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changement climatique

COP 21 : certains pays trichent !

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A quelques semaines de la conférence COP21 qui débute le 30 novembre, l’organisme de recherche Climate Action Tracker (CAT) estime que l’objectif d’une hausse de 2°C fixé par la communauté internationale ne sera pas respecté. D’ici la fin du siècle, le réchauffement climatique atteindrait en réalité 2,7° C. Que proposent réellement les Etats pour éviter cette catastrophe ? Alors que vient de se clôturer la conférence de Bonn, rien ne semble vraiment avancer et certains Etats tricheraient sans vergogne pour faire passer leurs copies.
On le sait : tricher, n’est pas jouer…
 
Environ 140 pays, représentant près de 80% des émissions actuelles de gaz à effet de serre, ont soumis début octobre leurs projections d’émissions pour 2025-2030. Des INDC (Intented nationally determined contributions), rédigés au regard des situations économiques de chaque pays, de leurs profils de consommation d’énergie, et des moyens dont ils disposent. Ces documents, devant permettre de gagner du temps lors du sommet, consistent en un résumé de ce que compte faire chaque pays pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, et permettre ainsi de limiter le réchauffement global à 2 °C d’ici à la fin du siècle. Et, en l’état, ces engagements sont insuffisants puisqu’ils promettent une hausse de la température de 2,7 °C, selon les experts de l’organisme de recherche Climate action tracker (CAT). Par ailleurs, ces Etats useraient et abuseraient de subtilités difficiles à comprendre, laissant penser qu’ils s’engagent du mieux qu’ils le peuvent : selon une enquête de FranceTV info, les plus pollueurs d’entre eux tricheraient en utilisant différentes astuces.
 
Des dates de référence particulièrement bien choisies
 
Pour mettre au point sa contribution, chaque Etat est libre de choisir la « date de référence » à partir de laquelle sont calculés les objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre (GES). Cette règle permet à certains pays de tricher : en se basant sur les années où ils ont beaucoup émis, ils font croire à un engagement de baisse plus important.
 
Ainsi, les Etats-Unis veulent réduire de 26 à 28% leurs émissions d’ici 2030 par rapport à 2005. Or, cette année-là, le pays a connu un pic d’émissions : 5,8 milliards de tonnes d’équivalent CO2 ont été rejetés par le deuxième pollueur mondial, avant que cela redescende, montre le Global Carbon Project. Mais en 2012, le pays a émis « seulement » 5,1 milliards de tonnes. En utilisant cette année comme référence, l’effort américain aurait donc été plus conséquent.  
 
Le Japon, un des plus mauvais élèves, fait pareil. Dans sa lettre d’intention, le gouvernement nippon se réfère à 2013 pour décrire son objectif de réduction. Or, « c’est une année où les émissions ont explosé à cause de l’arrêt de la centrale nucléaire de Fukushima [en raison du séisme et du tsunami]. Les centrales à charbon ont fonctionné à plein, rappelle à francetv info Célia Gautier, du Réseau action climat. Du coup, c’est facile de dire que ça va baisser. »  
 
Des énergies renouvelables bien utiles
 
Dans leurs contributions, les pays listent aussi les secteurs sur lesquels ils comptent s’appuyer pour réaliser leurs objectifs. S’ils mentionnent l’énergie, on peut ainsi s’attendre à ce que des efforts soient menés dans le secteur du renouvelable. L’un de ces secteurs est particulièrement intéressant pour comprendre comment les Etats tentent d’apparaître sous leur meilleur jour : celui des sols et des forêts.
 
Le plan de la Russie, par exemple, semble ambitieux. Elle vise une réduction de ses émissions de 30 à 35% en 2030 par rapport à 1990. Mais dans sa note, le pays conditionne cet objectif à « une prise en compte maximale » des capacités de ses forêts à absorber une partie du CO2 présent dans l’atmosphère. On comprend pourquoi : le pays représente 25% des ressources forestières mondiales, ce qui en fait le premier pays forestier devant le Brésil et le Canada, souligne le site Actu-environnement. 
 
Toutefois, la Russie détaille peu sa politique en matière de gestion des forêts, si ce n’est assurer leur « protection, l’entretien et le boisement ». Un peu vague. Pour Pierre Cannet, responsable du programme Climat au WWF (Fonds mondial pour la nature), « cette compensation par les terres et les forêts peut être un axe intéressant. Mais elle peut venir masquer un effort domestique et un délai dans la transition énergétique. Dans le cas de la Russie, on peut croire que le pays cache ses émissions grâce à cela. »
 
En se reposant essentiellement sur ses forêts, la Russie s’évitera des efforts supplémentaires dans d’autres secteurs, dont ceux de l’énergie ou des transports. Pire : cette comptabilisation pourrait même dissimuler une hausse des émissions, insiste Actu-environnement. En outre, les incendies de forêts pourraient mettre à mal l’ambition russe, en faisant disparaître ces « puits de carbone ». Le site Euractiv rappelle qu’en 2013, le pays a dit adieu à 4,3 millions d’hectares, pour la plupart partis en fumée. Et en brûlant, les arbres peuvent se transformer en source de carbone puisqu’ils rejettent alors davantage de CO2 qu’ils n’en absorbent…
 
A quand une mise en oeuvre concrète ?
 
