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Les Instituts de Recherche Technologique, deux ans après…

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Lancés dans le cadre du programme d’investissement d’avenir, les Instituts de Recherche Technologique ont pour mission de développer des filières technologiques et économiques très compétitives. Thématiques, orientés marchés et interdisciplinaires, ils rassemblent des compétences académiques et industrielles pour leur permettre d‘innover dans des domaines stratégiques pour la France.

Leur deuxième forum national fin octobre qui s’est tenu à Nantes, troisième région industrielle de France, en présence de Jean-Marc Ayrault et Louis Schweitzer, est l’occasion de tirer un premier bilan, deux ans après leur démarrage.

Investir aujourd’hui pour la croissance de demain

Le rapport Juppé-Rocard est à l’origine du programme Investissements d’avenir, pour relever le défi de la compétitivité et faire émerger un nouveau modèle de croissance, avec six axes stratégiques pour l’avenir. Ces investissements ont vocation à promouvoir l’excellence française en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Ils financent un continuum d’action allant de la recherche fondamentale à l’innovation industrielle, en passant par la formation, le transfert de technologie, la maturation,…

Les IRT – Instituts de Recherche Technologique – ont donc été créés avec pour mission de développer des filières technologiques et économiques très compétitives. Huit IRT existent aujourd’hui, répartis sur le territoire.  

Plus de 120 projets de recherche ont été lancés

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D’une durée moyenne de 3 ans, ces projets commencent à apporter des résultats concrets : des démonstrateurs, des premiers brevets (une quinzaine déjà déposés alors que les premiers projets de recherche ne sont pas encore arrivés à leur fin), des startups en gestation ou création (trois en cours). Et les IRT montrent au quotidien qu’ils sont en mesure de monter et démarrer de nouveaux projets de recherche en six mois environ, ce qui est un véritable atout.

Près de 150 PME technologiques sont entrées dans les IRT

Elles participent aux projets de recherche au côté des grandes entreprises et des académiques. Elles représentent 2/3 des partenaires industriels des IRT et ce ratio devrait encore augmenter. Ainsi, les IRT jouent un rôle important pour stimuler la recherche collaborative entre grandes groupes et PME et à renforcer la dynamique des acteurs au sein de filières industrielles.

Une cinquantaine d’équipements structurants, de plateformes et de moyens d’essais ont été mis en place : ils confirment l’importance de la recherche expérimentale en condition industrielle (échelle 1) pour accélérer l’innovation et le transfert vers le marché. Ces moyens, souvent onéreux, sont mutualisés au sein des IRT, générant des économies importantes et offrant un accès aux PME.

Un engagement à l’international, et en particulier au plan européen

Une dizaine de projets de recherche a été déposée ou sont en cours de dépôt dans le cadre des appels à projets du programme cadre de l’Union Européenne, Horizon 2020, lancé début 2014. La mutualisation des compétences et expériences permet ainsi d’embarquer à l’Europe de nombreux partenaires qui n’ont pas la taille critique pour y aller seuls : PME mais aussi ETI et académiques.

La plupart des IRT ont commencé à développer des programmes dans des domaines complémentaires à la recherche : innovation, accompagnement des PME, accompagnement des startups, formation initiale et continue. En particulier, les IRT ont engagé ensemble un projet concernant la formation des doctorants accueillis dans les IRT (connaissance de l’entreprise, recherche et innovation industrielle, propriété intellectuelle…) pour les préparer à s’insérer dans les entreprises.

Dans la plupart des IRT, le projet est largement accompagné par les collectivités locales (notamment sur les bâtiments, les équipements, les programmes PME) et l’ensemble de l’écosystème, ce qui accentue l’effet structurant des IRT. En particulier, la démarche de rapprochement avec les pôles de compétitivité permet de renforcer l’effet d’entrainement et de diffusion des IRT dans l’ensemble du tissu industriel.

Photo ©UP’ Magazine

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L’innovation au service de la création de valeur

Gérald Lignon, Président de l’IRT Jules Verne de Nantes et Président de l’association des Présidents IRT, qui se situe dans la dynamique des premiers résultats, met l’accent sur l’IRT, accélérateur de l’innovation mais aussi outil de développement des PME. « L’IRT est un modèle qui montre aujourd’hui des résultats, donc qui fonctionne. C’est un modèle collaboratif et efficace, qui a su intégrer les PME malgré l’engagement initial sur dix ans : 50 % de PME nous accompagnent. Les IRT sont une locomotive tirant en avant notre écosystème, en tissant des liens entre les IRT eux-mêmes, entre les académiques et les grands groupes. »
Nous lançons donc l’Association des Présidents d’IRT pour asseoir l’engagement de promotion dans une visibilité nationale et internationale. Première discussion : comment continuer à améliorer les IRT ? Comment les rendre plus agiles, plus simples et plus rapides pour obtenir plus de résultats ? »

Jean-Marc Ayrault : « Les IRT sont entrés en vitesse de croisière »

« En tant que Maire de Nantes, je suis heureux d’avoir soutenu le projet IRT Jules Verne et en tant que ministre, la démarche engagée depuis la commission Juppé-Rocard qui a donc donné lieu au programme Investissements d’avenir, bel exemple de continuité politique avec aujourd’hui l’organisation gouvernementale, le Commissariat Général à l’investissement, chargé de la mise en oeuvre de ce programme, dirigé par Louis Schweitzer, très au fait du monde de l’industrie.

