Mammoths are back, and why not dinosaurs?

Mammoths are back, and why not dinosaurs?

Quand les poules auront des dents

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Quand on observe le monde des biotechnologies, des bio-innovations et des manipulations génétiques, on est saisi tout à la fois d’émerveillement et d’effroi. C’est le cas, au regard de cette information sur la résurrection des mammouths laineux. Une information qui a déjà fait le tour du monde mais qui pose néanmoins des questions cruciales sur nos capacités en matière de manipulations biologiques que nous augmentons chaque jour. De là à raviver les fantasmes d’un Jurassic World et de la résurrection d’espèces enfouies dans la mémoire des temps, il n’y a qu’un pas.

Que les mammouths laineux, espèce éteinte il y a 4.000 ans, foulent à nouveau le sol arctique est le défi que tente de relever à l’aide de techniques de manipulation génétique l’entreprise américaine Colossal. « Colossal va lancer un modèle pratique et efficace de dé-extinction et sera la première entreprise à appliquer des techniques avancées de modification génétique pour réintégrer le mammouth laineux dans la toundra arctique », clame l’entreprise dans un communiqué.

La dé-extinction, un concept dans l’air du temps

La dé-extinction, concept qui consiste à créer un animal similaire à une espèce éteinte en utilisant la génétique, ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique, certains chercheurs doutant notamment de sa faisabilité ou s’inquiétant des risques de son application.

Créée par l’entrepreneur Ben Lamm et le généticien George Church, Colossal entend insérer des séquences d’ADN de mammouth laineux, collecté sur des restes préservés dans le sol sibérien, dans le génome d’éléphants d’Asie, afin de créer une espèce hybride.

La création de ces pachydermes hybrides puis leur réintroduction dans la toundra doit permettre « de restaurer des écosystèmes disparus qui pourront aider à stopper voire à inverser les effets du changement climatique », assure l’entreprise. Les mammouths laineux génétiquement modifiés pourraient notamment « redonner vie aux prairies arctiques », qui permettent de capter le dioxyde de carbone et de supprimer le méthane, deux gaz à effet de serre, selon Colossal.

L’entreprise de biotechnologie est parvenue à lever 15 millions de dollars de fonds privés pour accomplir cet objectif qui est accueilli avec scepticisme par certains experts. « Ce n’est pas une dé-extinction. Il n’y aura plus jamais de mammouths sur terre. Si cela fonctionne, ce sera un éléphant chimérique, un organisme totalement nouveau, synthétique et génétiquement modifié », a tweeté Tori Herridge, biologiste et paléontologue au muséum d’histoire naturelle de Londres.

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Une idée pas si nouvelle

L’idée de retrouver de l’ADN fossile appartenant à une espèce disparue comme un mammouth ou un dinosaure était jusqu’à présent réservée au domaine de la science-fiction et des fantasmes hollywoodiens. Pourtant, les scientifiques qui ont besoin de preuves solides et vérifiables, suivent cette piste depuis plusieurs années. Et, progrès technologiques aidant, on va dans ce domaine qui ressemble de plus en plus à une série à succès, de surprise en surprise.

En 2005, la paléontologue Mary Schweitzer affirmait ainsi avoir retrouvé des restes fossilisés de tissus mous dans un os vieux de près de 70 millions d’années créant un séisme dans la communauté des chercheurs. Deux ans plus tard, c’est au tour de John Asara (Harvard) et Mary Schweitzer (North Carolina University) d’affirmer être parvenus à isoler du collagène dans le fémur fossilisé d’un Tyrannosaurus Rex. Ils auraient même réussi à séquencer les fragments de cette protéine. L’information a créé choc et suspicion dans la communauté scientifique qui a toujours affirmé l’impossibilité de conserver des molécules complexes au-delà d’un million d’années maximum. Mais cette nouvelle n’est pas anodine car si elle était vérifiée et répliquée, elle permettrait d’analyser un traceur phylogénétique fondamental et de révolutionner le champ de recherche des liens de parenté entre espèces dans le temps long.

Du sang frais au Museum

A information révélée par la revue Nature Communication apportait en 2016 un coup de théâtre dans le déroulement de cette série. Les protagonistes ne sont pas des fantaisistes. Il s’agit de chercheurs de l’Imperial College de Londres menée par la paléontologue Susannah Maidment et du physicien du solide Sergio Bertazzo réputé mondialement pour la qualité de ses travaux. Ce dernier est notamment un spécialiste de la biominéralisation et de l’étude des tissus vivants calcifiés. L’équipe a utilisé une sonde ionique focalisée (FIB – Focused Ion Beam) pour découper des tranches d’os de dinosaures âgés de 75 millions d’années afin de les observer au microscope électronique. Des os tout à fait ordinaires qui prenaient la poussière depuis des lustres dans les archives des collections du Museum d’Histoire Naturelle de Londres. Et là, miracle ! Les images fournies font apparaître la forme de globules rouges et de fibres de collagène. Diagnostic confirmé par l’analyse au spectromètre de masse.

