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Le journalisme à l’épreuve des faits

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Dans un contexte de défiance croissante des autorités comme du public, les médias doivent convaincre de la valeur ajoutée spécifique de leur description de la réalité. C’est le thème du numéro 51 de la publication trimestrielle Quoi de neuf ? de la Fondation Hirondelle qui vient de sortir.
Photo : Vue de la newsroom du Washington Post – Mars 2016 © Getty images
 
Ae 24 février 2017, la décision de la Maison Blanche d’interdire l’accès de son point presse à plusieurs médias de référence, marque une défiance jamais atteinte entre les autorités d’un grand pays démocratique et le journalisme institué.
Pour preuve, le Washington Post, mondialement reconnu pour son code de déontologie, (1) a fait partie des exclus. Le coup est d’autant plus rude que la crédibilité des médias traditionnels est également mise en cause par le public. Nous sommes de plus en plus nombreux à appréhender le réel par les réseaux sociaux. Or sur Facebook, tout se ressemble, une information vérifiée, comme un commentaire d’un « ami » ou un message de propagande. Des sites de « réinformation » dont la déontologie n’est pas la priorité y diffusent largement leur vision du monde. Parfois connectés à des intérêts politiques ou diplomatiques, ils appliquent des stratégies numériques élaborées de messages différenciés visant à susciter l’adhésion par l’émotion.
 
Face à cette mise en cause sans précédent de leur raison d’être, les journalistes doivent réagir s’ils ne veulent pas être exclus du champ de la narration du monde.
Dans cette optique, plusieurs options s’offrent à eux : revenir à leurs fondamentaux déontologiques pour produire une information plus fidèle au réel que jamais ; s’allier avec d’autres artisans du réel (documentaristes, scientifiques…) pour consolider leur crédibilité à établir les faits ; conquérir de nouveaux lecteurs en investissant les réseaux sociaux dans une logique autant de déontologie que d’efficacité…
 
Au milieu d’un XXe siècle traversé par les totalitarismes, Hannah Arendt estimait que « la liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat »(2). Dans un monde où le débat démocratique semble menacé, les médias ont le devoir de se réinventer afin de ressusciter l’appétence du public pour les faits.
 
Info ou intox ?
La question n’est pas nouvelle. L’esprit des Lumières a lancé, en Europe, le mouvement de la connaissance pour le plus grand nombre à travers le raisonnement, la factualité, la liberté de questionner. A l’époque, il s’agissait de contrer la religion et la tradition. De tous temps, les propagandes politiques et idéologiques, notamment au plus fort de la Guerre froide, ont tenté de définir et d’imposer ce qui était « vrai ». En même temps que se développait ce mouvement privilégiant les faits et la preuve scientifique, naissait un métier, celui de journaliste. « Le journaliste tient pour un devoir essentiel… de rechercher la vérité » (Déclaration des devoirs et des droits du journaliste, Fédération européenne des journalistes, Munich, 1971).
Cette profession, et les médias qui en sont le lieu d’exercice, s’associent donc à la notion de vérité. Les journalistes, dont ceux des médias de la Fondation Hirondelle*, proposent à leurs publics un contrat moral : nous faisons notre travail d’enquête, de vérification des faits, et vous pouvez « croire » ce que vous lisez, entendez, regardez. Il s’agit d’un lien de confiance, qui ne tient qu’à l’épreuve des faits. Ce lien est constamment sous pression, interne et externe, politique ou économique. Aujourd’hui, les pressions sont plus fortes et les détracteurs plus nombreux. Or pour chacun d’entre nous, il s’agit toujours de savoir, de comprendre et de pouvoir agir. Sur la base non de croyances ou de rumeurs, mais bien d’informations fiables et vérifiées.
Caroline Vuillemin, Directrice générale de la Fondation Hirondelle*
 
(1) The Washington Post Standards and Ethics, dernière édition 1999
(2) in La Crise de la culture (“Between Past and Future”), 1961
 
 
 
 

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