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Les émissions de gaz carbonique (CO2), principal gaz à effet de serre, devraient baisser en 2015, pour la première fois durant une période de croissance économique mondiale, selon une étude parue lundi 7 décembre, en pleine négociation sur le climat à Paris.
L’étude, menée par 70 chercheurs dirigés par Corinne Le Quere de l’University of East Anglia (Grande-Bretagne) et publiée dans la revue Nature Climate Change, établit que les émissions de gaz carbonique se sont stabilisées en 2014 et devraient amorcer une baisse en 2015. La baisse mesurée, au niveau mondial, n’est pas énorme (-0.6%) mais c’est un signe encourageant. En effet, pendant la même période en 2014, l’économie mondiale a enregistré une croissance de -3.4 % et devrait suivre une trajectoire de +3.1 % en 2015. Contrairement au passé, ces chiffres montrent que le PIB mondial a augmenté sans entraîner une hausse des émissions de gaz à effet de serre.
Le détail des chiffres montre que la baisse est forte et continue dans l’Union Européenne, bon élève qui voit ses émissions diminuer tous les ans de 2,4% depuis 2005. Les Etats-Unis s’en sortent aussi bien avec une baisse de 1,4% par an depuis 2005.
Mais le pays qui fait la différence depuis deux ans, c’est la Chine. Alors que ses émissions de CO2 augmentaient de 6,7% chaque année depuis 10 ans, la croissance est devenue bien plus faible en 2014, à seulement 1,2%. Et en 2015, elles devraient même être négatives. La baisse prévue en 2015 « est notamment due à la baisse d’utilisation du charbon en Chine », précise dans un communique Corinne Le Quéré, directrice du centre Tyndall sur le changement climatique. Il reste certes pour la Chine encore beaucoup de chemin à accomplir, en témoigne les niveaux d’alerte maximum déclenchés à Pékin ces jours-ci en raison d’un pic de pollution dû aux rejets de particules carbonées.
Devons-nous crier victoire et considérer que le « pic » des émissions carbones a été atteint en 2015 ? Les chercheurs sont plus prudents. Ils font observer à l’AFP que « Les besoins énergétiques des économies en croissance reposent toujours essentiellement sur le charbon, et les baisses d’émission dans plusieurs pays industrialisés sont toujours modestes, au mieux ». Corinne Le Quere souligne : « Même si les émissions devaient atteindre un pic bientôt, il faudrait encore des années avant que les émissions mondiales baissent de manière substantielle ». Le CO2 et d’autres gaz à effet de serre restent en effet présents dans l’atmosphère pendant des dizaines d’années.
Il faut toutefois remarquer qu’un mouvement semble être amorcé. En effet, depuis le début de la COP21, les annonces se multiplient, à la fois de la part des États et des entreprises, pour accélérer le développement des énergies renouvelables.
Lundi, c’est 36 pays et 23 institutions qui ont annoncé la création d’une Alliance mondiale de la géothermie dans le but de multiplier par six la capacité de production d’électricité à partir de cette source d’énergie souterraine et de tripler la production de chaleur d’ici 2030. Toujours lundi, Laurent Fabius, le président de la COP 21 a annoncé que 10 milliards de dollars de financements publics avaient été mobilisés par les pays en développement pour aider l’Afrique dans sa transition vers une énergie verte. Ce continent a en effet annoncé son intention de déployer 300 gigawatts de nouvelles capacités de production d’électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici 2030, contre un parc électrique total actuel de 150 gigawatts
Aux côtés des pays, des villes se sont engagées dans une mutation de leur modèle énergétique. Un millier de maires se sont engagés samedi à Paris à œuvrer pour un objectif de 100% d’énergies renouvelables dans leurs villes, d’ici 2050.
Des entreprises suivent également le mouvement. Six entreprises, dont BMW et Coca Cola ont rejoint lundi 47 autres groupes, comme H&M, Goldman Sachs, Ikea ou Nestlé, au sein de l’initiative RE100 pour consommer une énergie 100% renouvelable.
«La COP21 est là pour cela aussi, cela permet d’inciter, pour ne pas dire d’obliger, les pays à faire des annonces », constate dans Libération Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot.
Rédaction avec AFP
Photo A. Bianchi / REUTERS
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