Une Manufacture (d’armes), une plaine (Achille), une fabrique (de l’innovation), des laboratoires (des usages et pratiques innovantes), une grande usine (créative), des plateformes (technologiques), des hôtels (à projet), un village (by CA), un centre (des Savoirs pour l’Innovation), une conciergerie, des incubateurs, des accélérateurs…et même un Mixeur ! Tout commence comme un inventaire (à la Prévert) … pour prendre des allures de complainte (du progrès) … et finir comme un quartier révolutionnaire, tout entier dédié à l’innovation et, qui plus est, sans égal en France… pour le plus grand bonheur des habitants de Saint-Etienne.
Saint-Étienne, l’innovation en ordre de marche ! Le quartier Manufacture-Plaine Achille illustre l’aspiration de toute une ville pour la nouveauté et l’activité. En collaboration avec la ville et la métropole, l’Établissement Public dédié à l’aménagement de la ville de Saint-Étienne (EPASE) a mis en place un projet urbain aussi audacieux que complet dont l’ambition portait tant sur la reconversion d’un ancien site industriel de 31 000 m² que sur le développement d’un quartier attractif dont le rayonnement serait aussi bien régional, national qu’international.
L’objectif était alors de se projeter dans le XXIe siècle, d’anticiper l’économie et les technologies du futur. Bénéficiant de nombreux équipements structurants, Manufacture Plaine Achille est devenu un lieu d’excellence, la « station M » de Saint-Étienne.
Ce quartier est, à lui seul, un véritable écosystème intégré dédié aux services créatifs et innovants portés, entre autres, par des institutions reconnues à l’image de Manutech, de la Cité du design, de l’ESADSE ou encore de Telecom Saint-Étienne.
Manufacture Plaine Achille est désormais reconnu comme le quartier des métiers créatifs, de la matière grise et de l’innovation. Il offre au sein d’une ville-parc une proximité géographique entre entreprises, designers, chercheurs, étudiants et habitants favorisant de fait les échanges, les synergies et la créativité.
Cette organisation est le résultat d’un développement porté par l’aménageur et ses partenaires « couche après couche ». Les différentes opérations ont toutes été pilotées dans le cadre d’un programme d’ensemble tant sur le plan urbain qu’économique. Tout un chacun peut donc habiter et travailler à Manufacture-Plaine Achille mais aussi étudier et rechercher, explorer et inventer.
Cet environnement a également été pensé pour être le plus favorable à la création d’entreprises innovantes. En accompagnant ce processus, l’EPASE avec la Caisse des Dépôts a conçu des programmes immobiliers adaptés à l’émergence de startups : incubateurs, accélérateurs et pépinières d’entreprises. De fait, depuis leur création jusqu’à leur pleine maturité, de nombreuses « jeunes pousses » se sont vu appuyées et soutenues.
Douze ans plus tard, le quartier bat son plein et la ville comptabilise 2 000 créations d’entreprises avec, à la clef, 4 000 emplois nouveaux. Un succès.
Pour mettre en œuvre un écosystème complet dédié à la recherche et à l’innovation, l’EPASE avec l’Université et ses partenaires développe actuellement, en co-maîtrise d’ouvrage, un projet inédit, la Centre des Savoirs pour l’Innovation (CSI) dont le chantier a débuté le 23 juillet 2018.
Le CSI a été conçu pour réunir science, ingénierie et innovation. Véritable creuset scientifique, ce lieu est destiné à accueillir un public large d’étudiants, d’enseignants, de chercheurs, d’entreprises qui pourront interagir avec l’ensemble des acteurs présents sur le site. En effet, la stratégie mise en place permet au CSI de bénéficier d’une proximité géographique directe avec l’université Jean Monnet Lyon-Saint Etienne (UJM), l’école Telecom Saint-Étienne, l’Institut d’Optique, Manutech et la faculté des sciences. Une partie des services qu’il proposera seront également proposés aux structures non universitaires du Quartier Créatif telles que la Cité du design, l’École Supérieure d’Art et Design de Saint-Étienne (ESDASE), les entreprises de la Grande Usine Créative et celles installées au Mixeur pour mieux croiser les expériences et encourager les rencontres.
Le CSI sera donc, à Saint-Étienne, le lieu de l’innovation scientifique, technologique mais aussi pédagogique. Il s’articulera autour de trois pôles dédiés à la formation, aux ressources documentaires et à l’innovation-entrepreneuriat transfert de technologie.
La Grande Usine Créative
L’environnement proposé par ce centre sera propice à la valorisation de la recherche et à sa diffusion. Une agora publique accueillera, en ce sens, des animations et des événements. En plus d’assurer le lien avec la vie du quartier, ce lieu constituera une véritable vitrine pour le CSI.
