Grâce à l’importante extension de son périmètre inaugurée ce vendredi 25 août, la réserve naturelle nationale des Sept-Îles (Côtes d’Armor) devient la deuxième plus vaste de France métropolitaine après les Bouches de Bonifacio (Corse-du-Sud), et la plus grande sur le continent.
À 4 km au large des roches de Ploumanac’h, dans les Côtes d’Armor en Bretagne, s’étire l’archipel des Sept-Iles, première réserve ornithologique privée, créée en 1912 à l’initiative de la LPO. Elle devient réserve naturelle en octobre 1976. L’île Rouzic, Malban, Les Costans, Bono, l’Île-aux-Moines, l’Île Plate et Le Cerf constituent l’archipel.
Avec plus de 20 000 couples d’oiseaux marins et 27 espèces nicheuses, c’est la plus importante réserve du littoral français. L’île Rouzic est le seul point de nidification en France pour le Fou de Bassan (20 000 couples en 2012) ainsi que pour la quasi-totalité des macareux moine (175 couples en 2012), puffins des Anglais et pingouins torda. On y voit aussi d’autres nicheurs comme les goélands marins, bruns et argentés, le Cormoran huppé, le Guillemot de troïl, le Fulmar boréal, la Sterne pierregarin, l’Océanite tempëte, l’Huitrier pie, la Mouette tridactyle, l’Aigrette garzette, etc. On y rencontre aussi une colonie de 30 phoques gris résidents à l’année.
Suite au décret signé le 19 juillet dernier, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Hervé Berville, Secrétaire d’Etat chargé de la Mer et de Mme Sarah El Haïry, Secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité ont inauguré ce vendredi 25 août à Perros-Guirec (Côtes d’Armor), l’extension de la réserve naturelle nationale des Sept-Îles.
Le projet d’extension de la réserve, toujours gérée par l’association, a été mené pendant dix ans en étroite concertation avec les usagers du territoire et le monde scientifique entre 2018 et 2022. Ce nouveau périmètre de protection vise le maintien sur le long terme des écosystèmes terrestres et marins uniques qui font la richesse du Territoire du Trégor et plus globalement de l’ensemble de la côte atlantique. Il répond aux engagements internationaux de la France en matière de protection des océans et de lutte contre le réchauffement climatique.
Une surface multipliée par 70
L’île Tomé en baie de Perros-Guirec vient s’ajouter à l’archipel des Sept-Iles ainsi que le plateau des Triagoz, son majestueux phare classé monument historique et l’environnement marin alentour. La superficie totale passe ainsi de 280 hectares à 19700 hectares tandis que la surface terrestre double pour atteindre 80 hectares.
Cette extension majeure permettra d’améliorer la sauvegarde et la surveillance d’une biodiversité exceptionnelle. Entre le 1er avril et le 31 août, une zone de protection renforcée de 1,3 km² autour de l’île Rouzic sera interdite à tout usager afin d’assurer la tranquillité de la faune sauvage.
Avec 11 espèces qui s’y reproduisent, l’importance de la réserve des Sept-Îles pour les oiseaux marins est cruciale. L’archipel accueille ainsi la quasi-totalité des populations tricolores de macareux moine et de Fous de Bassan, dont l’unique colonie française a été frappée l’an dernier par une épidémie sans précédent de grippe aviaire hautement pathogène.
C’est aussi le premier site de naissance de phoques gris en France, et marsouins, dauphins communs ou requins taupes y sont régulièrement observés. Plus d’un millier d’espèces sous-marines ont été recensées dans les eaux de la réserve, ainsi que 122 espèces végétales sur ses îles. Cette extension « se justifie pour protéger le patrimoine naturel marin, notamment les forêts de laminaires et les champs de gorgones, les hauts plateaux rocheux et les espèces qui en dépendent ». Elle vise également à « renforcer la préservation de l’avifaune marine nicheuse particulièrement riche et diversifiée sur ce secteur ainsi que celle de la colonie de phoques gris« .
Pour Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO : « La LPO a vu le jour en 1912 aux Sept-Îles en y mettant un terme à l’odieux massacre des macareux moines. Plus d’un siècle plus tard, l’archipel est le symbole de sa collaboration réussie avec l’Etat et les différents acteurs du territoire pour protéger durablement un patrimoine naturel inestimable. Aujourd’hui l’émotion et la fierté sont immenses. »