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Canicule urbaine : végétaliser davantage les villes !

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En cette période de canicule, la pollution à l’ozone atteint de nouveaux pics record, notamment en ville où 80 % des français vivent. Chaque année en Europe, la pollution de l’air occasionne près de 500 000 décès, selon l’Agence européenne pour l’environnement (AEE). Alors que la pollution atmosphérique est devenue la première cause environnementale de décès prématurés en France (estimés à 48 000 morts par an), l’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep) rappelle que la végétalisation urbaine doit être une priorité pour améliorer la qualité de vie et la santé des citadins français, une nouvelle fois exposés aux pics de pollution. Sur fond de changements climatiques, comment rendre la ville vivable et durable ?
Illustration : « Notre-Dame » de l’architecte Vincent Callebaut  ©Vincent Callebaut
 
Les grandes agglomérations font face à des objectifs environnementaux de taille et parfois contradictoires : imposer la densification pour lutter contre l’étalement urbain, maintenir la biodiversité, anticiper et limiter le changement climatique, réduire les émissions de gaz à effet de serre, offrir un cadre de vie sain et agréable aux habitants… Ces enjeux se traduisent dans la pratique par des interrogations récurrentes sur l’impact du végétal dont on perçoit qu’il peut jouer un rôle clé dans le développement urbain durable.
 
Déjà présente dans les villes sous forme de squares, jardins, parcs, arbres d’alignement… la végétation grimpe maintenant aux façades des murs d’immeubles, envahit les toits, court les rues, fleurit dans des bacs hors-sol, parfume les terrasses… L’intérêt de ces éléments naturels au sein d’un milieu fortement artificialisé et imperméabilisé est de créer un microclimat spécifique qui affecte autant les caractéristiques de l’air que les échanges avec l’atmosphère. Penser à des organisations moins denses, comme la ville végétalisée, fait partie de stratégies nouvelles, développées pour atténuer les températures, piéger les polluants de l’air et améliorer la santé de la population.
 
L’Unep réalisait en 2016 une étude avec l’Ifop « Ville en vert, Ville en vie : un nouveau modèle de société » d’où il ressortait que dans une société de plus en plus urbanisée, où un Français sur trois n’a pas de jardin, réévaluer la place de la nature dans la cité est un enjeu crucial.
 
Le résultat-phare de l’enquête montre que les Français estiment que la création d’espaces verts devrait être la priorité n°1 de leur ville – devant la crèche et les équipements culturels et sportifs ! Ils sont également plus de 8 sur 10 à considérer la proximité des espaces verts comme un critère déterminant dans leur recherche de logement.
À une époque où les rythmes de vie s’accélèrent, nos concitoyens sont de plus en plus nombreux à profiter des parcs et jardins publics pour un moment de « farniente » au soleil… ou un moment de partage et de convivialité en famille ou entre amis.
Deuxième résultat de l’enquête, plus léger, qui en dit long sur les attentes des Français dévoile que, lorsqu’on leur demande d’imaginer la ville idéale du futur, ils rêvent d’une ville « écolo », « végétale » et « spacieuse ». Loin des clichés de la science-fiction où les espaces urbains sont systématiquement denses, minéraux et hyper connectés, les Français aspirent à une cité où le végétal est roi.

1 arbre = 5,4 tonnes de CO2 retenus par an

Particules fines, poussières et gaz, une fois rejetés dans l’air, forment de véritables nuages toxiques au cœur des villes. La présence du végétal en milieu urbain agit durablement contre cette pollution atmosphérique. Une récente étude menée pour l’Unep « Les Entreprises du Paysage » par le cabinet Asterès (1) révèle ainsi que les grands arbres peuvent retenir jusqu’à 5,4 tonnes de CO2 par an et 20 kg de poussière (1), soit l’équivalent de 600 km de trajet pour un Airbus A320.
Ainsi, selon l’étude « Planting Healthy Air » de l’ONG Nature Conservancy (2), en investissant seulement 3,6 € par habitant dans la plantation d’arbres, les villes pourraient sauver entre 11 000 et 37 000 vies par an, en réduisant la pollution de l’air !
                 
