Les cicadas sont des insectes de la famille des cigales, originaires d’Amérique du Nord, qui peuvent rester tapies dans le sol pendant 17 ans puis se réveiller soudain, et s‘envoler en essaim de plusieurs milliers d’individus pour se propager et se reproduire.
« Nous nous sommes dits, pourquoi ne pas concevoir des engins volants qui auraient un profil similaire: être tellement nombreux, que l’ennemi ne pourrait pas tous les attraper », explique à l’AFP Aaron Kahn, chercheur au laboratoire de la Marine américaine.
C’est de cette idée qu’est né Cicada, de son vrai nom technico-militaire « Close-In Autonomous Disposable Aircraft », présenté cette semaine au « Lab Day » du Pentagone. Il s’agit d’un mini drone qui tient dans la main et ressemble furieusement à un petit avion en papier. Il est d’ailleurs surnommé « avion origami » puisqu’il se présente, avant utilisation, comme une plaque de circuits imprimés de la taille d’une feuille de papier standard, qu’il faut plier selon le mode d’emploi pour la transformer en drone.
Il n’a pas de moteur mais se fait larguer en haute altitude par un avion (ou un autre drone) et est capable de planer à plus de 70 kmh pour atteindre ses zones cibles grâce à son GPS et son gyroscope embarqués. Sans moyen de propulsion, en silence, indétectables, intelligents, les essaims de Cicada peuvent être redoutables. D’autant qu’au cœur de l’appareil sont logés des capteurs de toutes natures ainsi qu’une puce téléphonique permettant d’envoyer des signaux au centre de contrôle. Le prototype ne coûte actuellement que 1000 $. Le prix devait baisser sous les 250 $ rapidement.
Quel est l’intérêt d’un tel engin ? Une cigale tapie près d’une route avec un capteur acoustique peut permettre d’analyser des passages de véhicules. Les possibilités de déploiement en essaim pourraient être utilisées dans la lutte anti-sous-marine, ou pour acheminer des doses de vaccins pour des soldats isolés et en danger. Un capteur sismique embarqué pourrait analyser tous mouvements de véhicules. Doté d’un microphone, il pourrait s’avérait fortement indiscret et retransmettre des conversations à distance. L’imagination des militaires, faisons-leur confiance, est sans borne.
Les applications civiles sont aussi évoquées comme par exemple la distribution par des essaims de cicadas de mini capteurs permettant de mesurer au sol des mouvements des masses d’air pour prévenir plus efficacement les tornades ou autres événements climatiques brutaux.
En dépit de leur apparence inoffensive, ces mini-drones cicadas ne sont pas des jouets et pourraient remplir des fonctions d’espionnage ou de surveillance d’une efficacité inégalée. Une innovation dont les applications seront à surveiller attentivement.
Crédit AFP – Photos Laurent Barthelemy, AFP.