Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a effectué ce jeudi 22 janvier 2015 un discours de présentation de la grande mobilisation pour l’École pour les valeurs de la République. De nouvelles mesures vont être proposées comme la réforme de la carte scolaire, la formation de 1.000 « ambassadeurs de la laïcité », 300 heures dédiées à l’enseignement moral et civique, la célébration des rites républicains ; bref près de douze nouvelles mesures pour « pour améliorer la transmission des connaissances, premier moyen de lutter contre l’obscurantisme, pour transmettre les valeurs de la République. » Innovation ?
L’innovation dans l’éducation au service de la réussite des élèves
Si le concept d’innovation est apparu dans l’univers du progrès technologique, elle revêt aussi une dimension sociale. L’innovation en éducation en fait partie : c’est une amélioration mesurable, délibérée, durable et peu susceptible de se produire fréquemment d’après Huberman (1).
L’innovation dans l’éducation se traduit par un acte professionnel réalisé par l’enseignant. On touche ici aux pratiques d’enseignement. Elle peut également être opérée par la direction de l’établissement lorsqu’il s’agit de faire associer à la mise en œuvre des politiques, des règles et des procédures ou par les professionnels non enseignants comme les conseillers pédagogiques, psycho-éducateurs et éducateurs spécialisés, psychologues scolaires, orthopédagogues etc…
Son but premier est la réussite de l’élève – une réussite globale, touchant tous les aspects du développement de sa personne. Elle constitue une nouveauté et peut être assimilée à un produit, elle apporte un changement et une amélioration. Il s’agit de mettre en pratique un concept, une attitude ou un instrument différent de ceux qui avaient cours auparavant. Selon les divers auteurs recensés, l’innovation en éducation se caractérise principalement par la nouveauté, le produit (substance à laquelle on attribue cette vertu novatrice), les changements et améliorations (en opposition à des pratiques professionnelles considérées comme inopérantes et routinières) et enfin la durabilité et la transférabilité puisqu’il ne doit pas s’agir d’une action isolée et éphémère.
En éducation, il existe plusieurs expressions pour désigner l’innovation : innovation pédagogique, innovation en éducation, innovation scolaire, innovation en formation. Le Conseil supérieur de l’éducation privilégie innovation en éducation.
Des pratiques innovantes dans l’accompagnement des jeunes vers la réussite
Le RIRE, Réseau d’information sur la réussite éducative, rassemble toutes les activités émergentes ou nouvellement pratiquées qui manifestent un potentiel certain pour la réussite éducative. Par exemple, un lien significatif a notamment été révélé entre les caractéristiques de l’environnement bâti, l’alimentation, l’activité physique et le poids corporel des jeunes. L’innovation passe donc ici par la rédaction d’un rapport qui propose des actions pouvant être mises en avant dès maintenant afin de favoriser le développement d’environnements bâtis plus favorables aux saines habitudes de vie.
Autre exemple : faire bouger les enfants est non seulement bon pour leur santé, mais favorise aussi leur réussite éducative. Pourtant, l’enfant du 21e siècle est trop souvent confiné dans un environnement structuré et balisé qui favorise davantage les comportements sédentaires plutôt que de répondre à son besoin inné de bouger. Afin de soutenir la mise en place de conditions optimales permettant aux jeunes et à leurs familles de pratiquer des activités physiques et sportives diversifiées au quotidien, le RIRE a donc développé une fiche thématique proposant des actions concrètes à mettre en place dans les milieux de vie de l’enfant pour favoriser un mode de vie actif.
Des pratiques innovantes dans l’accompagnement du personnel éducatif
La culture de collaboration au sein de laquelle les enseignants s’efforcent d’améliorer leur travail, apprennent les uns des autres et sont guidés et soutenus par les directions d’école, donnent lieu à de meilleurs apprentissages pour les élèves. La communauté d’apprentissage professionnelle (CAP) a ainsi cherché à développer l’intelligence collective de l’école en créant un espace de collaboration qui amène les acteurs scolaires à partager leurs réflexions quant aux apprentissages des élèves, et à se questionner sur les manières dont leurs pratiques peuvent répondre davantage aux besoins de ces derniers. La CAP vise entre autres à implanter les stratégies reconnues à haut rendement afin de voir progresser tous les élèves.
Chaque école doit se questionner quant au développement des stratégies à haut rendement, de la régulation des apprentissages et du travail en équipe collaborative, soit les trois pôles d’une CAP.
Le Mentorat, lui aussi peut être bénéfique et ce, sur plusieurs plans. Ainsi, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a mis à la portée de tous, des propos et témoignages de mentors et enseignants. Dans leurs articles, les experts discutent des caractéristiques d’un jumelage efficace et présentent les qualités que possèdent un mentor compétent ainsi qu’un mentoré motivé. Ceci servira ensuite plus concrètement aux écoles et plateformes d’éducation.
Enfin, un véritable réseau social vivant, coopératif et professionnel a vu le jour en 2011: RESPIRE. Ce Réseau d’Échange de Savoirs Professionnels en Innovation, Recherche et Expérimentation est le premier réseau social pour les professionnels de l’éducation, créé en préparation de la deuxième édition des Journées de l’innovation. Le réseau compte à ce jour plus de 6000 contributeurs répartis dans 450 groupes de travail.
Ces différents exemples ne sont que des prémices de ce qui existe en terme d’innovation en éducation et il existe aujourd’hui, des milliers de moyens d’innover pour améliorer les pratiques et usages d’aujourd’hui, dans le but de construire le modèle d’apprentissage futur.
Mais alors, à quoi ressemblera l’école de demain ?
Bibliographie
(1) « Comment s’opèrent les changements en éducation : contribution à l’étude le l’innovation » – Huberman.
Clémence Cerveaux, MTI Review – Décembre 2014