Cette semaine, la trésorerie d’Apple a dépassé la barre des 206 milliards de dollars. C’est l’équivalent du PIB d’un Etat comme le Portugal l’Irlande ou l’Algérie. C’est un trésor supérieur à la richesse de la Roumanie, de la Nouvelle Zélande ou du Koweït. D’où vient cette trésorerie alors que les dettes de la société sont paradoxalement abyssales ? Que peut en faire Apple ?
Tim Cook, le PDG d’Apple a présenté fièrement les chiffres de l’exercice 2015 arrêté au 30 septembre : le bénéfice net s’est envolé de 35% à 53,4 milliards de dollars, et le chiffre d’affaires de 28% à 233,7 milliards de dollars, soit la « plus forte croissance absolue jamais enregistrée » par l’entreprise. Au seul dernier trimestre, boosté par les ventes d’iPhone 6, le bénéfice net a grimpé de 31% à 11,1 milliards de dollars et le chiffre d’affaires de 22% à 51,5 milliards.
Avec de tels résultats, le magot d’Apple ne cesse de grossir, atteignant la somme faramineuse de 206 milliards de dollars, un cash presque suffisant pour racheter sans emprunter un centime Walt Disney, Coca-Cola, IBM ou l’intégralité de Google ! Ou de s’acheter d’un coup d’un seul les deux plus grosses entreprises françaises : Total et Sanofi. La marque à la pomme devance tous ses concurrents du secteur : sa trésorerie est deux fois plus élevée que celle de Microsoft, trois fois celle de Google et quatre fois celle de Samsung. L’écart s’est encore creusé au cours des neuf derniers mois, Apple engrangeant pendant cette période 48 milliards de dollars dans ses caisses.
Mais où est toute cette montagne de cash ? Elle se trouve pour plus de 90 % à l’étranger. Cette proportion qui ne cesse de croître (elle n’était que de 70 % il y a deux ans) provient de l’extrême internationalisation de l’activité de la firme et notamment en Asie. Une autre raison moins avouable est que les dirigeants d’Apple n’ont aucune envie de rapatrier leur magot au pays de l’oncle Sam et d’y laisser 36 % de taxes. Ils préfèrent donc bloquer leurs capitaux dans des pays à fiscalité « agréable ».
Cela conduit à une situation paradoxale : Apple emprunte sur les marchés et sa dette ne cesse de croître. A la fin du premier semestre 2015, la dette atteignait 54 milliards de dollars. Celle-ci sert à financer un vaste plan de rémunération des actionnaires qui devrait atteindre 75 milliards de dollars d’ici mars 2017.
Assise sur un tas d’or, Apple semble indestructible. Et pourtant les investisseurs qui sont en général des gens chagrins, cherchant toujours le mauvais côté des choses, s’inquiètent. En effet Apple ne fait sa fortune que sur un seul produit : l’iPhone. Les autres innovations lancées récemment comme l’Apple Watch font l’objet d’une grande discrétion sur leurs performances. L’autre inquiétude des analystes financiers se porte sur la Chine qui a été ces dernières années un formidable moteur de croissance pour Apple mais dont le rythme semble s’essouffler.
Quoi qu’il en soit, avec son matelas de trésorerie, la firme de Cupertino a de quoi amortir les chocs. Et envisager toutes les diversifications possibles. Elle regarde d’ailleurs d’un œil concupiscent les progrès de la voiture électrique. Mais saura-t-elle regarder ailleurs, là où les besoins des humains sont immenses. Avec 206 000 000 000 de dollars on doit pouvoir faire beaucoup de choses. Qu’en pensez-vous ?
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