Les films hollywoodiens et la littérature de science-fiction alimentent la croyance que les extraterrestres sont des êtres d’un autre monde, ressemblant à des monstres, qui sont très différents des humains. Mais de nouvelles recherches vont à l’encontre de nos idées reçues ou de nos fantasmes et suggèrent que nous pourrions avoir plus en commun avec nos voisins extraterrestres qu’on ne le pensait.
Il y a au moins 100 milliards de planètes dans notre seule galaxie et au moins 20 % d’entre elles se situent probablement dans la zone habitable, cette région de l’espace capable de produire une biosphère. Même si cela se produisait dans seulement 0,001% de ces planètes cela signifierait alors qu’il y a 200 000 planètes potentiellement porteuses de vie dans notre galaxie. Or il suffirait que l’on trouve une seule forme de vie extraterrestre pour que notre conception de l’Univers change radicalement. Il n’est donc pas étonnant que des centaines de millions de dollars aient récemment été apportés dans la recherche en astrobiologie, que les États-Unis et l’Europe aient récemment investi dans des initiatives d’astrobiologie et que de nombreux nouveaux travaux aient été réalisés pour tenter de prédire à quoi ressembleraient les aliens. Le problème, cependant, est que lorsque nous essayons de prédire la nature des extraterrestres, nous n’avons qu’un seul échantillon – la Terre – à partir duquel extrapoler. Il est, par conséquent, extrêmement difficile de faire ces prédictions
Imaginez un alien. Ces illustrations représentent différents niveaux de complexité adaptative que nous pourrions imaginer lorsque nous pensons aux étrangers. (a) Une molécule simple de réplication, sans conception apparente. Ceci peut ou non faire l’objet d’une sélection naturelle. b) Une entité incroyablement simple, ressemblant à une cellule. Même quelque chose de si simple a assez de pièces pour pouvoir subir une sélection naturelle. c) Un alien ayant de nombreuses parties complexes qui travaillent ensemble est susceptible d’avoir connu de grandes transitions. Crédit : Université d’Oxford
Dans une nouvelle étude publiée dans la Revue internationale d’astrobiologie, des scientifiques de l’Université d’Oxford montrent, pour la première fois, comment la théorie de l’évolution peut être utilisée pour étayer les prédictions sur les extraterrestres et mieux comprendre leur comportement. Ils affirment que les extraterrestres sont potentiellement façonnés par les mêmes processus et mécanismes qui ont façonné les humains, et en premier lieu, la sélection naturelle.
La théorie soutient l’argument selon lequel les formes de vie étrangères subissent une sélection naturelle et, comme nous, évoluent pour se renforcer et améliorer leurs performances au fil du temps.
Sam Levin, chercheur au département de zoologie d’Oxford, a ainsi déclaré : « Une tâche fondamentale pour les astrobiologistes (ceux qui étudient la vie dans le cosmos) est de réfléchir à ce que la vie extra-terrestre pourrait être. Mais faire des prédictions sur les extraterrestres est difficile. Nous ne pouvons extrapoler qu’à partir d’un seul exemple de vie – la vie sur Terre. »
Dans le passé, quand les scientifiques réfléchissaient à ce que pourraient être les extraterrestres, ils mettaient en œuvre une démarche mécaniste, s’appuyant sur ce que nous savions sur Terre, notamment au niveau de la chimie, de la géologie et de la physique.
Par exemple, certains traits ont évolué plusieurs fois sur la Terre, et nous posons donc que les formes de vie extraterrestres convergeront vers les mêmes mécanismes terrestres. Parce que les organes oculaires ont évolué au moins 40 fois et sont relativement ubiquitaires, nous prédisons qu’ils évolueront de la même façon sur d’autres planètes. De même, nous avons utilisé une compréhension mécaniste de la chimie et de la physique pour faire des prédictions sur ce qui est le plus probable que nous trouvions sur d’autres planètes. Par exemple, le carbone est abondant dans l’Univers, chimiquement polyvalent et présent dans le milieu interstellaire, de sorte que les formes de vie exotiques sont susceptibles d’être à base de carbone. Ces types de prévisions proviennent d’un mélange de compréhension mécaniste et d’extrapolation de ce qui s’est passé sur la Terre. Mais, en réalité, Il n’y a aucune raison théorique pour laquelle les extraterrestres ne pourraient pas être des organismes faits à base de silicium et… sans yeux.
« Dans notre article, nous proposons une approche alternative, qui consiste à utiliser la théorie évolutionniste pour faire des prédictions indépendantes des caractéristiques que nous connaissons sur la Terre. C’est une approche utile, parce que les prédictions théoriques s’appliqueront à des extraterrestres qui pourraient être, par exemple, à base de silicium et non d’ADN, ou qui respirent de l’azote et non de l’oxygène »
En utilisant cette idée de la sélection naturelle extraterrestre comme cadre, l’équipe s’est penchée sur l’évolution extra-terrestre et sur la façon dont la complexité pourrait se manifester dans l’espace.
« L’octomite ». Un extraterrestre complexe qui comprend une hiérarchie d’entités, où chaque groupe d’entités de niveau inférieur a des intérêts évolutifs alignés, de sorte que les conflits sont effectivement éliminés. Ces entités se livrent à la division du travail, les différentes parties se spécialisant dans diverses tâches, de sorte qu’elles sont interdépendantes. Crédit : Université d’Oxford
La complexité des espèces s’est accrue sur la Terre en raison d’une poignée d’événements, connus sous le nom de transitions majeures. Ces transitions se produisent lorsqu’un groupe d’organismes distincts se transforme en un organisme de niveau supérieur – lorsque les cellules deviennent des organismes multicellulaires, par exemple. Tant la théorie que les données empiriques suggèrent que des conditions extrêmes sont nécessaires pour que des transitions majeures se produisent.
L’article fait également des prédictions précises sur la composition biologique d’aliens complexes, et offre un certain degré de compréhension de ce à quoi ils pourraient ressembler.
Sam Levin avance : « Nous ne pouvons toujours pas dire si les extraterrestres marcheront sur deux jambes ou s’ils auront de grands yeux verts. Mais nous croyons que la théorie évolutionniste offre un outil supplémentaire unique pour essayer de comprendre ce que pourraient être les extraterrestres, et nous avons montré quelques exemples des types de prédictions fortes que nous pouvons faire avec elle ».
En prédisant que les extraterrestres ont subi des transitions majeures – et c’est ainsi que la complexité est apparue chez les espèces sur Terre – les scientifiques d’Oxford affirment qu’il y a un niveau de prévisibilité à l’évolution qui les ferait ressembler à ce que nous sommes, nous humains terriens.
« Comme les humains, nous prédisons qu’ils sont constitués d’une hiérarchie d’entités, qui coopèrent toutes pour produire un organisme vivant. À chaque niveau de cet organisme, il y aura des mécanismes en place pour éliminer les conflits, maintenir la coopération et maintenir le fonctionnement de l’organisme. »
Il y a potentiellement des centaines de milliers de planètes habitables dans notre seule galaxie. La semaine dernière, les astronomes ont encore découvert une vingtaine d’exoplanètes, relativement proches et potentiellement habitables. Nous pouvons de moins en moins prétendre que nous sommes la seule forme de vie dans l’univers. Mais, avec cette étude d’Oxford, nous avons fait un petit pas en avant en proposant que, si nous ne sommes pas seuls, nos voisins galactiques pourraient bigrement nous ressembler…
Source : Université d’Oxford
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