« LA COURSE À LA PERFORMANCE – Regards critiques de la philosophie sur la santé » de Gilbert LAROCHELLE & Françoise COURVILLE – Edition Beauchesne – 16 Mars 2016
« Un ouvrage de synthèse où se croisent les regards critiques d’un philosophe, Gilbert Larochelle, et d’une infirmière, Françoise Courville, sur la course à la performance qui se joue aujourd’hui au risque de l’effondrement de nos systèmes de santé. »
Le domaine de la santé est devenu le champ de bataille où s’affrontent la culture de la performance et le souci de la dignité de la personne humaine. Comment concilier l’obsession du « toujours plus » avec une reconnaissance de l’unicité, de la singularité du patient en souffrance ?
Ce sont, en effet, deux absolus qui se font face aujourd’hui : l’un, triomphaliste, est justement ce que l’on nomme « performance ». Elle est devenue le barème des choses et des hommes, l’émanation d’une expertise en surplomb de toutes les expertises, qui se vit comme une course sans fin dont nul ne maîtrise plus la signification.
De l’autre côté s’opère le repli de toutes les valeurs : minimaliste, la « dignité humaine » est devenue le point de ralliement autour duquel on se réfugie pour s’identifier à ce qui subsiste en chacun d’élémentaire : l’exigence de respect que confère l’appartenance à l’espèce.
À l’heure où le système de santé ne cesse de se fragiliser partout en Occident, sous la pression combinée du mercantilisme et d’un humanisme de façade, cette mise en tension se vit-elle comme une quadrature du cercle ou annonce-t-elle un éclatement prochain ?
Gilbert Larochelle est professeur titulaire de philosophie politique à l’université de Québec à Chicoutoumi au Canada depuis 1987 et professeur associé à la faculté de philosophie de l’Université Laval à Québec. Françoise Courville cumule une expérience d’infirmière et de professeure au Département des sciences de la santé à l’Université du Québec à Chicoutoumi au Canada.
« Le discours de la performance envahit désormais le lexique ordinaire de l’existence. D’un appel à l’excellence, il s’est glissé dans les exigernces de la routine, comme si l’exceptionnel ou le spectaculaire devait se muer en une simple habitude jusqu’à représenter le signe d’une « vie vivante » comme dit Dostoïevski. il fonctionne sur le mode d’un dispositif de normalisation de l’extraordinaire en conviant les mortels à un rehaussement généralisé de tous les standards de l’action. Malheur à qui ne peut suivre la parade dont la cadence, par un effet cinétique d’entraînement, s’accroît à mesure que les admirateurs affluent. Car tout succès se dope de son propre résultat : une réussite en appelle toujours une autre encore plus grisante parce que dépassant la première. Et ainsi de suite, la course s’engage dans une euphorie où le sentiment de la toute-puissance rivalise avec le pressentiment de l’infini. Faust vend son âme à Méphistophélès dans un pacte pour accéder à une lucidité ultime ».
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