Une nouvelle augmentation des prix du gaz a été annoncée le 1er octobre et l’électricité suivra début 2022 avec une nouvelle hausse « aux alentours de 12 % ». Dans ce contexte de forte augmentation des prix de l’électricité et du gaz naturel sur les marchés au cours des derniers mois, qui s’est déjà répercutée sur les factures de ceux qui se chauffent au gaz et pourrait l’être dans les prochains mois en électricité, 84 % des personnes interrogées par une étude du médiateur national de l’énergie se déclarent préoccupées par leurs dépenses d’énergie.
Ces dernières années, les prix de l’énergie – gaz, électricité et carburants – ont nettement augmenté en France. En particulier, 97% des Français sont conscients de l’augmentation du prix des tarifs réglementés de vente d’électricité ces dernières années. Pour la moitié de la population française, cette hausse est due aux taxes. Les autres raisons évoquées sont les coûts de production et d’entretien des réseaux. En 2004, l’État a décidé de l’ouverture du capital d’EDF-GDF, transformant les entreprises publiques en sociétés anonymes. L’argument phare était le suivant : introduire la concurrence allait faire baisser les prix, les usagers seraient les grands gagnants. C’est l’inverse qui s’est produit : en vingt ans d’ouverture des marchés de l’énergie, les tarifs ont explosé. Le prix du gaz a doublé.
Interrogés en septembre 2021 par le médiateur national de l’énergie dans le cadre de son baromètre annuel énergie-info, 9 Français sur 10 savent parfaitement qu’ils ont le choix de leur fournisseur d’énergie, mais nombreux sont ceux qui ne connaissent pas bien les règles de fonctionnement du marché et peinent à s’y retrouver.
Précarité énergétique : la situation est préoccupante
Plusieurs indicateurs traduisent une augmentation du nombre de foyers en situation de précarité énergétique :
Les consommations d’énergie sont plus importantes car l’augmentation de cette préoccupation va de pair avec un intérêt plus grand des consommateurs pour l’ouverture des marchés (42 %, en hausse de 4 points). L’hiver 2020-2021 a été légèrement plus rigoureux que l’hiver précédent, nécessitant davantage de chauffage.
En septembre 2021, 26% des personnes interrogées déclarent qu’au moins un membre de leur foyer a fait du télétravail ou a été au chômage partiel depuis 2020 à cause de l’épidémie du coronavirus et pensent avoir consommé davantage d’énergie.
Sont concernés par cette hausse de consommation liée à la crise sanitaire, 53% des cadres et professions intellectuelles supérieures, 42% des professions intermédiaires et 38% des employés. La tranche des 18-44 ans est davantage touchée (44%). L’impact est plus fort en région parisienne et dans les communes de plus de 100 000 habitants (un tiers de leurs habitants). Avec des prix plus élevés et une plus forte consommation, les factures d’énergie impactent davantage le budget des foyers français que l’année dernière. Pour 79% d’entre eux, les factures d’énergie représentent une part importante du budget, soit 8 points de plus qu’en 2020. De ce fait, la consommation d’énergie inquiète davantage les Français. 84% d’entre eux se disent préoccupés contre 79% en 2020 (+ 5 points versus 2020).
Reste à rectifier un certain nombre de fausses idées qui perdurent…
Des idées fausses et des interrogations au sujet de l’énergie persistent
Les consommateurs sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à l’ouverture des marchés. La part de ceux qui ont cherché à obtenir des informations passe de 38% en 2020 à 42% en 2021 (+ 4 points).
Logiquement, les Français qui recherchent des informations connaissent mieux le marché de l’énergie : 95% d’entre eux savent qu’on peut changer de fournisseur d’électricité (contre 85% chez ceux qui n’ont pas cherché d’informations) et 86% ont déjà entendu parler des tarifs réglementés (contre 70%). 90 % des Français déclarent avoir connaissance de l’ouverture à la concurrence des marchés de l’énergie. Néanmoins un tiers d’entre eux n’est pas capable de citer le nom de leur(s) fournisseur(s) d’électricité et/ou de gaz naturel. Et un certain nombre de fausses idées reçues persistent.
Exemples choisis :
Cette connaissance approximative des règles de fonctionnement du marché de l’énergie dans une période où les prix augmentent et où les consommateurs s’interrogent sur les moyens de limiter les impacts de cette hausse sur leurs factures, montre l’importance de mettre à leur disposition des informations neutres et impartiales, transparentes et pédagogiques.
