Des têtes aussi jeunes que bien faites ont feuilleté le DICO DU FUTUR DES MÉTIERS DE DEMAIN et m’ont dit : « La différence avec votre génération, c’est que nous on n’a plus envie d’avoir un job qui va juste nous faire gagner de l’argent. On veut un travail qui nous permet de nous épanouir en apportant quelque chose à la société. » ou encore « En clair, on veut plus se limiter à gagner de l’argent, mais on désire gagner notre vie. »
Sans le savoir, ces jeunes font une distinction similaire à celle qu’Hannah Arendt effectue entre l’œuvre et le travail. Pour cette philosophe, l’œuvre désigne la production d’objets destinés à l’usage plutôt qu’à être simplement consommés. Se référant à la production de bâtiments, d’institutions ou d’œuvres d’art, l’œuvre pour elle participe à la fabrication d’un « monde commun » s’inscrivant dans une certaine durée et stabilité. Le travail correspond à l’activité de production des biens de consommation subvenant aux besoins vitaux.
Comment répondre aux légitimes aspirations de ces jeunes ? Le débat est vaste. Le Dico du futur met son obole dans ce tonneau des Danaïdes en leur glissant dans le creux de l’oreille que, aujourd’hui, ils peuvent inventer leur métier et, de ce fait, ne pas le subir.
Ils pourront par exemple demain choisir d’être lunabulleur, techfileur ou locaunier.
Le lunabulleur et techfileur se réfèrent à un courant que la gentry technologique nomme sur le nom de « wearable computing ». L’idée, qualifiée de prochaine révolution informatique, est que les vêtements, ou les accessoires que nous portons vont devenir des objets informatisés et connectés. Les adeptes du toujours plus de technologie frétillent en parlant avec émotion de la sortie prochaine des Google glass. Ces lunettes vont permettre d’envoyer un mail en un clin d’œil, de visualiser des informations, de prendre des photos ou filmer vos interlocuteurs. Elles pourront aussi à terme traduire leurs propos. Lunabulleur est donc le spécialiste des lunabulles ou des lunettes qui affichent des bulles d’informations. Une appellation qui va tenter de remplacer celle de Googleglasseur qui apparaîtra sans doute dans deux ans.
Le techfileur tisse des fils électroniques dans les vêtements. Il les tissera pour le meilleur – par exemple, l’affichage d’une flèche indiquant le changement de direction du cycliste — ou pour le pire – exemple, affichage sur le tee-shirt des messages publicitaires d’une marque.
Le locaunier utilisera aussi des technologies, mais pour répondre à des besoins sociétaux. Ce braconnier des temps modernes chassera les bâtiments vides et contribuera à leur réhabilitation.
Futureusement vôtre !
Le Dico du futur des métiers est un dictionnaire collaboratif augmenté. Vous pouvez acheter la version actuelle (55 métiers, 156 pages, 12 euros) ou contribuer à son augmentation en organisant des ateliers-formation : présentation du dispositif.
(Source : Blog Le vendredi, c’est le jour de… – 3 mai 2013)