Le problème de la pollution plastique est devenu si grave que les microplastiques sont désormais intégrés aux cycles réguliers de l’atmosphère, circulant autour de la planète comme l’oxygène ou l’eau, selon une nouvelle étude.
Les particules de plastique envoyées dans l’air par les embruns océaniques et les surfaces routières traversent les continents et atteignent les endroits les plus reculés de la Terre, selon une nouvelle étude combinant échantillonnage et modélisation, publiée dans la revue PNAS.
Une grande partie de ce plastique semble circuler dans nos écosystèmes depuis longtemps, ce qui montre à quel point nous devons procéder à un nettoyage massif si nous voulons inverser la tendance. « Nous avons trouvé beaucoup de pollution plastique héritée partout où nous avons regardé », explique la géologue Janice Brahney, de l’université d’État de l’Utah. « Ça voyage dans l’atmosphère et ça se dépose partout dans le monde ». « Ce plastique ne date pas de cette année, ajoute-t-il. Il provient de ce que nous avons déjà déversé dans l’environnement depuis plusieurs décennies. »
Entre décembre 2017 et janvier 2019, les chercheurs ont collecté 313 échantillons de microplastiques en suspension dans l’air sur 11 sites différents dans l’ouest des États-Unis. Ils ont constaté que 84 % des particules de plastique provenaient de la poussière des routes, que 11 % provenaient des embruns marins, que 5 % provenaient des sols agricoles et que 0,4 % était mis sur le compte des sources de population.
En d’autres termes, il s’agit principalement de plastique qui a été broyé sur les routes ou qui s’est accumulé dans les zones de déchets dans l’océan. La pollution par les microplastiques n’est pas seulement concentrée autour des zones urbaines, elle se répand partout, portée par le vent.
Le plastique traverse les continents
Les résultats ont ensuite été intégrés dans un modèle informatique pour tenter de déterminer à quoi pourrait ressembler la répartition mondiale des plastiques dans l’atmosphère. L’équipe a déduit que le temps passé dans l’air par les particules pouvait aller d’une heure à près d’une semaine, ce qui est suffisant pour que le plastique traverse les continents.
Si l’Antarctique, région sauvage et reculée, n’exporte pas de microplastiques dans l’air, il est très probable qu’il en importe, comme le montre le modèle, et il en va de même sur toute la planète. Les microplastiques s’accumulent à peu près partout où les scientifiques regardent, y compris dans les parcs nationaux, les concentrations les plus élevées étant estimées au-dessus des océans.
« En utilisant notre meilleure estimation des sources de plastique et les voies de transport modélisées, la plupart des continents sont des importateurs nets de microplastiques depuis l’environnement marin », explique Natalie Mahowald de l’université Cornell. « Cela souligne le rôle cumulatif de la pollution héritée dans la charge atmosphérique de plastique ».
Bien que la partie modélisation de l’étude utilise quelques suppositions et estimations pour cartographier les microplastiques en suspension dans l’air à l’échelle mondiale, il ne fait aucun doute que ces particules polluantes sont très présentes dans le vent.
À ce jour, près de 10 milliards de tonnes de plastique ont été produites dans le monde depuis le début des années 1900, et on estime qu’entre 12 et 18 % de ces déchets ne sont pas mis en décharge, recyclés ou incinérés.
L’équipe à l’origine de cette dernière étude demande que des recherches plus approfondies soient menées pour déterminer où aboutit tout ce plastique et comment il est distribué dans le monde, ce qui a des répercussions sur les écosystèmes, la faune, la chaîne alimentaire et, en fin de compte, sur notre santé.
« Nous avons fait la modélisation pour trouver les sources, sans savoir quelles pouvaient être ces sources », déclare Natalie Mahowald. « Il est étonnant qu’une telle quantité de plastique se retrouve dans l’atmosphère à ce niveau, et malheureusement s’accumule dans les océans et sur les terres, recircule et se déplace partout, y compris dans des endroits reculés. »
« 84% des micro plastiques viendrait de la poussière des routes…plastique broyé sur les routes… » La grande majorité de la poussière des routes est formée de butadiéne et caoutchouc due à l’abrasion des pneus. Si ce n’est que du plastique broyé sur les routes, la quantité émise est très faible, à moins de rouler sur un tapis de plastique. Cette poussière de pneus s’ajoute aussi à la pollution atmosphérique, et terrestre.