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De la science-fiction aux nouvelles technologies, et vice et versa

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Ce que nous attendons de la technologie dans le monde réel est souvent nourri par notre perception de la science-fiction et de son contenu. C’est, en particulier, le cas pour les enfants. Récemment, des chercheurs et des designers spécialisés dans les technologies interactives, (domaine de l’interaction entre humains et ordinateurs, HCI en anglais) se sont inspirés de la science-fiction pour créer de nouveaux outils, produits et systèmes destinés à changer nos façons de faire traditionnelles et à se servir autrement de la technologie.

 

On a bien vu les conséquences du succès, qui s’est chiffré en millions de dollars, du film de 2002 Minority Report (inspiré par la nouvelle de Philip K. Dick en 1956) : il a influencé le développement d’interfaces tactiles comme les smartphones, les tablettes interactives et les interfaces holographiques.

 
 

Le petit ordinateur (personal access display devices, PADD) décrit dans la série télévisée Star Trek il y a de nombreuses années, ressemble de très près aux tablettes d’aujourd’hui. Il s’agit là d’une technologie parmi d’autres apparues dans Star Trek qui sont entrées dans le monde réel. Les montres intelligentes et autres dispositifs connectés ont été évoqués dans plusieurs séries télévisées et films, comme Star Trek, Knight Rider et Retour vers le futur II.

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De la fiction à la réalité ?

Alors, avons-nous raison de nous attendre à voir n’importe quelle technologie décrite dans la science-fiction capable de se matérialiser dans le monde réel et devenir un succès ?

Ces planches motorisées qui planent quelques centimètres au-dessus du sol, correspondant aux hoverboards qu’on voit dans Retour dans le futur II et III, existent en tant que technologie extrêmement avancée, mais n’en sont pas encore au stade de la réalisation pratique. Est-ce là un exemple d’échec du mariage entre technologie et fiction ?

Nous pensons qu’une partie de la contradiction entre la technologie réelle et celle de la fiction est due aux limitations de certains matériels et logiciels. Il faut aussi émettre cette hypothèse : puisque tout le contenu de la fiction est populaire et recueille l’appréciation de tous, il devrait se voir incorporé dans nos équipements du monde réel.

Ce n’est pas toujours le cas et cela entraîne une rupture entre ce que souhaite l’utilisateur et ce qu’offre la technologie. Les chercheurs doivent en être un peu plus conscients et mieux savoir comment tirer de la science-fiction des implications dans la conception des produits.

Comment aimons-nous nos robots ?

Petit à petit, les robots s’insèrent dans tous les domaines de notre existence, automatisant diverses tâches et venant en aide aux personnes dans leur vie en société. Les robots d’aujourd’hui sont capables d’accomplir des actions intelligentes et de prendre des décisions rationnelles.

Ces caractéristiques sont largement détaillées chez les robots que nous présente la fiction. Mais la différence avec les robots réels tient au degré de conscience, d’autonomie et d’apparence physique. Beaucoup de robots fictionnels, dans les films Chappie, Transformers et Terminator, se montrent capables d’éprouver des émotions et d’autres facultés humaines.

 

La science-fiction s’est souvent efforcée de créer des personnages hautement anthropomorphiques et difficiles à distinguer des humains comme dans les films Bicentennial Man, Blade Runner et Surrogates.

 

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Les réalisateurs de cinéma et de télévision profitent de notre penchant à concevoir, dans la fiction, des relations et d’humaniser les personnages non humains. On connaît aussi ce phénomène sous le nom de « l’équation média ». Clairement, les films présentent des robots anthropomorphiques et ressemblants à des hommes assurent de bonnes recettes et cartonnent au box-office.

La popularité et la prolifération de ces personnages à l’image des humains ne sont pas seulement le fait d’Hollywood. Ils font également recette dans des films de tous pays, y compris Bollywood. Deux méga-succès, Enthiran et plus récemment PK, ont comme personnage principal un être extrêmement anthropomorphique, un androïde.

 

Malheureusement, dans la réalité, les robots sont loin de posséder les qualités démontrées par leurs homologues de fiction. Mais ne serait-ce pas un bienfait déguisé ? Les études poussant plus loin les recherches d’Hiroshi Ishiguro sur les Geminoids ont montré que des robots très semblables aux humains créaient chez nous un sentiment d’aversion.

 

Notre propre recherche portant sur la perception entre robots de fiction et robots réels a également établi que les gens dissocient le contenu d’une fiction et celui du monde réel. Nos résultats montrent que l’humanisation des robots est bien plus appréciée dans la fiction que pour les objets réels.

Des études sur les rapports entre hommes et robots ont prouvé que les humains préfèrent voir ceux réels rester discrets et ne pas envahir leur espace personnel. Certains chercheurs émettent l’hypothèse que le face-à-face avec des robots trop grands serait la cause de ce malaise.

Nous pensons qu’il est profitable pour les concepteurs de robots de séparer la forme de la fonction. Et d’adopter comme objectif la fabrication de robots capables d’accomplir et de mener à bien leur tâche plutôt que d’essayer de leur donner une ressemblance humaine.

C’est le sujet que des chercheurs du domaine des HCI et des auteurs de science-fiction ont exploré davantage lors d’un atelier le 7 décembre dernier à Melbourne, date de la conférence australienne sur les rapports entre l’homme et l’ordinateur.

La science-fiction, on le voit, peut être une source d’inspiration pour de nouvelles technologies. Mais nous devons être attentifs à un point : comment les gens réagissent-ils. Il est nécessaire d’évaluer chaque contenu fictionnel pour déterminer ce que seront, dans le monde réel, les points de vue les plus souhaitables et ceux qui le sont moins.

Omar Mubin, Lecturer in human-centred computing & human-computer interaction, Western Sydney University
Eduardo B. Sandoval, PhD Candidate in Human Interface Technology, University of Canterbury

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation, partenaire éditorial de Up’ Magazine

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