C’est un fait peu connu et qui pourrait surprendre : le grain de café est la deuxième matière première la plus vendue au monde, juste derrière le pétrole … Chaque jour, pas moins de 2,6 milliards de tasses sont dégustée à travers le globe. Après une reprise rapide de la consommation post crise sanitaire, on assiste à présent à une flambée inédite des cours du café. Elle s’explique principalement par une baisse la production mondiale, et devrait continuer cette année à se répercuter sur le prix de la tasse du consommateur.
En matière de boissons, si l’eau est sans surprise la plus consommée au monde, c’est le café qui se place en seconde position. Un succès jamais démenti, et une demande croissante. Effet déconfinement, d’une part, avec la réouverture progressive des établissements où il fait bon s’accouder au comptoir ou s’asseoir en terrasse, mais pas seulement : si les pays les plus gourmands se situent toujours en Europe, la consommation augmente sensiblement dans certains pays Asiatiques, faisant gonfler la demande mondiale. En pole position, le Japon, où elle a grimpé de 30 % depuis les années 1990, suivi de la Chine, où elle augmente de près de 15% par an.
Un petit noir au bistrot
Et la France dans tout cela ? Elle occupe la 17ème place mondiale, avec une moyenne de 5,4 kg par an et par habitant. 8 Français sur 10 savourent quotidiennement leur petit kawa, et plusieurs fois par jour pour 40 % d’entre eux. Acte social et convivial pour les amateurs de bistrots, acte détente et plaisir très apprécié à domicile, réflexe stimulant et réconfortant sur le lieu de travail … Bref, une grande histoire d’amour, puisque le café aurait désormais dans l’Hexagone plus d’importance que le vin (sondage diffusé par TF1 en novembre 2021) !
Mais parce que ne pas râler ne serait pas Français, nombreux également sont ceux qui en boivent mais s’en déclarent insatisfaits… Aussi sont-ils 7 sur 10 à souhaiter trouver le meilleur or noir du marché et même à le rechercher activement, notamment auprès d’experts tels que le meilleurcafe.fr qui proposent des tests, comparatifs et conseils en ligne. Seulement voilà, en 2021 la production mondiale de café a essuyé une sévère baisse, près de 11 millions de sacs manquent à l’appel, l’offre et la demande se talonnent.
Le Brésil tousse, la planète s’enrhume
Le café incarnant parfaitement la mondialisation, il est principalement transformé et commercialisé dans les pays du Nord, alors que sa production est exclusivement située dans les pays du Sud. L’Amérique Latine, qui en assure 70%, domine très largement le marché. On y trouve le premier producteur et exportateur mondial d’Arabica : le Brésil, dont la production pour l’année 2020-2021 a dégringolé de 24,4%. En cause, des conditions de culture extrêmement défavorables, changement climatique oblige.
Fin 2020, de fortes chaleurs doublées d’une importante sécheresse ont mis les caféiers en déficit hydrique, empêchant les graines de gonfler sur les plants. Moins de grains, et de moins bonne qualité … un constat qui a poussé de nombreux exploitants à opter pour une « récolte zéro » en élaguant voire en remplaçant leurs arbustes en préparation d’un avenir plus radieux. Mais en attendant cette reprise de productivité, les récoltes ont chuté de près d’un tiers.
Double peine l’été suivant : un violent épisode de gel a détruit l’équivalent de 6 millions de sacs de grains, impactant précocement la récolte 2022-2023. C’est donc un maillon essentiel du commerce mondial de café qui se retrouve fragilisé : « Quand le Brésil tousse, c’est la planète qui s’enrhume », résumait Grégoire Meurice, gérant des torréfacteurs normands, au micro de BFMTV.
Par ailleurs, le marché a également été entravé durant plusieurs mois chez les deuxièmes et troisièmes exportateurs mondiaux : le Vietnam, en raison d’un confinement prolongé, et la Colombie, agitée par de sévères troubles politiques.
Les prix flambent
Relance de la demande d’une part, chute de la production de café d’autre part, une équation qui ne se résout sans surprise que par une hausse des prix. D’autant qu’à cette problématique de volume s’ajoutent celles des coûts du transport, gonflés par la pandémie, et de la hausse du dollar par rapport à l’euro.
L’évolution sur un an du cours des deux variétés de café les plus produites et consommées au monde est vertigineuse : celui de l’Arabica a plus que doublé, celui du Robusta a atteint son plus haut niveau depuis 10 ans. Globalement, le prix de la matière première a presque triplé en 3 ans.
Au bout de la chaîne, le consommateur Français peut déjà en observer les répercussions. Selon une étude réalisée par France 2, le café de marque distributeur a augmenté de 3% en 2021, et les marques premiers prix de 8%. Cette hausse devrait se poursuivre et l’on s’attend à voir grimper de plusieurs centimes le coût des capsules, voire de plusieurs dizaines de centimes celui d’un expresso au comptoir. Du moins en attendant, patiemment, qu’au Brésil refleurissent les caféiers endommagés …