Les expositions à La Verrière : célébration plurielle de la peinture et de la sculpture

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Désormais chargé de la programmation de La Verrière, le commissaire d’exposition Joël Riff aborde l’espace bruxellois comme un foyer autour duquel se réunir, et une focale par laquelle regarder. Avec pour socle l’expérience de la matière, sa programmation associe arts visuels, décoratifs et appliqués sous la forme de « solos augmentés », qui envisagent la démarche de chaque artiste dans une communauté de gestes et d’affinités créatives.

Depuis 2016, Marion Verboom enrichit la série Achronies : des tronçons de colonnes, qui se distinguent les uns des autres par leur motif et leur matière, s’empilent de manière à créer une suite infinie de formes composites. Sous le titre de « Chryséléphantine », la première exposition en Belgique de la sculptrice française est placée sous les auspices de cette combinaison de matériaux précieux pratiquée depuis l’Antiquité : une clef de lecture classique et technique pour aborder le projet hybride imaginé par Joël Riff qui s’attache à célébrer la sculpture sous de multiples aspects. Des éléments issus de l’atelier de Marion Verboom se joignent ainsi aux Achronies, certains moules racontant avec évidence, par leur forme même, la méthodologie de l’artiste.

Vue de l’exposition Marion Verboom, « Chryséléphantine » – La Verrière Bruxelles, 2023 – Photo Isabelle Arthuis / Fondation d’entreprise Hermès

Non sans générosité, cette exposition personnelle se déploie dans un jeu de correspondances avec d’autres artistes (Richard Deacon, Tjok Dessauvage, Henri Laurens, Maude Maris, touche-touche et Chloé Vernerey) : chacune de leurs démarches dialogue avec celle de l’artiste née en 1983, tout en élargissant les perspectives à d’autres pratiques. Au-delà de La Verrière, l’exposition résonne avec la ville de Bruxelles, dont l’histoire et le patrimoine ont inspiré de nouveaux motifs à Marion Verboom. Elle se prolonge également dans une publication inédite comprenant un récit en feuilleton d’Amélie Lucas-Gary.

Titrée « Bise », la deuxième exposition conçue par Joël Riff convoque une métaphore météorologique pour définir les œuvres d’Anne Marie Laureys. Bousculant la pratique ancestrale de la poterie, l’artiste, née en 1962 en Belgique, déforme puis assemble la terre tournée en d’improbables équilibres que seule la cuisson permet de figer. Ses œuvres adoptent des formes complexes, volontiers sens dessus dessous, retournées, enroulées, creusées, effilées, ramassées ou étirées. Elles défient le vocabulaire classique de la sculpture, tout en exaltant la dimension tactile lorsqu’elles laissent deviner la main de l’artiste travaillant ces volumes indéfinissables.
Première exposition de la sculptrice à Bruxelles, « Bise » célèbre la vigueur d’un souffle, le contact de surfaces, et met en regard les pièces d’Anne Marie Laureys – dont les couleurs évoquent des phénomènes atmosphériques – avec celles d’autres créateurs. Une sculpture d’Auguste Rodin met en évidence une proximité dans la sensualité des formes entre les deux artistes.
Déjà présentes lors de la précédente exposition, Maude Maris et Amélie Lucas-Gary dialoguent également avec le travail d’Anne Marie Laureys, à travers la peinture pour la première et un récit en feuilleton pour la seconde, dans le cadre d’un compagnonnage au long cours au sein de La Verrière – qui apparaît plus que jamais comme un foyer propice aux convergences.

Pour sa troisième proposition, Joël Riff se tourne vers la peinture de Cristof Yvoré (1967-2013). En treize tableaux retraçant vingt ans de travail, le public est invité à (re)découvrir cet artiste. Sous le titre « Coi », le commissaire de La Verrière souligne la pérennité de la peinture de Cristof Yvoré, dont les natures mortes relèvent plutôt de natures « coites » par leur calme constance et le sentiment de permanence qu’elles procurent.

Cristof Yvoré, « Coi ». « Coi » invite à l’expérience de la permanence. Ses œuvres convoquent une géométrie élémentaire pour représenter fleurs, objets du quotidien : des natures non pas mortes, mais « coites » ou silencieuses selon Joël Riff, commissaire de La Verrière.

Pour cette première exposition à Bruxelles, l’œuvre du peintre français se déploie parmi une communauté d’artistes : Eugène Leroy et Raoul De Keyser, admirés par Cristof Yvoré, son ami Loïc Raguénès avec lequel il n’a jamais exposé, puis la nouvelle génération avec les artistes françaises Mireille Blanc et Milène Sanchez. L’ensemble est accueilli dans le mobilier du duo bruxellois Noir Métal, tandis qu’Amélie Lucas-Gary livre un nouveau chapitre de Proue dans la publication dédiée. Placée sous le signe du silence, cette exposition posthume témoigne de la puissance intacte de la peinture étrangement dépouillée de Cristof Yvoré.

Dates des expositions :

  • Marion Verboom, " Chryséléphantine », du 9/02/2023 au 22/04/2023
  • Anne Marie Laureys, " Bise », du 17/05/23 au 29/07/2023
  • Cristof Yvoré, " Coi », du 07/09/2023 au 04/11/2023

Expositions à La Verrière, Boulevard de Waterloo 50 – 1000 Bruxelles (Entrée libre du mardi au samedi de 12h à 18h)

Header photo : Vue de l’exposition d’Anne-Marie Laureys « Bise » – La Verrière Bruxelles, 2023 – Photo ©Isabelle Arthuis/ Fondation d’entreprise Hermès

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