Toutefois, les chercheurs sont des gens prudents, aussi Susannah Maidment prend-t-elle le soin de tempérer les ardeurs : « On ne peut exclure l’hypothèse d’une contamination ». Mais elle ajoute aussi dans une interview à la BBC : « Si nous trouvons ce type de tissu dans ce genre de fossiles, alors peut-être que leur conservation est quelque chose de beaucoup plus commun que ce qu’on avait imaginé ».

Opération Lazarus

Cette information n’est pas isolée et s’inscrit dans un ensemble de découvertes déconcertantes dont l’objet commun est le concept de dé-extinction.

Ainsi, en 2013, des chercheurs australiens à la tête du projet Lazarus avaient annoncé avoir récupéré des noyaux morts dans les cellules congelées d’une grenouille, la Rheobatrachus silus, éteinte depuis 1983. En les injectant dans l’ovule d’une grenouille cousine éloignée toujours vivante, certaines cellules d’œufs ont commencé à se multiplier pour former des débuts d’embryons. Ceux-ci n’auraient survécu que quelques jours, mais l’expérience avait suscité beaucoup d’espoir. Mais de là à passer d’une espèce de grenouille éteinte il y a trente ans à la résurrection des dinosaures disparus il y a 75 millions d’années, le saut est grand et la partie est loin d’être gagnée car la durée de vie des échantillons d’ADN que l’on peut prélever sur des restes fossilisés n’excède par quelques centaines de milliers d’années, voire quelques petits millions. Nous ne sommes pas dans l’échelle de temps des dinosaures.

Back to the future

Ce qui pourrait l’être plus, c’est la résurrection d’une espèce disparue plus récemment, par exemple il y a seulement quelques millions d’années. C’est le cas des mammouths qui font la une aujourd’hui mais suscitent une grande effervescence dans la communauté scientifique depuis la découverte, en 2013, d’un mammouth laineux conservé quasiment intact dans les glaces de Sibérie. Les spécialistes accourus sur le site de la découverte eurent la stupéfaction de récupérer des tissus mous et du sang liquide. Un matériel génétique parfaitement conservé dans la glace qui a permis de déchiffrer la quasi-totalité du génome du mammouth.

La recherche, comme la nature ayant horreur du vide, des équipes se sont mises d’emblée à la tâche de ressusciter le mammouth. La plus célèbre est menée par le Sud-Coréen Insung Hwang, et a fait l’objet d’un documentaire diffusé par le Smithsonian Channel et la chaîne britannique Channel 4. Aujourd’hui c’est au tour de l’équipe de Colossal de tenter le pari. Reste, selon Jean-Paul Fritz de L’Obs, que cette possibilité est très discutée ; certains spécialistes comme le généticien Paul Ehrlich, professeur à l’université de Stanford pensant même que la méthode est irréalisable, la qualifiant dans une column « d’idée fascinante mais stupide ». Ambiance entre chercheurs…

Doctor Folamour

La résurrection du dinosaure n’est pas pour demain ; en revanche, les recherches en cours permettent de mieux comprendre les liens génétiques entre espèces. Comme chacun le sait, notre brave poulet de basse-cour est un héritier en ligne quasi directe de la famille des monstres de Jurassic Park. De là à modifier un embryon de poulet pour lui donner quelques caractéristiques du dinosaure il n’y a qu’un pas qu’ont allègrement franchi une équipe de paléontologues menée par le Professeur Jack Horner (Université du Montana). À cette occasion, le site spécialisé Livescience annonçait que l’élaboration d’un chickenosaure était sur la bonne voie et que 50 % du chemin était déjà fait. Ils ont ainsi réussi à modifier le bec d’un poulet pour le transformer en museau de dinosaures.

Sans nul doute, dans un proche avenir, on peut donc assurer que les poules auront des dents !

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With AFP

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christian.campiche@bluewin.ch
2 years

En Sibérie, la fonte des glaces a permis de « déloger » des virus vieux de 40 000 ans! Maîtrise-t-on tout? Quelles étrangetés véhiculent ces cadavres? Il faut savoir avec quoi l’on joue. Les biologistes se chamaillent, ce n’est pas pour rien. Apprentis-sorciers.

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