Un nouveau vaccin contre le Covid va arriver début février en France et un autre faire son retour en grâce : avec Novavax et Janssen, basés sur des technologies plus classiques, les autorités sanitaires espèrent convaincre ceux à qui les vaccins ARN font peur.
Chargée de guider le gouvernement dans sa politique vaccinale, la Haute autorité de santé (HAS) a donné son feu vert au vaccin du laboratoire américain Novavax vendredi. Il va devenir le cinquième à être disponible en France. Elle a également publié de nouvelles recommandations sur le vaccin Janssen, déjà disponible pour les plus de 55 ans mais qui, dans les faits, n’est quasiment plus utilisé. Lui et Novavax peuvent dans certains cas être « une alternative utile » pour les gens réticents à se faire injecter les vaccins à ARN messager de Pfizer et Moderna, juge la HAS dans son avis.
Même si quatre vaccins étaient jusque-là autorisés en France, ce sont ceux de Pfizer et Moderna qui sont quasi-exclusivement utilisés. Ils sont basés sur une technologie inédite, l’ARN messager. Les deux autres, ceux d’AstraZeneca et Janssen, sont redirigés vers les pays pauvres via le programme international Covax.
Une option supplémentaire
La HAS continue à estimer qu’il faut « privilégier » les vaccins à ARNm pour les premières injections comme pour le rappel, en raison de leur efficacité élevée. Pour autant, elle juge que Novavax et Janssen « représentent une option supplémentaire » pour les personnes qui « ne souhaitent ou ne peuvent recevoir » de vaccins ARNm. Il s’agit des « personnes réticentes face aux vaccins à ARNm » ou de « celles qui ont connu un évènement indésirable grave après une première injection ».
Or, à cause de la flambée épidémique due au variant Omicron, il est « indispensable de compléter la couverture pour la primovaccination et d’accélérer la campagne de rappel » chez ces personnes-là, insiste la HAS. A ce stade, il reste 4,9 millions de personnes de 12 ans et plus à n’avoir pas reçu la moindre dose de vaccin. Certains non-vaccinés mettent en avant leur méfiance envers la technologie de l’ARNm.
Interrogé vendredi matin sur Europe 1, l’infectiologue Éric Caumes a jugé possible que l’arrivée du nouveau vaccin lève les appréhensions de certains non vaccinés car il « utilise une technique qu’on connaît beaucoup mieux ». De plus, comparé à ses concurrents Pfizer et Moderna, le nouveau venu n’a pas à rougir sur le plan de son efficacité : un essai de phase 3 mené sur plus de 25.000 personnes aux États-Unis et au Mexique en 2021 a donné une efficacité globale de 93% face au coronavirus.
Si certains des 4.9 millions de non-vaccinés pourraient se laisser convaincre par le nouveau vaccin, plus « classique » que ceux de Pfizer ou Moderna, on trouve déjà sur les réseaux sociaux des arguments contre Novavax : il est américain, il doit y avoir Bill Gates derrière lui… D’autres s’entêtent, quelque soit le vaccin, ARN messager ou pas, et refusent toute vaccination parce que « c’est le gouvernement qui l’exige ».
Un vaccin à la technique éprouvée
Vendu sous le nom de Nuvaxovid, le Novavax est un vaccin dit « sous-unitaire » : il contient une composante du virus (et non le virus entier comme les vaccins les plus classiques), introduite dans l’organisme pour déclencher une réponse immunitaire. Cela signifie que l’on injecte dans le corps humain des protéines S, ces éléments qui se trouvent à la surface du coronavirus et qui permettent de l’identifier. Le système immunitaire les reconnaît alors, et développe les anticorps nécessaires pour les cibler et les détruire efficacement. Il s’agit là d’une technique éprouvée, utilisée largement dans le monde depuis les années 80, pour des vaccins protégeant contre l’hépatite B, ou encore la méningite à méningocoque. Celui de Janssen, lui, emploie la technique du « vecteur viral » (un autre virus, de la famille des adénovirus, est utilisé comme plateforme).
Contrairement aux vaccins Pfizer ou Moderna qui se conservent un mois maximum dans un environnement entre 2° et 8° Celsius, le vaccin Novavax est bien plus stable… Il peut ainsi rester six mois dans un réfrigérateur et garder toute son efficacité. Cette particularité pourrait s’avérer précieuse, en particulier dans les pays aux systèmes sanitaires moins développés — Selon l’OMS, seulement 9% de la population continent africain était vaccinée contre le Covid-19 à la fin de l’année 2021. De plus, la technologie nécessaire pour produire ce vaccin est relativement accessible lui permettant d’être plus facile à produire localement. La virologue Maria Elena Bottazzi résume dans la revue Nature : “c’est probablement le plus simple et le moins cher” à produire de tous les vaccins.
Les premières livraisons de Novavax devraient avoir lieu début février, a indiqué cette semaine le ministère de la Santé. La France doit recevoir 3,2 millions de doses de Novavax au premier trimestre, dont un million lors des premières livraisons.
Avec AFP
Qu’en est-il des adjuvants utilisés pour ce vaccin ?