Le nouveau modèle économique de l’industrie du textile et de l’habillement, à la suite du délitement de la filière industrielle européenne, a entraîné une ultra-dépendance des pays européens vis-à-vis des pays producteurs en Asie. Cette industrie est non seulement peu regardante sur la protection des droits humains mais également très nocive pour l’environnement. Que peut faire l’Europe sur les plans humain, environnemental, sanitaire et économique ?
Fanny Hervo dresse un état des lieux et propose des pistes pour lutter réellement contre les dégâts de la fast fashion.
Table des matières
- Introduction
- De la protection de l’humain dans l’industrie de la mode
- Lutter contre le travail forcé
- Aller vers une rémunération et des droits sociaux décents
- De la protection environnementale et sanitaire dans l’industrie de la mode
- De l’encadrement d’une industrie polluante et très consommatrice en eau
- Vers un meilleur encadrement de la toxicité des produits dans l’industrie textile
- Vers une réciprocité des normes européennes à l’importation : la mise en place de mesures-miroirs ?
- Des effets de la fast fashion sur l’industrie de la mode en Europe
- De l’interdépendance de l’Union européenne en matière de mode
- Vers une nécessaire évolution des modes de consommation de la mode en Europe ?
- Recommandations
- Conclusion
- Annexe. Entretien avec Raphaël Glucksmann
Synthèse du rapport
Ces dernières années, l’industrie de la mode a fréquemment fait parler d’elle. Entre internement de masse des Ouïghours, effondrements mortels d’usines ou hausse pléthorique du bilan carbone – 3,3 milliards de tonnes de CO2 étant émis chaque année –, tout un modèle économique est à repenser.
À repenser pour protéger ceux qui y travaillent, d’une part. L’industrie de la mode bafoue fréquemment les droits fondamentaux et internationaux en usant notamment du travail forcé pour assurer la forte cadence de sa production. Une pratique aux conséquences dévastatrices pour les travailleurs qui y sont contraints et contre laquelle l’Union européenne entend lutter, via notamment la proposition d’interdire les produits issus du travail forcé sur le marché communautaire. Cette proposition doit toutefois être examinée et votée par le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne pour entrer en vigueur. Il est également possible de lutter contre cette pratique via l’établissement de droits sociaux décents, passant tant par de meilleures conditions de travail que par une meilleure rémunération.
Une industrie à repenser en ce qu’elle est délétère pour l’environnement, d’autre part. Outre la toxicité des produits de l’industrie textile – on recense en effet quelque 20 000 substances chimiques différentes dans les vêtements –, cette dernière est une grande consommatrice d’eau et est très polluante. Économie circulaire, nouvelles exigences en matière d’écoconception des vêtements ou interdiction de la destruction des invendus sont en cela les pistes à explorer pour limiter les dommages environnementaux de la mode.
Si ce rapport invite à réfléchir à des pistes pour atténuer les conséquences environnementales de la fast fashion, il ouvre également vers de nouvelles façons de penser l’habillement. Cela passe notamment via un contrôle accru de l’Union européenne, dont le secteur du textile a été fortement ébranlé par les délocalisations et la perte de main-d’œuvre qualifiée. Redynamiser le secteur permettrait en cela de produire en Europe. Par ailleurs, une évolution des pratiques est à imaginer : seconde main, responsabilisation des consommateurs, établissement d’un Nutriscore européen ou lutte contre le greenwashing sont quelques voies à explorer.
Découvrez le rapport, édité par la Fondation Jean Jaurès