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Photographie, arme de classe

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L’exposition que présente le Centre Pompidou jusqu’au 4 février 2019 rend hommage à la photographie documentaire et sociale en France entre 1928 et 1936, proposant un nouvel éclairage sur l’idée d’engagement pendant l’entre-deux-guerres. A travers une trentaine de documents inédits et une centaine d’œuvres où se côtoient les grands noms de la photographie moderne (Jacques-André Boiffard, Henri Cartier-Bresson, Chim, André Kertész, Germaine Krull, Eli Lotar, Willy Ronis, René Zuber), l’exposition interroge le passage d’une iconographie pittoresque de la pauvreté vers une conscience sociale et l’expérimentation d’un langage à la croisée du discours critique, du geste militant et de l’esthétique du documentaire.
 
« Conçue principalement à partir de la collection Christian Bouqueret et du fonds Eli Lotar au Musée national d’art moderne, elle met en regard une riche documentation de photos et de presse illustrée empruntée à des fonds privés et publics. Entre propagande et poésie, pratique professionnelle et amateur, elle donne à voir comment s’est instituée – souvent en marge du Parti, dans les cercles militants, les syndicats et les organisations culturelles – une « éthique de l’image partagée » qui marque l’entrée dans un nouvel âge de la modernité photographique. »( Source : La Vie des idées / Collège de France)
 
 
« Photographie, arme de classe », c’est ainsi que le journaliste Henri Tracol (1909-1997) ouvre son texte manifeste destiné à fédérer la section photographique de l’association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR). L’association fondée en 1932 à Paris, dans un contexte de montées des crispations politiques, économiques et sociales, rassemble à côté d’autres branches du front artistique et culturel (théâtre, chants, cinéma, littérature, peinture, etc.), les photographes parmi les plus engagés de l’avant-garde parisienne : Jacques-André Boiffard, Henri Cartier-Bresson, Chim, André Kertész, Germaine Krull, Eli Lotar, Willy Ronis, René Zuber, et bien d’autres encore. Aux côtés d’amateurs ou d’ouvriers qu’ils accompagnent dans leur pratique de la photographie, ces derniers ont expérimenté un langage à la croisée du discours critique, du geste militant et de l’esthétique du documentaire. Ils se sont appuyés sur les exemples soviétique et allemand tout en poursuivant une voie propre au contexte social et politique français.
 
Organisée à partir de la collection des photographies du Musée national d’art moderne, cette exposition est le fruit d’une intense collaboration scientifique de près de trois ans associant de jeunes chercheurs du Labex Arts-H2H et le Cabinet de la photographie du Musée. Les recherches visant à identifier et à contextualiser les photographies sociales de la collection Christian Bouqueret acquises en 2011 (sept mille tirages environ) viennent combler un manque dans l’histoire de la photographie de l’entre-deux-guerres en France.
Le projet met ici de côté le répertoire du Front populaire et les icônes de la guerre d’Espagne qui résument encore aujourd’hui largement l’idée d’engagement pour l’époque. La période qui précède ces deux moments majeurs de la décennie est un véritable laboratoire du regard social et engagé, dont il reste à écrire l’histoire.
 
Articulée autour d’axes thématiques et de séries formelles, au travers d’une sélection d’une trentaine de documents inédits et d’une centaine d’œuvres où se côtoient les grands noms de la photographie moderne, l’exposition interroge le passage d’une iconographie pittoresque de la pauvreté vers une conscience sociale : du Paris d’Eugène Atget au regard aiguisé de l’auteur russe Ilya Ehrenbourg, témoin aussi subjugué qu’atterré par le tableau de misère qu’offre la capitale en ce début des années 1930. Les pratiques spécifiques, tel le photomontage, font l’objet d’un éclairage particulier avec l’architecte et militante Charlotte Perriand qui a saisi le potentiel de « déflagration » du montage photographique.
Enfin, les thématiques iconographiques récurrentes, de l’image de l’ouvrier à la représentation du collectif en lutte sans oublier les stratégies de la presse illustrée de gauche (Regards, Vu), permettent de compléter une image encore lacunaire de la photographie documentaire et sociale de l’entre-deux-guerres tout en s’appuyant sur des découvertes récentes.
 
 
Parcours de l’exposition :
 
Chapitre 1 : Exposer la vie sociale
Chapitre 2 : Réinventer l’illustré
Chapitre 3 : Du pittoresque au social
Chapitre 4 : Des taudis à l’Eden ouvrier
Chapitre 5 : La photographie qui accuse
Chapitre 6 : Mobilisations
Chapitre 7 : Théâtres extérieurs du conflit social

 
L’exposition « Photographie, arme de classe » est organisée par Damarice Amao (assistante de conservation au cabinet photo du Centre Pompidou), Florian Ebner (chef du cabinet photo au Centre Pompidou, où il est conservateur), et Christian Joschke (commissaire scientifique).

 
Exposition du 7 novembre 2018 au 4 février 2019 de 11h à 21h – Galerie de photographies – Centre Pompidou, Paris
Entrée libre
 
Pour aller plus loin 
Entretien avec Christian Joschke  par la Vie des Idées / Collège de France
 

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