Dans leurs engagements, peu de pays jouent le jeu de la transparence. Notamment les plus gros pollueurs. Ainsi, si elle a été la première à donner sa contribution, en février, l’Union européenne ne brille pas par sa précision. Sa note se résume à deux pages, pour 28 Etats membres. 
 
« On reste dans le flou total », regrette Célia Gautier, du Réseau action climat. Bruxelles donne bien des ambitions chiffrées – 40% de réduction d’ici à 2030 par rapport à 1990 – mais ne détaille pas ce que doit faire chaque pays. « Les Européens ne se sont pas encore mis d’accord entre eux. La décision politique sur l’orientation générale aura lieu en 2016, après la COP21. Et les Polonais, notamment, n’ont pas du tout envie d’avoir une discussion sur la sortie des énergies fossiles », analyse la spécialiste des négociations internationales. 
 
A l’inverse, les pays en développement et la Chine sont plus prolixes. Pékin a publié un document de dix pages qui va « assez loin dans le détail » de ce que les Chinois comptent faire pour amorcer un changement, comme le souligne le World Resources Institute
 
Des droits à polluer
 
Dernière astuce des pays pour faire croire à un effort accru : le recours au marché du carbone. Ce mécanisme permet aux Etats de continuer à émettre eux-mêmes des GES en rachetant des crédits carbone à d’autres nations moins polluantes ou en participant à des projets de réduction d’émissions à l’étranger.
C’est ce qu’envisagent de faire la Norvège et la Suisse, qui comptent parvenir respectivement à une baisse de 40 et 50% de « leurs » émissions d’ici à 2030 par rapport à 1990. A noter que les Etats-Unis et l’Union européenne ont décidé d’exclure cette compensation de leurs calculs. 
 
Alors à quoi va donc servir la COP 21 ?
 
Dans l’état actuel – et réel – des choses, comment faire signer un accord international sur le climat qui soit applicable à tous les pays et permette de vraies solutions pour la Planète ?
Début septembre, une étude de chercheurs européens a assuré que les différents projets nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne suffiraient pas en l’état à contenir le réchauffement climatique sous ce seuil. Après avoir épluché les INDC de quinze pays, ils ont estimé que sept pays faisaient même des propositions à côté de la plaque (Australie, Canada, Corée du Sud, Japon, Nouvelle-Zélande, Singapour et Russie). Les textes de la Chine, des Etats-Unis, du Mexique, de la Norvège, de la Suisse et de l’Union européenne ont été qualifiés de moyens. Seules les contributions présentées par l’Ethiopie et le Maroc ont été jugées « suffisantes ».
 
Il s’agit là d’un constat inquiétant alors qu’une centaine de pays en développement, en particulier les plus exposés à une montée du niveau des océans, réclament pour leur part un objectif plus ambitieux : plafonner le réchauffement à 1,5°C.
 
Depuis plusieurs mois, des négociateurs de tous les pays travaillent sur un texte qui devra contraindre tous les Etats à faire leur possible pour que la température mondiale n’augmente pas de plus de 2°C d’ici 2100, par rapport à celle enregistrée à la fin du XIXe siècle. Si tout va bien, à la fin de la conférence, tous le ratifieront et s’apprêteront à le mettre en application en 2020. Pour l’heure, les 195 pays, réunis pendant cinq jours à Bonn (Allemagne) pour une quatrième et dernière session de négociations, ont approuvé ce vendredi 23 octobre le texte qui doit faire avancer la rédaction du futur accord de Paris
 
La difficulté, c’est de mettre tout le monde d’accord sur un texte qui soit vraiment contraignant et juste envers tous les pays, dont on sait que certains ont pollué et polluent beaucoup plus que d’autres, notamment les pays riches. S’ils n’y parviennent pas, il faudra trouver une nouvelle date pour discuter de ce texte. Or, le temps presse. Selon les climatologues du Giec, il faut absolument éviter de dépasser les 2°C, sinon les catastrophes météorologiques se multiplieront, menaçant les équilibres géopolitiques sur toute la planète. 
Et selon Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace interrogé sur France Info, « les négociateurs sont totalement hors sol, déconnectés de ce qui se passe dans la vraie vie. Ils passent leur temps à discuter de virgules, de formulation, de poids de conjugaison ». Pour les ONG, ils en oublient l’essentiel. Ainsi, certains mots n’apparaissent même pas dans le brouillon, comme le terme « énergie », réclamé par Réseau action climat.
(Source : France TV info – octobre 2015)
 

 

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