une image pour bien nous faire comprendre l’enjeu : « Mon maître, le biologiste Robert Barbault disait  vous faites un beau pullover au tricot puis vous coupez une maille et vous commencez à tirer sur un bout de fil de laine. Tout va partir, je ne sais pas ce qui partira en premier ou en dernier, mais tout se tient. Ça veut dire que si telle espèce disparaît, il y aura forcément un impact sur le reste ».
 

Grosses bêtes

Heureusement, il y a aussi quelques nouvelles positives : la « hausse constante » depuis 10 ans des moyens affectés à la biodiversité (plus de 2 milliards d’euros en 2014), une prise de conscience citoyenne, énumère l’ONB. Des espèces se portent mieux : la loutre, le castor… Mesures et lois se sont aussi succédé, bien que pas toujours appliquées.
 
Hulot, qui évaluera « cet été » son maintien au gouvernement, veut voir les progrès.
« On va changer d’échelle notamment dans les nouvelles formes de production agricole », assure-t-il. « Il faut que dans les collectivités, les citoyens, chacun d’entre nous s’interroge sur sa responsabilité ».
Vendredi, il doit présenter plusieurs « axes de mobilisation », avant consultations et adoption d’un plan en juillet, pour que « la France prenne sa part de responsabilité, qu’on arrête d’empoisonner la nature, d’artificialiser les sols ».
 
En attendant, il a déjà entrepris de favoriser deux grosses bêtes médiatiques, le loup et l’ours, quitte à s’aliéner les éleveurs d’ovins. « On dit bravo et merci » pour les ours, souligne Jean-David Abel, de France Nature Environnement, qui cependant prévient le gouvernement : « Il ne faut pas en faire l’arbre qui cache la forêt« .
 
Source : AFP

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