Promis pour 2020, Le CSI complétera un campus urbain d’excellence situé au cœur de la métropole, réunissant plus de 1300 étudiants. Le centre sera avant tout destinés aux élèves des premiers et deuxième cycle pour les enseignements de physique, chimie, mathématiques et géologie. Il sera en outre pensé pour professeurs, chercheurs mais aussi entrepreneurs.
Qu’est ce que le Centre des Savoirs pour l’Innovation ?
Philippe Colantini : Le CSI sera le prochain équipement inauguré sur le campus Manufacture. Le chantier de la première phase vient à peine de débuter. En 2020, il sera opérationnel et constituera l’une des pierres angulaires du quartier créatif. Cette initiative complète l’offre universitaire de Saint-Etienne qui dispose déjà dans le quartier de Manufacture-Plaine Achille de nombreux locaux dont ceux de la faculté des Sciences et Techniques ou encore les laboratoires de Télécom Saint-Etienne.
Quelle est l’ambition de ce projet inédit ?
PC : Ce projet est porteur d’excellence en formation, en innovation pédagogique et en recherche. Nous souhaitons réunir sous un même toit chercheurs et entreprises. Pour ce faire, le CSI réunit plusieurs entités. Parmi elles, la Fabrique de l’innovation et son FabLab, l’incubateur de l’UJM, une plateforme technologique et un hôtel à projet permettant d’une part, la valorisation de l’innovation et, d’autre part, le transfert des connaissances depuis l’université vers le monde de l’entreprise. Le CSI sera également un lieu où des industriels pourront aisément venir pour solliciter étudiants et chercheurs pour mettre en œuvre des projets nouveaux. Bref, ce nouvel équipement réunira pour la première fois un ensemble de services jusqu’alors séparés pour former un ensemble cohérent et parfaitement opérationnel.
Le CSI est aussi un lieu d’innovation pédagogique. Comment ?
PC :L’innovation ira effectivement jusqu’à la mise en place d’une pédagogie nouvelle. Ce bâtiment offrira des espaces généreux permettant le coworking, les travaux en workshop ou encore la mise en œuvre de projets totalement autonomes. Le CSI accueillera également le « Labex », une école universitaire de recherche (EUR) dont le principe est de faire le lien entre recherche et enseignement. Le but étant de faire du CSI une « graduate school » de haut niveau.
Le CSI proposera-t-il d’autres aménités ?
PC : Nous mettons en place dans les murs du CSI un learning center qui sera bien plus qu’une bibliothèque. Nous travaillons pour ce projet à la notion de services que nous imaginons parfaitement adaptés aux besoins du quartier créatif de Manufacture-Plaine Achille. L’objectif est d’offrir une bibliothèque dite de nouvelle génération en lien avec les autres dispositifs du quartier. Nous souhaitons mettre en place un dispositif inédit de prêts, non pas de livres mais d’équipement technologiques comme, par exemple, des lunettes de réalité augmentée, des systèmes de captations ou encore des dispositifs d’immersion. Nous sommes encore en phase d’étude pour ce projet car il faut pour sa mise en œuvre le compléter d’un service de maintenance.
© Futur Centre des Savoirs pour l’Innovation, K Architectures
Le Centre des Savoirs pour l’Innovation incarne cette volonté tenace de la Métropole d’associer les mondes universitaire et économique, autrement dit, la recherche à l’entreprenariat. Ce nouvel équipement offrira en plus de salles d’enseignement adaptées et d’ateliers modulables, un fablab – la Fabrique de l’innovation – un incubateur de l’UJM, des plateformes technologiques et un hôtel à projets.
L’ambition de ce projet est de renforcer l’attractivité économique de Manufacture- Plaine Achille en favorisant l’essor de nouvelles startups. Pour ce faire, l’EPASE, avec le soutien de la Caisse des Dépôts, a développé, en parallèle, une offre d’hébergement évolutive en fonction de la croissance des startups.
L’ancienne imprimerie de la manufacture d’armes a ainsi été transformée en 2013. Elle accueille un tiers lieu et une pépinière d’entreprise, « Le Mixeur », qui sur 5 300 m² propose des espaces adaptés au travail collaboratif mais aussi à la création d’entreprises. Inaugurée en 2017, la Grande Usine Créative imaginée dans les anciens bâtiments de la Manufacture d’Arme propose, quant à elle, d’accompagner la croissance des entreprises créatives et innovantes en offrant un large choix de locaux avec des solutions modulables et des espaces partagés (espaces de coworking, salles de réunion, espace de convivialité…).
