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Scroll vs. livre : le match est (presque) perdu

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Breaking news du pays des baguettes et des bouquins : les Français lisent de moins en moins ! Oui, vous avez bien lu (enfin… si vous lisez encore). Selon la dernière enquête du Centre national du livre (CNL) menée avec Ipsos, les livres se font de plus en plus rares dans nos mains… tandis que les écrans, eux, squattent nos vies comme un coloc envahissant, mais terriblement attachant. 

Ce baromètre – sixième du nom – interroge un millier de Français depuis 2015 pour mesurer leur température littéraire. Et spoiler alert : le thermomètre est en mode « hypothermie ».

Moins de lecture, plus de scroll

En un an, 6 points de moins pour ceux qui ont lu au moins 5 livres (5 petits livres, pas 50 !). La lecture quotidienne ? Elle fond comme un esquimau au soleil : -4 points. Les livres papiers ? À la traîne, avec quatre bouquins de moins par personne. Paix à leurs pages.

Seul petit rayon de soleil dans cette grisaille de pages non tournées : la lecture numérique (+3 livres en 10 ans, ce n’est pas Versailles non plus) et les audiobooks (+2 points, merci les écouteurs !).

Lire ou scroller, il faut choisir (ou pas).  Là où ça devient carrément cocasse : 1 lecteur sur 4 fait autre chose en même temps qu’il lit. Genre envoyer des textos ou stalker des stories Insta. Et chez les 15-24 ans, c’est open multitâche : 53 % lisent en zappant, scrollant, textotant. À ce rythme, on va bientôt devoir inventer des livres avec des notifications push.

Les librairies boudées, les séries encensées. Les librairies généralistes ? Moins fréquentées. Apparemment, si on ne peut pas y acheter une coque de téléphone ou un bubble tea, c’est pas intéressant.

En revanche, les influenceurs, les réseaux sociaux et Netflix font office de nouveaux prescripteurs de lecture. C’est simple : si un livre devient une série, il a 1000 % plus de chances d’être ouvert. Merci les adaptations avec des beaux gosses et de la musique dramatique. Les acheteurs de livres estiment que la présence d’un livre ou d’un auteur sur Internet leur donne envie d’acheter le livre évoqué (55 % chez l’ensemble des acheteurs et jusqu’à 91 % chez les acheteurs de 15-24 ans). Pour les lecteurs, des conseils ou des discussions sur les réseaux sociaux peuvent également leur donner envie de lire (47 % chez l’ensemble des lecteurs ; 79 % chez les 15-24 ans ; 60 % chez les 25-34 ans), tout comme le visionnage d’une série ou d’un film adapté sur une plateforme (43 % chez l’ensemble des lecteurs ; plus de 60 % chez les moins de 35 ans). En revanche, chez les non-lecteurs, peu de raisons semblent déclencher leur envie de lire.

Temps d’écran : le grand gagnant. Roulement de tambour : les Français passent 23 h 27 par semaine devant des écrans (hors boulot ou études). Et les moins de 25 ans, eux, explosent le score avec plus de 35 h par semaine. Bref, ils passent plus de temps à regarder TikTok qu’à dormir ou lire réunis.

Et pendant ce temps-là… la lecture, elle, se fait toute petite avec 3 h 40 de lecture par semaine. Soit moins de 35 minutes par jour. Autant dire : deux chapitres entre deux pubs YouTube.

Le constat est clair : les livres se sentent un peu comme des vieux potes qu’on ghoste. L’attention est en miettes, les écrans dominent, et la lecture est en mode survie. Alors que, concernant la pratique de la lecture, tous les indicateurs sont au rouge et révèlent, a contrario, combien les écrans phagocytent notre vie, seules des actions claires et volontaristes peuvent contribuer à la préservation d’un temps, pour chacun, propice au livre et à la lecture et donc au calme, à la réflexion, aux récits qui s’apprécient sur le temps long. Heureusement, le CNL ne baisse pas les bras. Sa présidente Régine Hatchondo le dit elle-même : entre l’écran-doudou greffé au bras et l’enfermement algorithmique, il faut agir. Parce que oui, lire c’est résister. Résister à la dopamine facile, à la story de trop, et à l’éternel « juste une vidéo de plus » :

Autre information  — et accrochez-vous à vos bouquins : selon un rapport 2024 du CNL, l’adolescence, ce merveilleux âge ingrat où l’on découvre l’acné, les crushs impossibles et l’ennui profond, est aussi le moment idéal… pour larguer les livres. Oui oui, un jeune sur trois entre 16 et 19 ans ne lit pas une ligne en dehors des horaires scolaires. Pas même une quatrième de couverture. 

Mais attention, tout n’est pas perdu dans le royaume des emojis et des scrolls infinis ! Car, figurez-vous que la lecture numérique commence à faire son petit effet. D’après une autre étude du même CNL, 44 % des jeunes ont déjà lu un livre en version numérique – et chez les fans de mangas, ça monte à 49 %. Dingue, non ? (+11 points depuis 2022, c’est pas rien quand même). Et devinez où ils lisent ces chefs-d’œuvre littéraires ? Sur leur smartphone, évidemment. Le même qui leur sert à zapper des stories, envoyer 137 messages par minute et prendre des selfies au bord de l’extinction de batterie.

Cela dit, pas de panique pour les amoureux du bon vieux papier : il reste le support de prédilection pour 83 % des 15-25 ans. Mais un tiers d’entre eux a déjà succombé au charme discret de l’e-book et un quart s’est laissé bercer par des livres audio, probablement pendant qu’ils feignaient d’écouter en cours.

Bref, la lecture évolue, les jeunes aussi, et si c’est sur TikTok qu’ils découvrent Le Rouge et le Noir, eh bien… pourquoi pas, après tout ?

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