LE BILLET D’HUMEUR
Se défaire d’une addiction est toujours difficile et certains emploient la ruse pour tromper leur monde. C’est le cas de TotalEnergies qui vient d’en faire les frais avec une plainte déposée au Tribunal de Nanterre pour « pratiques commerciales trompeuses » dans le domaine de l’environnement. Selon Mediapart, qui a consulté la plainte portée par plusieurs associations et ONG, les faits reprochés visent des pratiques commerciales trompeuses, mais aussi des faits de dégradations de l’environnement qui seraient dues aux activités extractives de TotalEnergies.
Une plainte qui s’ajoute à celle déposée en avril 2022 par les mêmes organisations reprochant à TotalEnergies « d’autres pratiques » à l’origine selon elles « d’un écocide ». Ce n’est pas la première fois que les projets de TotalEnergies sont dans le viseur de la justice. Fin décembre, le géant a été assigné par six ONG qui lui reprochaient de manquer à son « devoir de vigilance » sur un mégaprojet pétrolier en Ouganda et en Tanzanie.
Heureusement, les ONG de défense de l’environnement sont vigilantes et ne ratent pas une occasion de dénoncer les activités trompeuses ou les opérations de greenwashing de ces grands groupes pétroliers agrippés à la manne que représente pour eux la production de produits addictifs hautement toxiques pour la planète.
Mais il y a des tromperies plus fourbes encore, cachées dans les recoins des opérations secrètes de l’Etat. C’est le cas de nos importations de gaz liquéfié (GNL). La guerre de Poutine en Ukraine a directement menacé l’Europe de pénurie de gaz. Pour se passer du gaz russe, l’Europe s’est tournée avec précipitation vers les États-Unis pour importer massivement du gaz naturel liquéfié. Soulagement des consommateurs qui voyaient le spectre d’un hiver à grelotter sous la couette s’éloigner. Mais ce que l’on ne nous a pas dit clairement, c’est que ce gaz américain est composé pour près de 80 % de gaz de schistes. Or son extraction par fracturation de la roche est une des techniques les plus sales qui soient pour l’environnement. Tellement sale que la France a officiellement interdit depuis 2011 cette pratique sur notre territoire. Bravo ! Mais cette posture vertueuse ne nous a pas empêché d’importer du gaz de schistes de nos amis d’outre-Atlantique. Et, en 2022, de l’importer en masse, puisque, selon les données officielles de l’Agence américaine de l’énergie nous sommes devenus champions du monde des pays importateurs de ce produit. Nous en refilons ensuite une grosse partie à des pays voisins qui ne disposent pas de terminaux méthaniers, comme l’Allemagne. Ce faisant, la France devient dealer, perfusant une Europe junkie aux combustibles fossiles d’une came dont elle ne peut se passer.