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économie sociale et solidaire

Les relations interpersonnelles : une composante créative de notre responsabilité sociale

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La qualité des relations interpersonnelles joue un rôle décisif dans nos collectivités humaines.  Or s’il veut échapper aux aléas conflictuels, ce capital aux effets d’aubaine doit faire l’objet de dispositifs de régulations. Sur le contenu de ces dispositifs, le tâtonnement est encore de rigueur.

Vers une sociologie de la personne

Faute d’y avoir été initiés dès le jeune âge, c’est souvent tardivement que nous comprenons la nécessité de cet apprentissage fondamental qu’est la conciliation des émotions ‘autrui avec les nôtres. Cela ne va pas sans difficulté dans nos milieux de vie, où les pionniers de l’intelligence sociale inventent une science nouvelle qui portera peut-être un jour le nom de « sociologie de la personne ».

Selon les témoignages dont nous disposons, une telle aptitude ne s’improvise pas mais demande à ses néophytes un apprentissage ardu, comprenant notamment la découverte du rôle de sa responsabilité personnelle dans la dynamique sociale.

Ce dernier acquis est décisif car les personnes se retrouvant sur cette longueur d’onde accèdent à l’espace du « plus grand que soi » et peuvent y implanter des modes de coopération durables avec leurs différents partenaires. Cette forme d’ouverture est porteuse d’une angoisse que l’écrivain-voyageur Nicolas Bouvier illustre ainsi : « Quand nous accueillons quelque chose qui nous dépasse, c’est comme si nous laissions entrer un géant dans notre petite maison. On a peur qu’il se mette à tout fracasser « (1).

Vaincre sa peur…de mémoire de journaliste, c’est bien l’épreuve que tout individu, tout organisme, grand ou petit, doit surmonter lorsqu’il envisage de laisser pénétrer le regard d’autrui dans son enceinte. Les experts en relations humaines doivent agir en pédagogues s’ils veulent aider leurs clients à surmonter les aléas inhérents à cette démarche. Si trop d’entre eux se confinent ensuite dans un espace magique, celui de la projection d’une image virtuelle, les mieux inspirés assurent leur pérennité en mettant en oeuvre une stratégie de « présence réelle » dans le champ social. Ce n’est qu’à ce stade que des relations de nature personnelle peuvent se développer durablement au sein du milieu considéré qui voit ainsi sa cohésion se renforcer.

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L’éthique de nos précurseurs et son actualité

Dans la conduite de ce processus, l’éthique des pionniers de la communication institutionnelle peut encore inspirer la nôtre dans la conjoncture conflictuelle que nous traversons. Elle prescrit au responsable désireux d’entrer en communication avec l’opinion, via le conseiller de son choix, de contracter avec ce dernier un engagement original, de nature morale qui ne s’identifie pas à une simple démarche de sous-traitance, mais s’analyse au-delà de sa forme juridique de droit commun, à une rencontre respectueuse entre deux libertés.
Démarche où le nerf de la guerre, l’argent, est utilisé non en instrument de pouvoir absolu, voire corrupteur, mais en tant que combustible polyvalent, parfois transitoire, voire inutile. Tant il est vrai que l’objectif premier d’un contrat visant à générer un climat d’écoute bienveillante entre ses acteurs est une faveur qui a vocation à demeurer réciproquement gracieuse entre ces derniers. Dans un tel processus, la relation entre les émetteurs d’informations et leurs destinataires ne doit jamais faire l’objet d’une transaction commerciale, sous peine de déqualification en publicité. Il en résulte que la rétribution qui est accordée à un agent de communication, du fait de ses « obligations de moyens », ne fait pas de lui un mercenaire irresponsable. Car c’est l’intégrité et la liberté d’expression de ce responsable qui fondent sa crédibilité en amont et en aval et, par là, la pérennité de son action.

Cet éclairage nous permet d’affirmer que la transformation d’un bastion rigide en une cellule vivante, de même que celle d’une démarche unilatérale en une oeuvre commune, peut tenir du miracle. Mais ,qu’elle ne relève pas nécessairement d’une magie instrumentalisée par des intermédiaires sans scrupule.

Dans ce combat pour l’avènement d’une éthique relationnelle authentique, les défenseurs de bonnes pratiques peuvent aujourd’hui s’appuyer sur un nouvel atout : la médiation. Rappelons l’acceptation la plus communément admise de ce terme : « Processus de création et de réparation du lien social et de règlement des conflits dans la vie quotidienne, grâce à l’intervention d’un tiers impartial et indépendant. » 

L’esprit de médiation, garant du caractère éthique de la communication

“ La médiation civique est probablement la grande aventure sociale de ce siècle, la garantie de ce qui fait notre Humanité : le caractère éthique de la communication,” estime Michèle Guillaume-Hofnung, professeure des facultés de droit, fondarice de l’Institut MGH. (2)
Dans ce contexte, les intervenants en pédagogie relationnelle, et autres artisans de concorde civile, partent du principe que l’individu peut, par libre choix et non pas simplement par contrainte, apprendre à fortifier la qualité de ses échanges interpersonnels. Les méthodes qu’ils proposent à leurs émules font appel à un travail sur les mots et sur leurs ressentis. Ce travail, fondé sur la reconnaissance d’autrui et l’acceptation de son être évolutif, a pour effet de renouveler le regard que les participants à cet exercice portent sur eux mêmes et sur autrui.
En d’autres termes, et comme le constatent avec bonheur les personnes qui ont recours à un médiateur, “la médiation est un esprit, un langage, qui nous offre de vivre autrement les uns par rapport aux autre. Se former à la médiation, c’est augmenter son potentiel d’humanité .”

Apparemment, l’avènement de tels concepts et de telles pratiques n’a pas encore évacué du riche éventail des passions humaines beaucoup de leur impétuosité, ni surtout de leurs appétits de pouvoir ! Mais il fait entrevoir qu’il existe, au sein de notre vie sociale, des artisans de paix aptes à les maîtriser au cas par cas, sans pour autant les affadir .
Et c’est ainsi que Raison et Passion, dès lors qu’elles se retrouvent dans l’esprit de la médiation, peuvent conforter le bien fondé de la dynamique pascalienne : “Il faut, après avoir connu la vérité par la raison, tâcher de la sentir. Autrement, elle sera toujours incertaine et chancelante. Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas.”

 

(1) Routes et déroutes – Genève, Métropolis, 1992 

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(2) La médiation, collection Que sais-je ? 6è édition PUF,  2012.

Photo principale :  « Mediation Womb Close Up » de Deanna Van Buren

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