Ce sera pour plus tard. Impossible de tenir cet engagement : réduire à 50 % la part du nucléaire dans notre consommation électrique. Nicolas Hulot jette (provisoirement) l’éponge, convaincu que ce délai est irréalisable. Les lobbies énergétiques avaient sorti la grosse artillerie et se frottent déjà les mains.
Nicolas Hulot a estimé mardi 7 novembre, en pleine COP 23, que la France ne pourrait pas ramener la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50% en 2025 comme prévu dans la loi de transition énergétique, évoquant la nécessité de fixer une « date réaliste ». « Il sera difficile de tenir ce calendrier de 2025 sauf à relancer la production d’électricité à base d’énergies fossiles », a déclaré le ministre de la Transition écologique et solidaire à l’issue du Conseil des ministres.
« Le gouvernement a réaffirmé très clairement son souhait d’atteindre au plus vite l’objectif de 50% de la part du nucléaire mais évidemment sans sacrifier ou rogner nos objectifs sur le changement climatique », a-t-il poursuivi.
La loi de 2015 sur la transition énergétique prévoit de ramener de 75% à 50% d’ici à 2025 la part de l’atome dans la production d’électricité française, un objectif qui avait été fixé après des mois d’âpres débats au Parlement.
« Si l’on veut maintenir la date de 2025 pour ramener dans le mix énergétique le nucléaire à 50%, ça se fera au détriment de nos objectifs climatiques. Et ça se fera au détriment de la fermeture des centrales à charbon et probablement que si l’on voulait s’acharner sur cette date, il faudrait même rouvrir d’autres centrales thermiques », a souligné Nicolas Hulot.
Cet argument est exactement celui que soutient RTE, la filiale d’EDF gestionnaire du réseau de transport d’électricité. L’objectif de réduire à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité française en 2025 s’accompagnerait d’un doublement des émissions de CO2 du secteur, selon un rapport publié mardi par RTE, qui propose des scénarios alternatifs.
Alors que le nucléaire représente près des trois quarts de cette production, sa réduction programmée par la loi de transition énergétique de 2015 impliquerait la fermeture de 24 réacteurs sur les 58 que compte le pays et une forte accélération du développement des renouvelables, estime le gestionnaire des lignes à haute tension françaises. Pour assurer l’alimentation en électricité des Français, et même dans l’hypothèse retenue d’une consommation en légère baisse, un report des fermetures de centrales à charbon après 2025 et la construction de nouveaux moyens thermiques au gaz seraient cependant nécessaires, avec à la clé un doublement des émissions de CO2 du système électrique.
Chantage au charbon, au CO2 et à la coupure générale d’électricité : la filiale à 100% d’EDF a en même temps annoncé mardi que des arrêts non prévus de centrales ou des conditions climatiques « hors normes » pourraient fragiliser l’alimentation en électricité des Français au cours de l’hiver 2017-2018, une période qu’il place donc « sous surveillance ». Avec des risques de coupures d’alimentation électrique en perspective.
Le ministre a expliqué qu’il préférait prendre le temps pour trouver une « date réaliste » pour que le nucléaire descende à 50%. « Tout cela va prendre quelques mois, et en fonction de ça nous fixerons une nouvelle date », a-t-il indiqué.
L’ONG Réseau action climat fait part de sa colère devant cette reculade : « L’argument selon lequel il faudrait choisir entre le nucléaire et la crise climatique ne tient pourtant pas car plusieurs scénarii énergétiques existants permettent de respecter à la fois les objectifs de baisse du nucléaire, de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de développement des énergies renouvelables et d’efficacité énergétique, notamment le scénario de référence officiel de la France et le scénario négaWatt. »
L’ONG ajoute dans un communiqué : « Faire traîner le désengagement du nucléaire, c’est mettre en péril le développement des filières d’avenir et créatrices d’emplois que sont les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, et laisser la place aux énergies fossiles, dangereuses pour le climat, pour pallier les défaillances du nucléaire vieillissant qui ne manqueront pas de se produire, comme ce fut le cas l’hiver dernier avec un impact climatique désastreux ».
Pour l’instant, seule la fermeture des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) a été actée.
Sources : AFP, Reuters
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