C’est ce que le médiateur national de l’énergie, Olivier Challan-Belval, s’attache à faire au quotidien via le service d’information énergie-info est mobilisé pour accomplir cette mission dans l’intérêt des consommateurs : « Je ne peux que constater l’augmentation de la précarité énergétique. Alors que la trêve hivernale prendra effet le 1er novembre prochain, on peut craindre une augmentation des coupures pour impayés à la fin de la trêve. Il est important que les consommateurs connaissent parfaitement leurs droits et les solutions possibles pour maîtriser le montant de leurs factures d’énergie et éviter d’accumuler des retards de paiement. L’énergie est plus que jamais au cœur de l’actualité et des préoccupations des Français. Elle répond à un besoin de première nécessité et doit rester accessible à tous. »
Des factures plus difficiles à régler
60% des Français ont restreint le chauffage chez eux pour ne pas avoir des factures d’énergie trop élevées et 25% ont éprouvé des difficultés à les payer. C’est en hausse de 7 points par rapport à 2020.
Les plus grandes difficultés des 18-34 ans, déjà observées en 2020, se sont accentuées, sans doute car ils ont été davantage touchés financièrement par la crise sanitaire : 74% ont restreint leur chauffage pour diminuer la dépense (+8 pts) et 46% ont eu des difficultés à payer leurs factures d’énergie (+14 pts).
Quant aux 35-44 ans, ils sont 66% à avoir restreint le chauffage, 35% à avoir rencontré des difficultés de paiement.
Parmi les 26% de Français qui pensent que leur consommation d’énergie a augmenté pendant la période où un membre du foyer était en télétravail ou au chômage partiel, 72% déclarent avoir restreint le chauffage pour ne pas avoir de factures trop élevées.
Quelles « marges de manœuvre » ?
Ce sondage réalisé par l’institut becoming montre donc que 20% des Français ont souffert du froid dans leur logement cette année. Un chiffre en hausse de près de 50% : il n’était que 14% il y a un an. « La situation est préoccupante », alerte Olivier Challan Belval.
La ministre Barbara Pompili estime qu’ « Il y a des marges de manœuvre car nous avons des rentrées supplémentaires avec cette hausse des prix du gaz », ce qui signifie rentrées fiscales supplémentaires pour l’Etat. « On a regardé jusque très récemment pour trouver le meilleur moyen d’aider pour toucher le plus de monde. Nous avons bien pensé à ce que les aides concernent le plus de monde », a ajouté Mme Pompili. « On ne peut penser énergie sans penser mesures de fond. Nous protégeons [les Français] d’urgence, et aussi dans le long terme en les aidant à baisser leurs factures d’énergie, par exemple par la rénovation des logements, et en aidant à ce que les entreprises se décarbonent ». (Source : AFP).
Comme l’annonce Les Echos, la Commission européenne vient de créer en urgence ce mercredi 13 octobre une « boîte à outils ». Une initiative mêlant des mesures temporaires à disposition des Etats et des pistes de réformes à plus moyen terme. Pour atténuer les difficultés sociales engendrées par les cours record du gaz, la Commission incite en priorité les Etats à baisser les lourdes taxes sur l’énergie, notamment des baisses de TVA, et à redistribuer les bénéfices de la hausse des prix aux plus démunis. Elle ouvre la porte à des achats groupés de gaz pour constituer une réserve stratégique, mais est plus prudente sur la refonte du marché de l’électricité réclamée par la France.
Selon Hello Watt, le conseiller énergie des particuliers, la situation n’est pas prête de s’améliorer, malgré le plafonnement du prix du gaz annoncé par le gouvernement en octobre. La facture annuelle incluant l’hiver 2021-2022 serait supérieure de 46% à celle incluant l’hiver 2020-2021, pour un ménage standard en maison chauffée au gaz. Elle passerait de 1 500 € à 2 200 €. « Dans ce contexte, afin de baisser au maximum la facture d’énergie, plusieurs moyens existent. Choisir un fournisseur alternatif compétitif avec une réduction importante sur le prix du kWh permet par exemple d’économiser environ 210€/an. Les travaux d’isolation et de remplacement de chauffage au gaz par une pompe à chaleur sont particulièrement rentables avec cette hausse des prix. » déclare Sylvain Le Falher, co-fondateur d’Hello Watt.