En outre, la minéralisation artificielle des villes retient la chaleur en journée pour la restituer la nuit. Cela se traduit par des pics de chaleur en comparaison aux campagnes environnantes : l’effet des îlots de chaleur urbains accroît les températures de 2,5°C en moyenne. Des écarts allant jusqu’à 8,4°C ont même pu être constatés entre Paris et Melun lors de la canicule en août 2012.
 
En atténuant l’effet de ces îlots de chaleur urbains, les espaces verts permettent de limiter les besoins en climatisation pour les bâtiments collectifs proches (mairies, écoles, bibliothèques…). Une étude réalisée dans la ville de Montréal au Québec a ainsi révélé que la végétalisation des toitures permettait de diviser pratiquement par deux la consommation d’énergie (de 38 % pour les toitures non irriguées et de 47 % pour celles irriguées).

– 23 % d’asthme grâce aux espaces verts

Souffle court, maux de gorge, toux… la pollution impacte gravement la santé. Favoriser un air sain grâce au verdissement du cadre de vie des citadins est donc indispensable. De plus, au-delà des aspects respiratoires, la végétalisation des milieux urbains a de nombreux effets positifs sur la santé : vivre à proximité des espaces verts réduit la prévalence de nombreuses maladies telles que l’anxiété, la dépression ou encore l’asthme. Ainsi, augmenter le nombre d’espaces verts de 10 % dans les villes permettrait de réduire les dépenses de santé de 94 millions d’euros, en diminuant la prévalence de l’asthme et de l’hypertension (respectivement 56 et 38 millions d’euros d’économies pour ces deux maladies).
 
Adapter la ville pour la rendre plus respectueuse de l’environnement est une évidence pour Catherine Muller, Présidente de l’Union Nationale des Entreprises du Paysage : « Les bienfaits du végétal contre la pollution sont établis scientifiquement. Aujourd’hui, la végétalisation des villes fait l’objet d’une demande croissante de la part des citoyens mais également des collectivités qui font régulièrement appel au « savoir-vert » des entreprises du paysage. Nous accompagnons ces villes dans leur développement avec une démarche écologique et responsable, avec pour objectif que chaque habitant dispose d’un jardin à moins de 300 mètres de chez soi, comme le recommande l’Agence Européenne de l’Environnement. »
 
Bus au toit végétalisé ©greenskindvmh

Quelles innovations en matière de végétalisation urbaine ?

Selon une étude-enquête TNS SOFRES pour l’Institut Paul Delouvrier de décembre 2015, « Les services publics vus par les Français et les usagers », 16% des Français considèrent que l’environnement doit être une priorité en matière d’action publique. Au niveau municipal, cette attente se traduit par une demande croissante d’espaces verts en ville. Ainsi, dans le contexte d’un budget municipal limité, 6 Français sur 10 souhaiteraient en priorité la création d’un jardin ou d’un espace vert dans leur ville. Une attente qui se place devant la crèche, la bibliothèque ou les lieux culturels !
Preuve que les Français sont conscients de l’importance du végétal pour leur bien-être, que ce soit à travers les bienfaits des jardins et espaces verts sur l’environnement, la santé publique ou le lien social.
 
Sur le terrain, certaines municipalités ont déjà fait le pari de la végétalisation comme Paris qui montre la voie avec notamment l’initiative « Tous Paris-Culteurs » : la ville végétalisera plus de 100 ha de toitures d’ici 2020.  
Seuls 4 Parisiens sur 10 ont accès à un jardin privatif, contre 6 Français sur 10 en moyenne dans les autres capitales régionales. Et pour les habitants de communes de moins de 20 000 habitants, la proportion monte à 8 sur 10.
 
Parisculteurs : “La Métropole sera durable et résiliente si le système agricole est modernisé, repensé et préservé.”

