Plus de la moitié de la population humaine habite aujourd’hui en ville. L’exode rural en cours depuis plus d’un siècle maintenant est loin d’être fini puisque des géographes estiment que d’ici 2050, la surface des villes pourrait tripler et accueillir jusqu’à 70 % des habitants de la planète. Mais alors quelle place redonner à la nature et ses bienfaits, dans un espace urbain où les conditions de vie de chacun se détériorent ? C’est là toute l’idée et l’importance de la végétalisation des villes.
Remettre la nature au coeur de la ville. Voilà en une phrase simple le leitmotiv des personnes souhaitant revégétaliser les espaces urbains et des pétitions qui fleurissent pour défendre ce projet. Et pour cause, l’accès aux espaces verts contribue directement à améliorer la santé des habitants, en réduisant les effets du stress sur leur quotidien, et surtout en dépolluant une partie de l’air respiré.
Les scientifiques constatent même des effets indirects liés à la présence de végétaux près de soi dans la vie de tous les jours, comme notamment une augmentation de la satisfaction liée au cadre de vie. De même, cela fait longtemps que l’on sait désormais que la longévité de vie, mais également la réduction du nombre de maladies cardio-vasculaires, ou respiratoires (ainsi que la mortalité qui en découle) est liée à la proximité de la population avec la nature et les végétaux. Il s’agit donc de recréer un cadre de vie qui profite à l’humain en introduisant une couverture végétale fournissant de l’ombre et de l’oxygène notamment mais également en permettant une isolation sonore et thermique dans la ville, permettant notamment d’éviter les phénomènes d’imperméabilisation des sols et donc d’inondation.
Les bénéfices de la revégétalisation ne sont pas que scientifiques, loin de là ! Créer et prendre soin des espaces verts dans la ville passe bien évidemment par des politiques publiques et l’allocation de certains budgets pour remettre la nature au coeur de l’espace urbain, mais aussi et surtout par l’effort et le partage citoyen. Revégétaliser l’urbain, c’est par exemple un ensemble de citoyens habitant le même quartier qui décident de créer un jardin partagé. Entretenir un espace commun, le jardiner ensemble est certainement un moyen propice de tisser des liens sociaux, ce qui manque parfois aujourd’hui aux habitants des grandes villes. Encourager les citadins à pratiquer ensemble des activités contribuant à leur bien-être (le contact de la terre, la vie en extérieur) contribuent à redonner un but commun et citoyen, celui de participer ensemble à la vie de la cité, tout en excluant l’individualisme.
La végétalisation des villes correspond également à une demande importante des populations en paysages urbains verts, nouveaux parcs, de potagers dans la ville. Il n’y a qu’à voir les parcs parisiens aussi bondés au retour des beaux jours qu’une plage de la Côte d’Azur en été. Les citoyens ont conscience que la vie en ville les soumet chaque jour à différentes sources de stress comme le bruit de la circulation ou la pollution créée par celle-ci et prônent donc un retour de la nature dans leur espace de vie. Pour information l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) estime à 12m2, la surface d’espace vert nécessaire par habitant dans une ville.
Paris, Marseille et Rennes, villes fleuries ? Alors que les municipalités encouragent les initiatives citoyennes à avoir la main verte, certaines villes font véritablement preuve d’originalité quand il s’agit de se mettre au vert. Les grandes villes notamment, tentent de donner l’exemple en encourageant leurs habitants à végétaliser les espaces publics, quand ceux-ci ne le font pas déjà d’eux-mêmes.
Paris
La ville Lumière n’est pas en reste en matière de végétalisation puisqu’elle a carrément instauré le permis de végétaliser. Entré en vigueur le 30 juin 2015, ce dispositif permet à qui le souhaite de devenir jardinier et acteur de la végétalisation de Paris. Bien évidemment, difficile d’aller planter des choux au beau milieu de la place Vendôme mais installer une jardinière au coin de sa rue pour y faire pousser des tomates, investir un pied d’arbre pour y semer des fleurs, faire courir des plantes grimpantes sur un mur, transformer un potelet en installation végétale, tout cela est permis !
Autre initiative : les rues végétales. D’ici 2020, la Mairie de Paris prévoit d’aménager vingt « rues végétales » (une par arrondissement). Il s’agit d’aménager des voies donnant priorité aux piétons et cyclistes, avec des murs végétaux, des bacs de plantation en bois, des arbres, des stries enherbées, des bandes en terre ou encore des pavés à joints engazonnés (pour laisser passer l’herbe).
Rennes
Le permis de végétaliser est également en vigueur à Rennes, où chacun peut semer des graines et verdir les murs dans les espaces publics. Mais le cheval de bataille des Rennais en matière d’espace vert c’est… leur fleuve. La canalisation de la Vilaine dans l’hypercentre de Rennes n’est pas des plus esthétiques, ni des plus eco-friendly. Pour remédier à cela, des habitants avaient eu l’idée d’y installer des jardins flottants. Un projet d’abord expérimental qui a ensuite été retenu dans le cadre du premier budget participatif. Deux premiers radeaux végétalisés ont pris le large en mai dernier pour un test de six mois. Si l’expérience est concluante (résistance aux courants, développement des végétaux, etc), ils devraient se multiplier et d’autres de ces jardins fluviatiles devraient voir le jour.
Rennes n’a pas attendu les Accords de Grenelle et la COP21 pour faire preuve d’initiative en matière de végétalisation. En 1999 la ville lançait l’opération “Embellissons nos murs” initiée par l’association « Rennes jardins », sur le quartier Ste Thérèse. Une convention a été signée entre la ville de Rennes et plus de 80 habitants pour leur permettre de prendre en charge leur environnement proche, de jardiner les rues du quartier afin que les murs et les trottoirs en « verdissent de plaisir ».
Marseille
À Marseille, toute personne souhaitant installer des éléments de végétalisation sur l’espace public et les entretenir peut s’engager, en signant une Charte de végétalisation de l’espace public afin d’obtenir une autorisation d’occupation temporaire (AOT) du domaine public, intitulée « Visa Vert ». Contrairement à Paris et Rennes où l’instauration du permis de végétaliser avait pour but d’éveiller les consciences et encourager les jeunes pousses, le Visa Vert Marseillais sert à encadrer une pratique déjà spontanée et en place depuis plusieurs années. La végétalisation citoyenne n’a pas attendu l’aval des élus pour fleurir dans les jardinières municipales et sur les trottoirs du centre-ville.
Louise Terlaud, Rédactrice web Fournisseur-Energie.com
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