Depuis quelques semaines le Freegan Pony, un « resto-squatt » à Paris, propose des plats cuisinés à partir des produits invendus du marché de Rungis.
Pour découvrir le premier restaurant freegan végétarien de France, il faut se rendre dans le troisième arrondissement parisien, au 3ème étage d’un immeuble occupé sans titre particulier. On y croise une jeunesse bigarrée adepte de la philosophie freegan. On vient là pour manger les vendredi, samedi et dimanche pour 5 euros (plus une participation libre), des cakes aux poireaux, crumbles aux pommes ou aux poires, des gratins de légumes variés,… Mais il faut venir tôt car à partir de 21h, l’appartement ferme pour raison de sécurité. Il y a un monde fou : on mange à même le sol parfois, dans une cacophonie joyeuse de mobiler bric à brac de récup’, éclairé à la bougie.
Mi-squat, mi-resto, le Freegan Pony propose donc des repas préparés à partir des fruits et légumes jetés chaque jour par le « plus grand marché du monde ».
« Le but n’est pas de gagner de l’argent, mais de montrer qu’on peut faire de bons plats avec des aliments habituellement gâchés ». En sortant du restaurant, chacun peut également se servir gratuitement en fruits et légumes.
Alladin, le fondateur du restaurant, se rend le matin à Rungis avec les membres de son collectif Probono Publico – « service public » en latin –, pour récupérer les surplus de plusieurs stands en fin de marché. « Cela fait des semaines qu’on bataille auprès de différents commerçants pour qu’ils acceptent de nous donner leurs restes », raconte-t-il. Et une fois arrivés à Paris, vers 10h-11h, il faut faire vite car le cuisinier doit imaginer de suite les recettes pour les utiliser. « Rien à craindre côté fraîcheur, assure Aladdin. Impropre à la vente ne veut pas dire impropre à la consommation. Savez-vous que 60 % des plats servis en restauration sont préparés à l’avance ? Les plats du Freegan Pony, eux, sont faits le jour même ! »
Un mouvement alternatif mondial
Le freeganisme (contraction de « free » et de « vegan »(1), ou gratuivorisme, est un mode de vie alternatif qui consiste à consommer principalement ce qui est gratuit et à créer des réseaux d’entraide qui facilitent ce choix afin de dénoncer le gaspillage alimentaire et la pollution générées par les déchets mais aussi les problèmes de transports (transport écologique), du travail (réduction du temps de travail) et du logement (réquisition citoyenne) dans la société occidentale. (Wikipedia).
Né en 1999 aux États-Unis, le mouvement freegan se veut éthique et alternatif. Après Boston, il commence à essaimer en Europe, notamment à Copenhague. « Les freegan sont ceux qui mangent ou consomment uniquement ce qui est gratuit. Ça n’induit pas d’être végétarien, mais je pense que ça n’aurait pas attiré les gens de manger du steak en fin de vie », explique Aladdin, le soir de l’inauguration au magazine We demain.
Selon des chiffres avancés par le gouvernement, chaque Français jette en moyenne 20 kg d’aliments par an à la poubelle : 7 kg d’aliments encore emballés, 13 kg de restes de repas, de fruits et de légumes abîmés et non consommés. C’est souvent à cause d’une date de péremption dépassée que l’on suit souvent trop scrupuleusement alors que le produit est encore bon pendant quelques jours, que le gâchis devient indécent.
Selon un sondage TNS Sofres, 54% des Français considèrent que la lutte contre le gaspillage est quelque chose d’important à mener au quotidien et 57% en parlent avec leur entourage.
Le Freegan Pony devrait donc avoir de beaux jours devant lui, si on le laisse dans son site actuel qui est aujourd’hui menacé de fermeture…
Freegan Pony, 64 rue de Saintonge – 74003 – Paris
(1) mode de consommation basé sur la non-exploitation animale