 
Pour pallier le manque de vert dans les grandes villes, les toitures et murs végétaux se développent de plus en plus et les projets affluent : Agriculture urbaine (productions maraîchères, vergers urbains, restaurations de friches urbaines, jardins partagés hors-sol, fermes maraîchères valorisant les déchets organiques urbains, …), biodiversité, gestion de l’eau à travers des dispositifs de végétalisation en pied d’immeuble utilisant l’eau de pluie ou un substrat pour végétaliser les pieds d’arbres d’alignement, résistant au piétinement, création de bocage urbain, architecture végétalisée avec les biofaçades (mur-rideau intégrant des photobioréacteurs de microalgues), façades ensauvagées « Wild on wall », … autant de projets innovants actuellement en cours de réflexions à la Mairie de Paris.
 
Les municipalités prennent le relais pour offrir à leurs concitoyens de nouveaux espaces de verdure et en faciliter l’accès : Bordeaux a ainsi mis en place une « Boucle Verte », promenade qui relie les principaux espaces verts de la métropole. Ce chemin de plus de 140 km permet aux promeneurs de découvrir toutes les ressources naturelles locales.
 
« Boucle verte » : 160 kilomètres de promenades balisées pour découvrir les espaces naturels majeurs de l’agglomération bordelaise

 
D’autres villes en pointe sur la végétalisation prennent des initiatives encourageantes, à l’image de Courbevoie qui a créé 14 ha d’espaces verts entre 2005 et 2015 malgré un foncier en tension, ou Metz qui a récemment augmenté de 32% la part de son budget alloué aux espaces verts, grâce aux « budgets participatifs » (projets d’investissements sélectionnés par les habitants).
 
Le digital est le nouvel atout des jardins : flash codes, bornes interactives, tablettes et applis mobiles sont à l’ordre du jour pour émerveiller petits et grands. Nancy propose la découverte des plantes qui composent ses jardins grâce à des QR codes, et un « sentier numérique » avec des arbres qui parlent. Pour les férus de sport et jogging, Marseille et Lyon proposent des applis mobiles informant les usagers sur l’espace vert le plus proche et les activités et infrastructures qui y sont proposées.
 
La prise de conscience est bien là, mais la partie est encore loin d’être gagnée : les espaces verts ne sont pas toujours une priorité des municipalités. Pour répondre aux attentes des Français telles qu’elles sont clairement exprimées dans cette étude, il est nécessaire que les villes fassent progresser leur budget espaces verts, qui n’est en moyenne que de 1,2% du budget général.
 
Comment alors tenter de résoudre cette question du financement ? Dans un article paru en mars 2016 dans We Demain, Pascal Franchomme, vice-président et porte-parole de l’UNEP, donne une pîste : « en mobilisant les énergies disponibles pour faciliter la communication entre les professionnels de santé et les communes, et tenter de définir de quelle manière tout le monde pourrait tirer profit d’une augmentation des espaces verts ». Pour y parvenir et trouver des solutions concrètes, l’UNEP a créé en 2015 un groupe de réflexion auquel participe notamment l’association Élus, santé publique et territoires, composée d’élus issus de professions médicales.
 
Pour Pascal Franchomme, le gouvernement pourrait par exemple aider à la création d’espaces verts en mettant en place des « incitations fiscales positives » : « Proposer un crédit d’impôt pour les communes serait plus efficace que de pénaliser celles qui ne le font pas. Les amendes infligées à ces dernières sont souvent bien inférieures au coût de l’investissement attendu de leur part, et donc peu incitatives. »
 
L’UNEP effectue également, en tant qu’association, une démarche de lobbying envers les ministères de l’environnement, de l’agriculture, des finances et bientôt de la santé. « C’est un long combat que nous avons entamé. Les espaces verts devraient être une priorité, pour le climat, et pour la santé. » 
 
De même, l’Adivet se bat pour que la nouvelle loi du code de l’urbanisme, entrée en vigueur en janvier 2016 et dont une réforme sur la biodiversité est prévue au cours de l’année -, « donne une place reconnue au bâtiment végétalisé. Aujourd’hui, il n’existe qu’un article à ce sujet, qui interdit de les interdire », déplore son président Marc Lacaille.

