Suez et Fermentalg annoncent la création d’une coentreprise pour industrialiser la valorisation de CO2 issu de la méthanisation en biomasse valorisables pour le biocontrôle ou l’alimentation animale, se positionnant comme acteurs majeurs de la qualité de l’air et du combat contre le changement climatique. Des solutions innovantes et fondées sur le biomimétisme auront un impact positif à la fois sur le climat, la santé et la biodiversité tout en répondant pleinement aux enjeux de l’économie circulaire. Ces « arbres à algues », dont 4 sont déjà installés en Ile de France, sont très prometteurs.
En utilisant les propriétés bio-filtrantes des micro-algues, les ingénieurs de la société bordelaise Fermentalg déploient des technologies innovantes pour capter le CO2 et d’autres polluants atmosphériques nocifs dans les zones urbaines . Leur mission : Exploiter un savoir-faire unique en France dans le domaine de la biologie des micro-algues pour développer et commercialiser des produits et des solutions durables pour la santé humaine, la nutrition et le contrôle environnemental.
La qualité de leurs sélections de souches leur permet de n’utiliser que des procédés d’extraction respectueux de l’environnement, éliminant tout solvant organique. Ce procédé permet de purifier l’air urbain : dans ce puits, le carbone des fumées industrielles, piégé, devient oxygène. Le tout grâce à des chlorelles, des micro-algues comestibles et récupérées directement dans la Seine. Le Co2 des fumées pourra aussi être valorisé et converti en biométhane pour alimenter le réseau de gaz en ville. Rejeté par la nouvelle usine d’incinération, ce Co2 pourra donc être transformé en énergie verte. Ces puits de carbone sont destinés au captage et à la valorisation du CO2 en environnement industriel par photo-bioréacteur algal.
Suez, le géant français de gestion de l’eau et des déchets, inaugurait en mars 2019 un puits de carbone expérimental sur son site de traitement des déchets à Créteil. Une première mondiale, selon le groupe. La démarche s’inscrit dans la modernisation de l’usine d’incinération de Suez dans le cadre du projet Valo’Marne, dont l’objectif est de favoriser la transition écologique, visant la conversion de tonnes de déchets en électricité et en chauffage, ainsi que la création d’une serre d’agriculture urbaine et de 300 emplois en insertion (conducteurs de fours, logistique ou encore manutention) sur vingt ans.
Forts de leur retour d’expérience après 5 années de collaboration avec le groupe Suez, et face à l’urgence climatique, les deux acteurs français dans la recherche et l’exploitation bio-industrielle des microalgues, ont signé un protocole d’accord pour la création au cours du 1er semestre 2021 d’une co-entreprise, détenue à parité égale, qui développera des photo-bioréacteurs algaux capables de capter du CO2 par biomimétisme : plusieurs puits de carbone (destinés aux environnements industriels) et purificateurs d’air urbain Combin’Air ont déjà vu le jour. Ce « Combin’Air », purificateur d’air urbain comprenant un photobioréacteur algal, est destiné à diminuer les particules fines (PM10, PM2,5) et les oxydes d’azote (NOx) pour combattre les effets nocifs de la pollution atmosphérique sur la santé.
Son premier pilote industriel de photo-bioréacteurs algaux capables de capter du CO2 par biomimétisme est déjà en test dans les locaux de la PME experte en valorisation des microalgues, à Libourne (Gironde).
Comment ça marche ?
Le Groupe Suez avance qu’un puit d’un mètre cube remplace 100 arbres, soit une tonne de CO2 par an. Au sein du puits, les micro-algues sont éclairées par des LED. Elles se multiplient et forment ainsi une biomasse qui sera évacuée par le réseau d’assainissement jusqu’à la station d’épuration. Magie du cycle de traitement des déchets, ils pourraient alors être transformés en méthane et donc utilisés comme source de chauffage dans le réseau de gaz urbain.
Quatre prototypes sont déjà installés en région parisienne. Le dernier en date a été révélé le 20 mars sur le site de traitement des déchets Valo’Marne de Créteil. Un autre de ces puits de carbone est également installé au carrefour Alésia à Paris.
Une cuve d’un volume de 10 m³ a vocation à valoriser par photosynthèse réalisée par des micro-algues du CO2 produisant lors de la méthanisation agricole et non utilisé pour la production de biométhane. Injecté sous pression dans de l’eau, ce CO2 servira dans un premier temps à produire des solutions de biocontrôle pour la vigne. Bref, la solution permettra de produire une alternative biologique aux pesticides pétrochimiques à partir de déchets agricoles. Six démonstrateurs de puits de carbone sont déjà en place, valorisant par photo-bioréacteur algal du CO2 en environnement industriel et de purificateur d’air urbain.
En outre, cette nouvelle innovation majeure permettra de développer des boucles circulaires en produisant notamment des produits valorisables dans les domaines du biocontrôle, de la nutrition et de la santé animale. Initiée en 2015 dans le cadre de l’accord de Paris, la collaboration entre Fermentalg et Suez a permis le développement de solutions prometteuses répondant aux enjeux environnementaux, à savoir le Puits de carbone, destiné au captage et à la valorisation du CO2 en environnement industriel par photo-bioréacteur algal de nouvelle génération ; et le Combin’Air, purificateur d’air urbain comprenant, entre autres procédés innovants, un photo-bioréacteur algal, destiné à diminuer les particules fines (PM10, PM2,5) et les oxydes d’azote (NOx) pour combattre les effets nocifs de la pollution atmosphérique sur la santé publique.
Selon les applications, ces bioproduits contribueront à la préservation des sols et de la biodiversité comme à la santé humaine et animale.
Pour aller plus loin :
- « L’art de gouverner la qualité de l’air : l’action publique en question« , de Franck Boutaric – Préface de Jean-Pierre Le Bourhis – Edition Presses Universitaires de Rennes, octobre 2020.