On parle beaucoup de réforme structurelle – mot un peu tarte à la crème ! – Par rapport aux enjeux, on est loin d’être au niveau… Le niveau c’est celui qui est à l’oeuvre ici à travers les IRT : rapprocher la recherche fondamentale de la R&D des entreprises qui est insuffisant, de mutualiser, de rapprocher et de transférer ces sauts technologiques, ces ruptures technologiques qui permettent l’innovation industrielle. La compétitivité c’est d’abord  la capacité qu’on donne aux entreprises à innover. Pour faire cela, il faut des moyens. Sur le plan financier, c’est déjà fait puisque 47 milliards d’euros ont été alloués à ce programme dont un premier volet de 35 milliards a été voté en 2010 et le second de 12 milliards en 2013. Il faut aussi rapprocher ce qui fonctionne déjà et pourrait fonctionner mieux dans le cadre des pôles de compétitivité. Une expérience a été créée ici en région Pays de la Loire, appelée TechnoCampus qui est en fait une anticipation du rassemblement des industriels, des équipes de recherche privée, des équipes de recherche publique pour avancer dans cette direction. 
Le soutien à l’investissement doit permettre de mettre en mouvement les différents acteurs pour un effet de levier de l’Etat et une dynamique des entreprises qui doit s’inscrire dans la durée. Les IRT sont donc entrés en vitesse de croisière et vont apporter beaucoup au développement économique et aux territoires de notre pays ».

Louis Schweitzer, Commissaire général à l’investissement, souhaite une meilleure collaboration, un dialogue permanent entre les IRT

« Notre volonté est de préserver l’avenir au moment où la rigueur s’applique à tous les crédits budgétaires. On a toujours besoin d’innover malgré cette rigueur qui risque de durer. Le coeur de l’activité du Commissariat est de soutenir les actions de recherche fondamentale, des actions en direction directe des entreprises mais surtout de soutenir le passage de la recherche fondamentale à l’innovation en entreprise avec plusieurs mécanismes, dont les IRT en sont l’illustration : 50  % de capitaux Etat, 50 % externes de collectivités territoriales mais principalement d’entreprises. Cela associe donc la recherche publique (universités, CNRS, … ) et les entreprises, PME et grandes entreprises, car en France nous sommes très bons en matière de recherches publiques, en créations d’entreprises (1er pays d’Europe de création d’entreprises), notamment de très grandes ; en revanche, on a moins de PME. Une des raisons est qu’ il n’y a pas assez de coopération entre les entreprises en France. Chaque entreprise vit un peu pour elle-même. Un point important du système des IRT c’est non seulement de travailler avec les entreprises, mais aussi de les inciter à travailler entre elles.
Un des objectifs des IRT : faire travailler ensemble les entreprises d’une filière, d’un métier de façon à être plus efficaces et se nourrir les uns les autres. C’est ce qui est organisé dans les huit IRT de France. Ils sont tous autonomes et nous essayons d’accroître leur liberté d’actions en évitant de les soumettre à des contrôles qui les brident dans leur capacité de développement mais il est aussi important que ces IRT se parlent entre eux. Car chacun a son expérience, ses relations avec les entreprises, sa relation avec les universités. Et en échangeant ces expériences, on sait tous que la pratique en devient meilleure. Donc au-delà de la représentation, c’est tout le dialogue informel permanent qui doit avoir lieu entre tous les IRT, afin que l’innovation irrigue la compétitivité française. » 

Les huit IRT français composés de 210 membres industriels et 90 membres académiques 

IRT b<>com (Technologies numériques, Rennes),
IRT Bioaster (Microbiologie et infectiologie, Lyon- Paris),
IRT Jules Verne (Advanced manufacturing, Nantes),
IRT M2P (Matériaux, métallurgie et Procédés Metz),
IRT Nanoelec (Nanoélectronique, Grenoble),
IRT Railenium (Ferroviaire, Valenciennes),
IRT Antoine de Saint Exupéry (Aéronautique, espace, systèmes embarqués, Toulouse)
IRT SystemX (Ingénierie numérique des systèmes, Paris-Saclay).

L’exemple du dernier né des IRT, l’IRT Saint Exupéry et son projet OCE, Observation et Compréhension de l’Environnement, qui étudie les futurs services d’observation de la Terre d’ici 10 ans. Ils estiment bénéficier d’un accès de haut niveau à l’information, d’être plus proches de l’utilisateur final et plus réactif. Leurs technologies nécessitent la programmation de système complexes, notamment la programmation de satellites qui demande plusieurs heures de calcul et qui pourra se réduite à 5 minutes. Cela exige les meilleurs calculs d’optimisation au sol énormes et plus d’autonomie du satellite. Il va leur falloir importer des technologies type web dans l’univers du spatial. Ils ont comme partenaires actuels Airbus, TAS, Spot images,… Et leur objectif final est le service final, comme par exemple répondre à la demande précise de l’Institut Géographique National en réclamation de requêtes.

Ces IRT devraient donc permettre une grande évolution de rapprochement entre académiques, chercheurs, PME… De réforme culturelle, nous passerions enfin à une vraie réforme structurelle.

Fabienne Marion, Rédactrice en chef 

 

 

 

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