Elle abrite également un puissant accélérateur de startups, « le Village by CA », un hôtel d’entreprises géré par la Métropole, destiné aux startups en sortie de pépinière et des locaux de très petites tailles avec des baux « souples » pour des entreprises indépendantes.
Pour étendre l’accueil de nouvelles startups, 2000 m² supplémentaires seront livrés par l’EPASE au sein de la Grande Usine Créative en 2020.
Parallèlement à la production des aménagements et à la réalisation de programmes immobiliers, la Métropole propose de nombreux outils pour soutenir l’entrepreneuriat et accompagner les créateurs d’entreprises. Cette politique ambitieuse implique la création d’espaces dédiés mêlant hébergement et services, le tout adapté à l’évolution rapide des startups. La Métropole met ainsi en place un véritable parcours allant de l’incubateur à l’accélérateur. Une offre de services complémentaire est également proposée par la Métropole qui organise notamment les petits déjeuners des créateurs, les after-work de la création, des rencontres grands comptes ou encore des rencontres académiques.
Cette politique prend plus de sens encore alors que les différents lieux, fab lab, Mixeur, Fabrique de l’Innovation se montrent accessibles et ouverts à tous.
Enfin, une offre de services plus spécifique permet le passage « de l’idée/concept au démonstrateur/prototype ». Elle vient en soutien aux projets individuels et/ou collectifs et permet de faciliter la fertilisation croisée. La créativité se trouve notamment stimulée par l’organisation de « séances de créativité » qui s’insèrent dans une méthodologie ad hoc développée sur le quartier : « le Laboratoire des Usages et Pratiques Innovantes ».
Parc François Mitterand
Fort de son développement, Manufacture-Plaine Achille envisage sereinement l’avenir et promet la création autour du vaste parc François Mitterrand réalisé par le paysagiste Alexandre Chemetoff près de 230 000 m² de constructions neuves ou réhabilitées. Une offre complémentaire adaptée proposera autour de la Manufacture des locaux permettant tests et prototypages nécessaires à toute innovation. Cet immobiliser sera souple et modulable afin de s’adapter à la croissance rapide des startups stéphanoises.
Manufacture-Plaine Achille fera cependant la part belle à la mixité, cette source de créativité. Des programmes de logements seront ainsi développés à proximité des nouveaux équipements culturels mais aussi du parc François Mitterrand. De généreux appartements familiaux y seront construits, tous bénéficiant de larges espaces extérieurs pour offrir un cadre de vie agréable au cœur même de la Métropole.
La qualité architecturale mais aussi l’exemplarité environnementale de ces opérations seront dès lors au cœur des préoccupations de l’EPASE pour parfaire l’image de Manufacture-Plaine Achille, quartier créatif.
Le Qu4tre, immeuble « écologiquement vertueux », doté notamment d’un chauffage par géothermie et de panneaux photovoltaïques. / Esquisse Frédéric Busquet Architecte
Vous développez dans le secteur Manufacture-Plaine Achille, un immeuble de bureaux en auto-promotion. De quoi s’agit-il exactement ?
Frédéric Busquet : Le second projet est effectivement un ensemble de bureau réalisé en autopromotion. Alors que nous développons notre activité d’architecte et que nos partenaires ingénieurs et économistes, entre autres, suivent cette même courbe ascendante, nous voulions créer conjointement un nouvel espace de travail qui puisse être également la vitrine de nos savoir-faire.
Nous avions déjà réalisé ensemble nos premiers locaux, un immeuble de 1500 m², le « Roc acier ». Aujourd’hui, nous construisons 4500 m² de bureaux pour abriter l’ensemble de nos activités mais aussi accueillir d’autres entreprises, parmi elles, une agence de publicité et une agence d’intérim. Ce bâtiment sera écologiquement exemplaire en étant 100 % passif. Ses façades seront totalement ouvertes sur l’extérieur et nous bénéficierons de jardins, de terrasses et d’espaces mutualisable entre nos différentes entreprises. Nous avons conçu un projet technique certes, mais aussi simple dans son fonctionnement. D’être son propre client permet, en évitant de rechercher une marge, de construire bien mieux.
Comment l’EPASE a-t-il réagi face à ceprojet en auto-promotion ?
FB : L’EPASE nous a vendu le foncier en étant vigilent sur la qualité de notre projet. Ils ont mené un véritable travail d’accompagnement tant sur la forme du projet que son positionnement. Ces discussions n’ont jamais été contraignantes, bien au contraire, elles sont venues enrichir notre proposition.
