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Méditerranée

La Méditerranée est proche de l’ébullition

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L’ONG WWF vient de publier un rapport alarmant qui affirme, preuves à l’appui, l’état de burn-out de la Méditerranée. Cette mer intérieure si chère à notre culture, qui héberge plus de 150 millions de personnes sur ses côtes et abrite entre 4 et 17 % des espèces marines connues ne représente que 1 % des océans mondiaux. Elle est pourtant au cœur d’un enjeu environnemental tel que WWF n’hésite pas à qualifier de Far West le développement économique accéléré que cette mer semi-intérieure connaît.
 
Tous les secteurs traditionnels de l’économie maritime tels que le transport, le tourisme, l’aquaculture ou bien d’autres, se développent de manière exponentielle et devraient poursuivre leur croissance au cours des vingt prochaines années, à l’exception de la pêche professionnelle. Cette évolution crée une compétition grandissante entre plusieurs secteurs d’activités économiques pour une superficie et des ressources marines limitées. Il en résulte de nouveaux impacts sur des écosystèmes déjà sous pression. Le bassin méditerranéen ne peut plus attendre ! Il est désormais urgent d’élaborer une planification intégrée de l’économie maritime sur le long terme.
 
Les contrats d’exploration pétrolière et gazière offshore « portent aujourd’hui sur plus de 20% de la mer Méditerranée et pourraient bientôt s’étendre au double de cette surface », estime le WWF dans son rapport. « C’est énorme, surtout lorsque l’on connaît les risques sismiques de la région », souligne Pascal Canfin, directeur général du WWF-France. Selon lui, « la multiplication et la croissance des activités économiques sur cette zone » placent la Méditerranée « sur le chemin du burn out ».
 
 
 

Production pétrolière : + 60%

 
Les projets d’exploration d’hydrocarbures et les activités de forages essaiment dans toute la Méditerranée depuis plusieurs années. Selon l’ONG, « la production pétrolière en mer pourrait progresser de 60% entre 2010 et 2020 dans la région méditerranéenne, passant de 0,7 à 1,12 million de barils par jour ». Les réserves méditerranéennes de pétrole représentent 4,6% des réserves planétaires, rappelle le rapport.
 
 
Quant à la production gazière en mer, « elle pourrait être multipliée par cinq entre 2010 et 2030, passant de 55 à 250 millions de tonnes équivalent pétrole par an à l’échelle de la Méditerranée » souligne le rapport, dans lequel est passée au crible l’économie maritime des huit pays méditerranéens de l’Union européenne (Croatie, Chypre, France, Italie, Grèce, Malte, Slovénie, Espagne).

Transport maritime : x2

 
Outre l’exploration pétrolière et gazière, il ne faut pas oublier ces secteurs traditionnels de l’économie maritime (le transport, le tourisme, l’aquaculture) qui se développent de manière exponentielle.
 
 
Le transport maritime devrait ainsi doubler d’ici à 2030. Et « les arrivées de touristes internationaux en Méditerranée devraient augmenter de 60 % entre 2015 et 2030 pour atteindre la barre des 500 millions en 2030 ». Les 46 000 kilomètres du littoral sont l’objet d’intenses convoitises de la part du secteur touristique, un poids lourd de l’économie régionale en pleine croissance. La Méditerranée est devenue en quelques années la deuxième région de croisière, derrière les Caraïbes, avec 27 millions de passagers par an.
À l’échelle de la Méditerranée, « 5.000 kilomètres de littoral supplémentaires vont être artificialisés » (construction de routes, d’immeubles…) d’ici à 2025, par rapport à 2005, estime encore WWF.
 
L’explosion du trafic maritime va accentuer les risques de collision, de pollution, augmenter les déchets, le bruit sous-marin, les espèces non indigènes, etc. Pour le WWF, « les conditions pour atteindre le bon état écologique en mer d’ici à 2020 ne sont pas réunies ».
 

Surexploitation des ressources halieutiques : 90 %

 
Enfin, l’ONG anticipe aussi « une expansion » de l’exploitation minière. « Cette évolution crée une compétition grandissante entre secteurs pour une superficie et des ressources marines limitées », ce qui entraîne « de nouveaux impacts sur des écosystèmes déjà sous pression », souligne le WWF.
Alors que « 90 % des stocks de poissons sont surexploités », le WWF s’attend également à « un recul » de la pêche professionnelle dans la région méditerranéenne.
 
 
La baisse des stocks de poissons pourrait selon Le Monde favoriser le développement de l’aquaculture, qui progresse déjà de plus de 8 % par an depuis quarante ans. Cette production est passée de 540 000 tonnes en 1990 à 1,4 million de tonnes, et dépasse la pêche. Elle se concentre essentiellement dans six pays – Egypte en tête – et repose majoritairement sur la conchyliculture. Autant dire qu’elle se pratique sur les côtes où elle se retrouve en concurrence directe avec toutes sortes d’autres activités.
 

Des conflits inévitables

 
Inévitablement, le développement d’activités comme l’exploitation minière des fonds marins et l’extraction d’hydrocarbures « vont clairement contribuer à aggraver » la situation.
Pour WWF, de nombreux conflits intersectoriels sont ainsi à prévoir dans les régions côtières, en raison du partage accru de l’espace. Tout comme des conflits verront probablement le jour entre le développement des projets d’exploration et d’extraction d’hydrocarbures et le développement touristique, comme c’est le cas actuellement en Croatie ou aux Baléares par exemple.
Sans surprise, les territoires exploités par la pêche professionnelle seront impactés par le développement des autres secteurs, alors que le secteur doit déjà faire face au problème de surexploitation des stocks. Une situation que le développement d’activités comme l’exploitation minière des fonds marins et l’extraction d’hydrocarbures vont clairement contribuer à aggraver.
 
 
Pour éviter ce « burn-out », l’ONG, qui s’oppose à « tout nouveau développement pétrolier et gazier offshore », réclame notamment la création d’aires marines protégées au-delà des eaux territoriales, la régulation du trafic maritime et la mise en place de dispositifs anticollision pour les cétacés.
 
Selon le WWF, l’UE, qui s’est fixé pour objectif un retour au « bon état écologique » des eaux marines européennes au plus tard en 2020, a « un rôle crucial » à jouer. Elle doit défendre « une vision prenant en compte la biodiversité et les écosystèmes au niveau national ainsi qu’à l’échelle du bassin méditerranéen », souligne la navigatrice Isabelle Autissier, présidente du WWF-France. « Sans quoi il sera impossible d’atteindre les objectifs environnementaux de la Commission européenne, s’ils ne sont déjà compromis ».
 
Avec AFP
 
 

Télécharger le rapport « Croissance bleue : la Méditerranée face au défi du bon état écologique »

 
 

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