Une nouvelle vie pour le mur végétalisé du Musée du quai Branly – Jacques Chirac

Jusqu’au 15 juillet 2017, le musée du quai Branly – Jacques Chirac lance sa première campagne de mécénat participatif afin de réunir 50 000 euros pour donner une nouvelle vie au mur végétal.
Conçu par le chercheur botaniste Patrick Blanc, le mur végétal est devenu un attribut fort de l’identité du musée. Veillant sur la Seine avec majesté et bienveillance, sa présence donne une respiration à la ville, emblématique d’un nouveau rapport à l’urbanité. D’importants travaux doivent aujourd’hui être entrepris pour renforcer le mur et garantir sa pérennité. Il a donc besoin de notre générosité à tous afin de demeurer un symbole fort de paix, d’ouverture et de respect de l’environnement, fidèle au message universaliste du musée du quai Branly – Jacques Chirac.
Les travaux démarreront au cours de ce mois de juin 2017. Ils porteront principalement sur le redimensionnement des fixations et l’adaptation du système d’humidification.
A cette occasion, une nouvelle création végétale sera proposée par Patrick Blanc. Célébration des continents africains, océaniens, américains et asiatiques, le futur mur comportera 376 espèces du monde entier, issues pour beaucoup de massifs montagneux : Atlas marocain, Drakensberg d’Afrique du Sud, Himalaya, montagnes du Chili et d’Argentine…
 
Réservoir de biodiversité et d’écologie urbaine, le mur végétal contribue à la préservation et au renforcement de la nature dans Paris. Grâce à leurs racines, au processus de photosynthèse mais aussi aux micro-organismes qu’elles abritent, les plantes exercent une intense activité dépolluante en milieu urbain. Les travaux permettront aussi de perfectionner le système d’arrosage pour économiser au maximum les ressources en eau. Enfin, le mur constitue un excellent isolant naturel, réduisant les besoins en climatisation durant l’été et les nécessités de chauffage durant l’hiver.
Végétalisez le mur virtuel en cliquant sur http://www.quaibranly.fr/fr/les-espaces/le-mur-vegetal/
 

Palmarès des villes vertes : des initiatives pour améliorer la qualité de l’air. Les villes les plus vertes de France, distinguées par le Palmarès réalisé par l’Unep et Hortis (l’association des directeurs d’espace nature en ville), sont également celles où l’on respire le mieux ! C’est notamment le cas d’Angers, qui est l’une des villes les moins polluées de France, du fait de son importante superficie d’espaces verts : plus de 100 m² d’espaces verts par habitant, soit plus du double de la moyenne nationale (48 m²). Dans la deuxième ville la plus verte de France, Nantes, chaque habitant dispose d’un espace vert à moins de 300 m² de son domicile. Dans les zones les plus denses, où la qualité de l’air est globalement mauvaise, les villes parient sur toutes les formes de vert en ville : arbres en bordure de voirie, toitures et façades végétalisées… À Créteil, par exemple, 80 % de la voirie est arborée.         

 
 
1 – Chiffres issus de l’étude « Les espaces verts urbains – Lieux de santé publique, vecteurs d’activité économique » – Rapport Asterès pour le compte de l’Unep réalisé en 2016 par Nicolas Bouzou et Christophe Marques
2 – « Planting Healthy Air : A global analysis of the role of urban trees in addressing particulate matter pollution and extreme heat » – ONG Nature Conversancy, octobre 2016 – https://thought-leadership-production.s3.amazonaws.com/2016/10/28/17/17/50/0615788b-8eaf-4b4f-a02a-8819c68278ef/20160825_PHA_Report_FINAL.pdf  
 
A NOTER :
 
Exposition Oh couleurs ! Le design au prisme de la couleur au musée des Arts décoratifs et du design, dans le cadre de la saison culturelle « Paysages Bordeaux 2017 » du 29 Juin au 3 novembre 2017 – paysagesbordeaux2017.fr
 
 
 

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