Quand les imaginaires et la fiction s’invitent dans la prospective, et quand la prospective s’embarque dans l’action, grandit-elle ou se perd-elle ?
En 2013 la Communauté urbaine de Lyon, en partenariat avec l’École Nationale Supérieure des beaux-arts de Lyon et la Cité du design, organisait un colloque dédié à la prospective.
Cinquante ans d’histoire de la prospective nous permettent d’appréhender celle-ci comme une pratique ; plus précisément comme une pratique située (en général dans une certaine proximité à la décision, et nécessairement dans une posture d’articulation entre des univers différents).
Définie d’abord par son projet (améliorer la conscience qu’une société a de son devenir), portée par une conviction (l’avenir n’est pas à deviner mais à construire !), la prospective ne se réduit donc pas à un corpus de méthodes. Elle s’adapte à l’évolution des commandes politiques et des pratiques sociales, elle fait avec la diversité des contextes organisationnels et territoriaux, et finalement elle étend son domaine. Elle diversifie ses objets : impacter la stratégie ou impacter la pratique ?… ses modes opératoires : expertise « béton » ou interactions fécondes ?… et ses résultats : une vision partagée ou des projets transformés ? À la fois dispositif de mise en mouvement et de prise de recul, mais aussi lieu intégrateur, la prospective peut-elle tout attraper ?
Quand la sphère des imaginaires s’invite dans la prospective : bonne nouvelle ou dérapages en vue ?
Alors que la prospective a, dès son origine, revendiqué sa scientifi cité et la rationalité de sa démarche, elle semble se tourner aujourd’hui vers une pluralité d’expertises et de sources d’inspiration : sciences humaines et sociales dans toute leur diversité ; expertises d’usage ; productions artistiques ; fi ction ; travail sur les imaginaires ; etc.
La montée du design dans les démarches de conception collective, témoigne de cet enjeu actuel de diversifi cation et de décloisonnement des expertises.
L’art, le design, la littérature sont-ils de nouveaux espaces de réfl exion et d’action pour la prospective ? Avec quelles potentialités ? Quelles limites ?
Quand la prospective joue les transformations silencieuses : gain opérationnel ou perte politique ?
La prospective s’incarne dans des fi gures de plus en plus nombreuses : celle de l’expert dialoguant avec le prince ; celle du praticien et du chercheur engagés dans une recherche action ; celle du citoyen mobilisé pour l’élaboration d’une vision ; celle, aujourd’hui, du designer stimulant la créativité et s’attelant à la conception.
Ceci témoigne d’une diversifi cation des commandes faites à la prospective : outil au service de la planification depuis l’origine ; agent de transformation de l’action publique aujourd’hui.
Quels rapports avec le long terme, le politique et les échelles de territoire ces prospectives « embarquées dans l’action » entretiennent-elles ?