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urbanisme, ville de demain

La ville servicielle: des métamorphoses à vivre

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La 12ème édition des Temporelles a eu lieu à Lyon en octobre dernier. Dans le cadre de réflexions des politiques temporelles, le sujet abordé cette année fut celui de la ville servicielle : nouveaux temps, nouveaux services, nouveaux modes de faire la ville. 
En conférence introductive, a été mis en avant ce qui lie les services à la question des temps, passés et présents. L’accent a également été mis sur l’expérience sensible des services dans la ville ; à travers de multiples exemples européens. 
L’ensemble de l’intervention est reprise ici afin de voir certains fondements historiques de la notion de service jusqu’à aujourd’hui où de nouveaux modes de conception se développent. Plusieurs dimensions sont explicitées, mettant en avant l’importance d’une ville servicielle qui fédère ses acteurs et ses citoyens autour de thématiques du quotidien.
 
Benoît Meyronin, économiste, a démarré sa vie professionnelle au Grand Lyon, où il se préoccupe particulièrement de la question des temps dans la mesure où il est tout à la fois entrepreneur et enseignant. L’Académie du service a été fondée en 2003, et travaille dans l’accompagnement des organisations sur le sujet de la culture du service.
 
Ces dernières années, il a travaillé sur les sujets des services et le marketing territorial : Ce sont des univers distincts dont il va essayer d’établir des passerelles entre eux.
 
Dans le domaine des services, Jean FOURASTIE est un auteur essentiel en France, en particulier avec son ouvrage « Le Grand espoir du XXème siècle » (paru en 1949). Pour lui, ce grand espoir était le service. Il avait également une vision intéressante sur les modes de vie, ce qu’il appelait les « genres de vie ». Il parlait ainsi de la ville tertiaire, par opposition à la ville secondaire, abîmée par la révolution industrielle. Il préfigure ainsi le développement durable, et envisageait cette ville tertiaire, tournée vers les services, de façon très idéalisée.
De son point de vue, la ville servicielle est caractérisée par cinq dimensions.
 

Lire aussi dans UP’ « Pourquoi la ville sera servicielle »

Pour commencer, la ville servicielle est d’abord une ville expérientielle

 
Des chercheurs ont ainsi annoncé à la fin des années 90 que nous passions progressivement d’une ère de la production à une ère de l’expérience. Nous ne proposons plus tant un produit ou un service qu’une expérience. Les parcs de loisirs en sont une bonne illustration.
 
Cette économie de l’expérience se trouve ainsi par exemple dans l’offre que la SNCF a développé ces dernières années, avec des expériences de transport distinctes : c’est ainsi que la gamme iDTGV propose différentes ambiances à bord, selon le choix des voyageurs. La question est donc bien au cœur des temps et des modes de vie. En ce qui concerne plus spécifiquement la ville, à Dublin, Guinness a développé toute une gamme de services qui offre un ensemble d’expériences autour de la visite de son usine historique. C’est très représentatif de l’économie de l’expérience qui s’appuie aussi sur le souvenir que l’on ramène dans le cadre du tourisme.
 
Les spécialistes limitent souvent cette dimension de l’expérience au tourisme. À Lyon, les gens disposent des seuls parcs de stationnement (par exemple, le Parc Célestins) qui sont mentionnés et recommandés dans les guides de voyage. Une infrastructure est ainsi transformée en élément d’attractivité et d‘expérience. C’est donc une évolution à la portée de tous les secteurs. La ville servicielle est donc aussi une ville expérientielle.
 

Deuxième point, la ville servicielle est une ville sensible et désirée

 
L’urbaniste Kevin LYNCH définit l’urbanisme comme la manipulation délibérée du monde à des fins sensorielles. L’originalité de son point de vue, énoncé dans les années 60, est de repartir de l’individu et des personnes. Cela lui a notamment permis de dégager cinq grandes dimensions structurantes de la ville :
– naturalité ;
– propreté/civilité ;
– ouverture/espace ;
– dimension historique ;
– lisibilité/clarté/ordre.
 
Dans une ville, nous avons besoin de repères pour nous approprier l’espace, la sentir hospitalière, et nous sentir bien. La ville servicielle est cette ville sensorielle. Ceci s’appuie aussi sur des questions politiques. À Lyon, la Biennale des Feuilles est un exemple de mise en désir de l’automne dans le cadre de la ville sensorielle et poétique. Un autre a été mis en place très récemment à Grenoble avec l’initiative qui consiste, dans les files d’attente des services publics, à distribuer dans des bornes dédiées des mini-textes qui permettent aux usagers de lire en patientant. C’est un service qui permet d’améliorer la qualité de cette expérience d’attente.
 

Troisième dimension, la ville servicielle voit ses services être des marqueurs identitaires

 
Le tram Rhône Express qui relie Lyon à son aéroport constitue un service intéressant. Il représente une véritable porte d’entrée dans le territoire. Le prestataire qui a obtenu ce contrat est celui qui proposait non pas l’offre la moins onéreuse, mais au contraire celle qui fournit tout un panel de services qualitatifs. Il permet en outre au Conseil Général de s’afficher et d’être présent à l’esprit des utilisateurs.
 
Les services, publics ou non, sont un élément d’identité d’une ville. Le vaporetto vénitien ou le taxi new-yorkais en sont de très bons exemples. Les services sont des marqueurs identitaires d’une ville.
 
Autre exemple, à Évry, la municipalité a décidé il y a quelques années de reprendre le contrôle sur la gestion de l’eau et d’en faire un élément porteur de son identité d’agglomération. Elle a donc raconté une histoire autour de l’eau, a mis en avant les politiques liées, et en a fait un véritable élément d’identité. Cette notion est importante, pour l’image de la ville auprès de l’extérieur comme pour ses habitants.
 
 
Benoît Mezyronin, Economiste
 
Publié pour Millénaire 3 – 15 octobre 2015
 
 

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