Quel regard portez-vous sur l’action de l’EPASE ?
FB : L’EPASE mène une action exemplaire depuis plusieurs années à Saint-Étienne et nous bénéficions aujourd’hui d’espaces publics qualitatifs qui participent à la transformation rapide de la ville. La Manufacture est désormais un site qui arrive à pleine maturité et qui illustre parfaitement l’ambition de l’établissement public. Nous assistons, dès lors, à cet endroit, à la création d’une polarité. Nous sommes désormais sur un foncier qui est, sans doute, l’un des plus chers de Saint-Étienne qui comptait, il y a eu encore, parmi les villes les moins chères de France. Le système évolue progressivement et créé ainsi les conditions d’une petite pression foncière illustrant une attractivité recouvrée. En outre, le secteur Manufacture-Plaine Achille, de par son développement, mais aussi avec l’arrivée de la seconde ligne de tramway permet de réunir la gare et la technopole au sein d’un ensemble urbain cohérent.
La Biennale est l’événement phare permettant à Saint-Etienne de devenir un petit Londres. Pour Marc Chassaubéné, Vice-Président de Saint-Etienne Métropole, chargé du Design et du Numérique, « Ce moment fort de la vie culturelle et économique stéphanoise offre de la visibilité à la ville mais surtout à ses acteurs. De par sa dimension internationale, la Biennale est un coup de projecteur sur des pratiques nouvelles mais aussi des entreprises innovantes. Elle est, en outre, un formidable tremplin. Nous souhaitons de fait que les entreprises s’approprient davantage l’événement car il constitue la possibilité de rencontrer les grands comptes qui pourront porter des projets à leur pleine maturation. La Biennale est un générateur d’opportunités.
La XIe édition de la Biennale de Saint-Étienne se tiendra du 21 mars au 22 avril 2019. La dimension internationale de l’événement sera davantage renforcée encore l’année prochaine avec le commissariat assuré par Lisa White, américaine, diplômée de Sciences Politique à Washington. Pour cette Xie édition, la Biennale a confié à cette experte en tendance les rênes de l’événement qui, à n’en point douter, sera un temps fort de la création et de l’innovation à l’échelle mondiale. »
Comme l’explique Line Rival, chef de projet du quartier Manufacture-Plaine Achille à l’EPA Saint-Étienne, le projet pour la Manufacture-Plaine Achille porte sur la production de 230.000 m² nouveaux dont 30.000 m² en réhabilitation. Pour ce faire, a été initiée une étude de programmation dont les conclusions sont attendues fin 2018. Un Plan Guide sera, fort de cette réflexion, édité au premier semestre 2019. La phase opérationnelle – même si elle a d’ores et déjà débutée – sera plus largement engagée à partir d’avril 2019.
« À travers la succession de crises industrielles et urbaines qu’elle a traversées, la ville de Saint-Etienne a su démontrer sa capacité à se reconstruire, avant que le design ne soit mis en avant comme le fondement de cette réinvention. Les bâtiments de l’ancienne Manufacture d’Armes, cœur vivant d’un quartier créatif en pleine effervescence, offrent désormais un palimpseste de la manière dont ils ont su à travers le temps, depuis leur première pierre en 1864, se transformer pour accueillir de nouvelles fonctions et de nouveaux usages. Bâtiment-outil malléable à l’évolution des modes de production industrielle, friche urbaine ouverte à la demande sociale de grands équipements culturels (Cité du design, 2006, Finn Geipel), universitaire (Centre des savoirs pour l’innovation, 2019, K Architecture) ou de proximité (crèche et groupe scolaire, 2012-2013, Alexandre Chemetoff et associés), à l’expérimentation temporaire (fab-lab), sans tourner le dos à la ville productive par l’accueil de startups et d’espaces de co-working (Grande Usine Créative, 2017 – Agence Vurpas).
Tous ces architectes ont ainsi trouvé là matière à exprimer, à travers leur propre sensibilité et les exigences d’un programme, leur rapport au patrimoine et à la modernité. La Manufacture constitue ainsi un modèle pour le projet d’aménagement porté par l’Etablissement Public d’Aménagement de Saint-Etienne et forgé autour des notions de réemploi et d’économie inventive chères à Alexandre Chemetoff qui en fut le premier maître d’œuvre urbain (2008-2017). »
Stéphane Quadrio, directeur de l’aménagement à l’Établissement Public d’Aménagement de Saint-Étienne.
Image d’entête : Maquette du quartier Manufacture-Plaine Achille à l’échelle 1/500 / Agnès et Olivier Doizy – Maquettistes
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