Partout dans le monde, des mouvements paysans naissent et s’organisent en opposition à « l’agrobusiness » et aux OGM afin de préserver la biodiversité et l’avenir de la planète. Ces agriculteurs militent pour une production agricole saine et plus soucieuse de l’environnement. Ils affirment « qu’un autre modèle est possible ». A la recherche des semences perdues… » part à la rencontre de ces paysans qui se sont affranchis des pratiques agricoles industrielles et explique comment ils développent des systèmes d’échanges de semences locales ancestrales, adaptées à la terre et à l’environnement.
Des solutions viables et éprouvées existent sur l’ensemble de la planète, comme en témoignent les exemples développés en France, en Afrique de l’Ouest, en Ethiopie, en Iran et en Indonésie. dans une production multimédia de la RFI, réalisée par Marco Boscolo, Giordano Cossu et Elisabetta Tola.
Aujourd’hui sur le marché, on ne trouve plus que des semences hybrides F1 et des OGM brevetés. 90% du marché des semences mondiales sont contrôlés par les multinationales. Si on supprimait les semences hybrides F1 et les OGM (+) de la planète, il n’y aurait presque plus rien de reproductible.
Pour les agriculteurs, la clé pour une activité durable est la diversité des produits qui passe par la recherche et le développement de semences, récupérées auprès des conservatoires de plantes ou de paysans, particulièrement adaptés au climat et à la terre qu’ils cultivent.
Symbole de cette lutte, les semences paysannes, des semences non hybrides, non OGM, libres de droit de propriété. Elles sont échangées et développées depuis des millénaires, véritables gardiennes de la biodiversité pour toute l’humanité.
La défense des semences traditionnelles, c’est aussi une lutte politique qui unit les agriculteurs du monde entier, à travers l’échange de pratiques… et des graines. Dans plusieurs pays, des associations de paysans veulent empêcher le « hold-up » du vivant par les multinationales. C’est ainsi que des variétés traditionnelles ont été réintroduites grâce aux semences miraculeusement retrouvées ailleurs. Ces agriculteurs peuvent échanger et développer ces graines, car la loi permet de le faire à des fins de conservation, mais elles ne peuvent pas être vendues.
Et dans le futur ? Comme l’explique Patrick De Kochko, président du Réseau Semences Paysannes, il y a ceux qui veulent faire des semences un bien commun, sans valeur commerciale, et ceux qui affirment que les agriculteurs qui développent des semences puissent ensuite les vendre.
Au Sénégal, les organisations paysannes ouest-africaines dénoncent la pratique de la certification des semences. Le défi pour les paysans sénégalais est de continuer à produire leurs propres semences. Il y va de leur survie économique et du futur alimentaire de la région.
En Ethiopie, il existe aujourd’hui 12 banques de semences réparties dans les régions les plus peuplées du pays. Grâce à la caractérisation génétique de 400 variétés de céréales, une cinquantaine ont pu être sélectionnées qui semblent les plus adaptées aux conditions climatiques du pays.
En Iran, des agriculteurs ont mis en place un processus de sélection participative des semences, qui a permis de produire de nouvelles variétés en les testant directement sur le terrain.
En Indonésie, à Florès, une île entre Bali et Timor, l’association Sunspirit for justice and peace, fondée en 2005 à la suite du tsunami, a ouvert un centre pédagogique qui intègre une banque coopérative de semences paysannes et un jardin expérimental. 15 variétés de graines ont déjà été récupérées jusqu’à présent.
Depuis 1961, les semences autorisées à la culture et à la commercialisation en France sont celles inscrites au catalogue officiel des espèces et variétés végétales, exclusivement des hybrides F1 et des OGM.
Comme les médicaments, les semences sont soumises à une procédure d’enregistrement préalable sur le marché. Elles doivent répondre à différents critères de stabilité, d’homogénéité et apporter une amélioration par rapport aux variétés existantes, lorsqu’il s’agit de plantes de grandes cultures. (Les grandes cultures sont composées de la culture des céréales, des oléagineux et des protéagineux. Elles représentent deux tiers des exploitations agricoles.)
Fin 2015, la pétition #YesWeGraine a mobilisé un grand nombre de citoyens et associations, avec l’objectif de proposer un amendement au projet de « Loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages ». Cet amendement autoriserait à nouveau l’utilisation des semences paysannes pour la production agricole. Un changement historique dans un contexte de forte pression des groupes industriels. Le texte, approuvé au Sénat, a été transmis à l’Assemblée nationale le 25 mai 2016. Sera-t-il un vecteur de changement pour les réseaux paysans ?
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